Article proposé par Exponaute
Mardi 6 février, sous le soir enneigé et les galeries du Palais-Royal, Nicolas Guilbert a salué « la légèreté » et fini la boucle de son discours d’inauguration – préparé exprès pour être saboté – en une pointe de rire, pareil à celui qui a accompagné l’installation de ses clichés.
A 16 ans, cet adolescent de Pigalle était machiniste à la Comédie française. Il a appris avec plaisir que les machinistes d’aujourd’hui avaient monté son exposition.
Ce dessinateur, peintre et illustrateur pour la presse, a toujours un appareil photo dans sa veste. En 2015, son livre Paris Paradis révélait ses prises et ses pas parisiens de côté. Aujourd’hui, le Palais-Royal lui offre son domaine pour exposer le « best of » de ces clichés vagabonds qui font le journal d’un photographe amoureux de sa ville.
« Ça y est, je suis au Palais-Royal, au firmament ! » Car enfin, après « on fait quoi ? on expose où ? » Au Louvre ?
Il l’a bien contourné ce musée, le photographe de Paris. Il a capté un cheval passant élégant sous ses colonnades, il a bien fixé ces chairs de marbre pas frileuses aux fenêtres du palais… Et puis ces touristes qui posent devant des tableaux qui leur ressemblent, ces visiteurs qui divisent leurs visages dans le reflet des vitrines. Sans le voir.
Nicolas Guilbert garde ces poses aléatoires et furtives. Comme un peintre compose et teinte, le photographe prévoit, attend, patiente, agence. Il croit, dit-il, en une photographie « humaniste et graphique, poétique et moderne ». De la poésie il y en a en ce moment à la galerie d’Orléans.
Elle est contenue malgré elle dans ce cheval passant comme un Magritte entre les colonnes de la rue de Montpensier, fixé juste au point ou l’équidé monte sa jambe, au point où l’on croit assister à une apparition. On écarquille les yeux sur lui et sur tout Paris.
Paris est plein de musées, Paris est plein de gens qui sont des œuvres au musée. Ils portent des casquettes et des blousons aux couleurs de Véronèse, ils adoptent les poses des sculptures rodiniennes. Ils se regardent aussi et ne s’étonnent plus de se ressembler ou de se contempler. Dans les jardins de Paris, dans ses rues, si l’on met en cadre le banal, il est bien étonnant et bienheureux à regarder !
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