Article proposé par Exponaute

Afghanistan : des drones militaires viennent en aide à l’archéologie

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Depuis 1979, l’Afghanistan est le triste théâtre d’incessants conflits armés. Pourtant, cette nation située au carrefour de l’Asie recèle de nombreux trésors archéologiques enfouis dans son sol, attisant la curiosité de nombreux chercheurs qui, parfois, se rendent dans le pays au péril de leur vie. Mais de nouveaux outils, pour le moins inattendus, pourraient venir en aide aux archéologues : les satellites d’espionnages et autres drones militaires, très utilisés ces dernières années, ont en effet permis la découverte de sites encore inconnus.
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Vestiges d’un caravansérail du XVIe siècle © Live Science US

Au fil des siècles, des millénaires, l’Histoire s’oublie, les sources se perdent, les témoignages s’effacent. Et c’est le travail des archéologues que de ramener à la lumière du jour ces temps anciens que l’on pensait disparus… mais encore faut-il qu’ils puissent mener à bien leurs recherches.

Creuset pour de nombreuses civilisations, l’Afghanistan possède un des sols les plus riches en matière de vestiges archéologiques, mais l’instabilité politique constante que connaît le pays depuis près de quarante ans met en péril les tentatives de recherches menées par des groupes internationaux de scientifiques. Alors, comment faire ? Peut-être une solution existe-t-elle : détourner de leur usage premier des outils militaires afin de découvrir des restes de constructions jusque-là inconnues.

L’armée au service de la science

En cette fin d’année 2017, des images de satellites d’espionnages et de drones militaires ont permis de dévoiler des traces de lointains passés de ce pays situé entre le Moyen-Orient et l’Asie, au cœur de la célèbre route de la soie. Grâce aux images prises depuis le ciel, les archéologues ont pu prendre connaissance de vestiges de gigantesques caravansérails, de réseaux de canaux souterrains ou encore d’avant-postes qui étaient probablement utilisés par les commerçants qui empruntaient la route de la soie afin de transporter de précieuses marchandises de l’Asie jusqu’à l’Occident.

Certaines de ces découvertes sont très récentes, d’autres sont plus anciennes mais toutes ont en commun d’ouvrir la voie vers des recherches approfondies et une meilleure connaissance des divers peuplements de cette région du monde.

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Ruines du site de Sar-O-Tar, en Afghanistan © Live Science US

Riche histoire

Mais d’abord, qu’entendons-nous par route de la soie ? Car il n’y a évidemment pas une route, mais des routes, en vérité tout un réseau de chemins commerciaux qui reliaient l’Asie à l’Europe, partant de la Chine pour arriver à Antioche, aujourd’hui en Turquie. Parmi les biens qui circulaient sur ces voies (épices, thé, pierreries, musc…), la soie figurait parmi les plus précieux.

Aujourd’hui, la route de la soie est classée au Patrimoine de l’UNESCO. L’Afghanistan était donc un point clé du passage de la route de la soie, le pays représentait une région économique extrêmement dense ; c’est ce qui explique que de très nombreux vestiges de caravansérails aient été découverts. Ces lieux de haltes pour les caravanes marchandes pouvaient avoir une superficie équivalente à deux terrains de football et étaient construites à partir d’un mélange de briques et de terre cuite.

Des milliers de chameaux et des centaines d’hommes pouvaient s’y reposer entre deux étapes. Autre fait intéressant : les différents caravansérails retrouvés en Afghanistan sont tous séparés d’environ vingt kilomètres, ce qui représente la distance moyenne que pouvait couvrir par jour une caravane.

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Vestige archéologique © Délégation Archéologique française en Afghanistan

Mise à jour

Jusqu’à très récemment, scientifiques et archéologues estimaient que l’ouverture par le Portugal de nouvelles voies commerciales maritimes avait entraîné un déclin conséquent de la route de la soie. Or, à la lumière de ces nouvelles découvertes, il semblerait que ces voies commerciales soient restées florissantes bien après le XVIe siècle, période d’essor marchand fulgurant du Portugal.

Mohammad Ashraf Ghani Ahmadzaï, président de la République islamique d’Afghanistan depuis 2014, a déclaré vouloir lancer un effort concerté afin de cartographier précisément ces reliques de temps anciens. Il a ainsi sollicité Gil Stein, archéologue à l’origine de l’Afghan Heritage Mapping Partnership, qui travaille à l’étude de vestiges archéologiques dans le pays.

Et c’est précisément grâce à ce partenariat que les archéologues afghans ont pu avoir accès aux images satellites captées par le gouvernement américain. Reste que si ces découvertes sont encourageantes, elles ne doivent pas faire oublier que le pays est sous-tension depuis plusieurs décennies et que les conflits armés sont une menace terrible pour les vestiges.

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