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Rogier van der Weyden, restauration estivale

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Publié le , mis à jour le
Depuis le 14 juin, le Mauritshuis à La Haye prouve une nouvelle fois qu’il sait produire davantage que des « blockbusters ». Il expose au public et en direct la restauration de La Lamentation du Christ du maître flamand Rogier van der Weyden. À voir jusqu’au 9 septembre.

Atelier de Rogier van der Weyden, Lamentation sur le Christ, vers 1460–1464, La Haye, Mauritshuis © Mauritshuis

Restauration à l’œuvre

Le Maurtishuis prolonge encore sa tradition. Après l’analyse de la Jeune fille à la perle et de la Vue de Delft de Vermeer, après la restauration de Saül et David de Rembrandt, le musée expose jusqu’en septembre la restauration d’une œuvre de Rogier van der Weyden, La Lamentation sur le Christ (vers 1460–1464).

Le tableau est en effet restauré au sein d’un atelier construit dans les espaces d’exposition du musée. Pour redonner aux roses leur rose et au ciel son bleu, il s’agit de décoller les couches du vernis jauni et les précédentes retouches qui se sont décolorées. Ces restaurations, qui devraient être achevées à la fin de l’année 2018, révèleront les couleurs originelles et radieuses de l’œuvre.

L’exposition du tableau s’accompagne de celle des outils d’un atelier de conservation-restauration : la recherche infrarouge, les rayons X et l’analyse d’échantillons de peinture. Des aspects comme des points d’entrée, pour comprendre l’histoire technique et esthétique du tableau.

Et pour comparaison, le Mauritshuis a obtenu le prêt de La Mise au Tombeau du Christ (1460–1464) par la galerie des Offices de Florence. Ce tableau, également réalisé par Rogier van der Weyden, est exposé pour la première fois aux Pays-Bas. Sa technique d’exécution – du dessin sous-jacent à la peinture – est similaire à celle de la Lamentation, ce qui permet une confrontation signifiante.

Rogier van der Weyden

Le Mauritshuis dévoile ainsi la plus ancienne peinture de ses collections et la seule œuvre de peintre flamand conservée dans un musée hollandais. Ce peintre, Rogier van der Weyden, est souvent comparé à Jan van Eyck.

Les deux maîtres ont mis au point une technique très fine de peinture à l’huile, appliquant la matière par couches transparentes sur une surface légère. Ils ont ainsi pu atteindre une intensité colorée inédite, et la marier à une précision des lignes que seule permet une brosse fine.

Mais sur des scènes similaires – épisodes de la Bible incrustés dans des cadres locaux – leurs détails diffèrent. Quand la majesté des gestes et la vraisemblance des surfaces caractérise les peintures de van Eyck, van der Weyden ajuste son pinceau aux émotions. La psychologie de ses personnages l’accapare et leur monde intérieur le retient. Ainsi dans ses compositions comme celle de La Lamentation, « la forme reste subordonnée à une dramaturgie soulignant l’interaction des figures[1]. »

[1] Dominique Vanwijnsberghe

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