Article proposé par Exponaute

Ateliers à la loupe et en scène au musée en Herbe !

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Publié le , mis à jour le
Le peintre britannico-américain Damian Elwes expose ses « ateliers à la loupe » au musée en Herbe jusqu’au 9 septembre prochain. Cet artiste scénographe est aussi un détective qui nous convie à entrer, observer, pénétrer la manière de Monet, Matisse, Calder, Giacometti, Kahlo, Hockney… Une projection qui sent la peinture et la chasse à l’indice !

Le Bateau-Lavoir à Paris, 1908 © Damian Elwes © exponaute

Un peintre scénographe…

Quand on est arrivé au musée en herbe ce matin, Damian Elwes arrangeait des bannières en tissu qu’il accrocherait du haut de son escabeau, près des tee-shirts éclaboussés de la peinture de son atelier. Au musée en Herbe, il a scénographié lui-même ses œuvres et les antres de ses artistes « maîtres ».

Damien Elwes est né en Angleterre au sein d’une famille d’artistes. Son grand-père peignait les rois et les reines, et son père exilé en Espagne, dressait aussi des portraits. « Un jour, il m’a laissé peindre le ciel d’un de ses tableaux. Cela m’a donné le goût du dessin et l’envie de devenir peintre. » Mais il grandit, range leurs peintures, leurs gommes et leurs pinceaux pour se préparer une carrière de dramaturge ou réalisateur…

A New York, alors qu’il prépare un film, il est électrifié par sa rencontre avec Keith Harring, par hasard dans le métro. Il veut faire comme lui et sur ses conseils, achète des bombes aérosol. Sa première fièvre créatrice est une nuit entière passée à graffer dans un local désaffecté. Bientôt le marchand d’art Robert Fraser le repère et lui propose d’exposer près de Haring et Basquiat, dans sa galerie londonienne.

La Villa Californie à Cannes, 1956 – 8 peintures recréant une vue panoramique de l’atelier de Picasso © Damian Elwes © exponaute

Et c’est comme un Américain qu’il part flâner à Paris en quête de tableaux et d’ateliers…  Au Centre Pompidou, il voit l’Intérieur au violon d’Henri Matisse. C’est une révélation et le début de sa grande aventure picturale et détective !

Damien Elwes semble fasciné par cette atmosphère intérieure, qui garde et intensifie les pigments, les exhalaisons d’artifices, les lieux du processus, de l’artisanat là où la main est à l’œuvre, avant le vernis et l’exposition. Pendant six mois il renifle les ateliers de la capitale, pousse les portes et recrée ces décors… Aujourd’hui il ne s’est pas arrêté.

L’artiste commence à peindre quand tous les indices sont des sources sûres. Ainsi la Villa Californie de Picasso se déploie-t-elle sous nos yeux comme un grand panorama semé de 1 000 détails, après douze années de travail. Le bleu très clair des murs ne rompt jamais la lumière au-delà des baies, sur les hauts palmiers verts .

Et la véracité atteint son comble dans la dernière salle du musée, l’atelier de l’artiste Damien Elwes. Il a transporté ses murs de Santa Monica à Paris, et les couleurs de ses palettes accrochées au-dessus des peintures en galerie. Un atelier dans un atelier dans un atelier… qui prolonge par exemple chez Calder les couleurs suspendues. La palette du peintre est une feuille de papier couverte de gommettes colorées qui lévitent au-dessus des mobiles dansant dans la grande verrière de l’artiste à Saché.

Et artiste détective

Damian Elwes a peint tous les ateliers de Matisse et de Picasso comme un enquêteur sur le terrain. A Collioure il a repéré une maison, des habitants lui ont indiqué un balcon qu’il a comparé à une vieille photo… Et il a fait la correspondance. L’ancien atelier est exposé à nos yeux éblouis de couleurs fauves. Sur le petit pan de mur en face est accroché un couteau de peintre qui appartenait à Matisse. Son professeur de dramaturgie l’avait offert à Damian Elwes à la fin de ses études : clin d’œil au grand frisson !

Le peintre fait ainsi des reconstitutions à l’identique à l’aide d’archives et recrée les couleurs et les touches, les manières des artistes.

La maison d’Alexander Calder, Saché/France, 1976 © Damian Elwes © exponaute

Comme lui, le visiteur se fie aux indices et part en quête des objets en échos, des odeurs, des sons… car la muséographie opère une ludique synesthésie ! Ainsi devant l’atelier de Gauguin à Tahiti, on doit retrouver les parfums de la mer, d’une fleur de Tiaré… Et puis il y a les objets prêtés par les galeries et musées comme des statuettes précolombiennes bordant la maison bleue de Frida Kahlo. Chez Picasso un masque Punu, un portrait de Jacqueline lisant, sont sur les cimaises pour dire dans notre dimension l’artiste absent.

Les repérer fait partie du jeu, car la visite est pour les enfants une vaste enquête : à l’entrée ils peuvent s’équiper d’un chapeau, d’un carnet, et d’une loupe de détective !

Comme les adultes, ils entrent dans les manières picturales. L’atelier de Dalí à Cadaqués est composé de deux murs ouverts et porte une fenêtre sur le paysage maritime, une maison de pêcheur surréaliste flotte forcément sur l’eau ! Il y a quelque part, à chercher sur un miroir, le visage de Gala…

L’atelier de Dalí, Cadaques, 1953 © Damian Elwes, 2007

La manière claire de David Hockney couvre son atelier de Los Angeles, avec deux grands splash et trois piscines. Près de l’atelier de Giacometti rythmé de longues silhouettes blanches effilochées est accrochée une peinture murale sur panneau en nid d’abeille. Un bout d’atelier du sculpteur sur laquelle se devine l’empreinte d’une silhouette. Et pour finir cette humaine colonnade, un nu en bronze est exposé sous vitrine : une œuvre signée Giacometti dans l’atelier de Damian Elwes dans un musée… où l’on aborde les œuvres avec intimité !

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