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Exposition : périple artistique en Asie aux côtés d’Émile Guimet

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Publié le , mis à jour le
Soyons honnêtes dès le départ : on ne se lassera probablement jamais des expositions temporaires du Musée Guimet. Celles-ci, avec une constance déroutante, ont su se montrer précises, instructives, ludiques, enrichissantes et toujours d’une grande beauté. Dernière illustration en date avec le nouveau parcours proposé par l’institution consacrée aux arts asiatiques : « Enquêtes vagabondes ». Du 6 décembre au 12 mars 2018, embarquons aux côtés d’Émile Guimet et de son ami peintre Félix Régamey pour un voyage artistique et ethnographique à travers le continent asiatique…
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Émile Guimet et Félix Régamey avec leurs interprètes et leur cuisinier,  1876

Il y a maintenant 140 ans, le collectionneur et érudit Émile Guimet initiait l’idée un peu folle de se lancer dans un voyage à travers le continent asiatique, région du globe magnétique pour ce fils d’industriel qui rêvait de se faire explorateur. Mais il ne partit pas seul. L’accompagnerait l’artiste Félix Régamey, illustrateur curieux d’ailleurs, qui n’a évidemment pas regimbé lorsque lui fut proposé ce périple exceptionnel pour l’époque, appelé à durer une dizaine de mois.

Le fait que le Musée National des Arts Asiatiques – Guimet ait choisi de célébrer ce voyage de deux amis n’est pas un hasard. C’est en effet ce périple à travers le Japon, la Chine, Singapour ou encore l’Inde qui allait en effet poser les fondations du futur musée que nous connaissons, d’abord installé à Lyon (ville natale de M. Guimet) puis à Paris. Fasciné par les cultures asiatiques, Guimet focalisa une partie de son attention au long de ce voyage sur le bouddhisme, à mi-chemin entre la philosophie et la religion.

Était-il présent dans tous les pays d’Asie dont il allait fouler le sol ? Si cette spiritualité est bien ancrée dans le pays, comment a-t-elle pénétré la nation ? Les réponses glanées au long de ces dix mois de voyage allaient dépasser les attentes de Guimet et de son compagnon de route, Félix Régamey.

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Félix Régamey, Deux prêtres Shingon à Kyoto, 1877–1878

Vagabondages

D’ailleurs, qui est-il, ce Félix Régamey ? Caricaturiste, peintre, dessinateur et sous l’impulsion de Guimet qu’il avait rencontré deux ans plus tôt, le voilà devenu explorateur pour une poignée de mois de l’autre côté du globe ! C’était toutes ces casquettes, Régamey. Avec une curiosité inextinguible, il a furieusement croqué, dessiné, esquissé absolument tout ce qu’il vit à Ceylan, en Inde, sur l’archipel nippon… Bien sûr, nombre de ses observations sont réalisées sous un œil ethnographique, Régamey connaissant peu de choses sur les divers pays qui composent la mosaïque asiatique.

Pourtant, lorsque l’on regarde avec attention les divers carnets de croquis, que l’on consulte sa correspondance ou que l’on passe quelques minutes devant les huiles sur toile de grands formats qu’il exécuta à son retour en France, on décèle très rapidement une forme de quête philosophique, presque spirituelle de la part de l’artiste.

Tout particulièrement enthousiasmé par son passage de deux mois au Japon, le peintre du XIXe siècle ne tarit pas d’éloge sur l’Empire du soleil levant, ne cessant de dire à quel point les rares témoignages sur le monde nippon parvenus jusqu’au continent européen étaient bien en-deçà de la réalité. Guimet et Régamey se délectent d’absolument tout ce qu’ils voient, conscients de leur place privilégiée.

Portrait d'Emile Guimet
Ferdinand Jean Luigini, Portrait d’Émile Guimet, 1898

Le Japon

En effet, lorsque les deux compères débutent leur voyage, en 1876, nous sommes seulement vingt-trois ans après l’ouverture du Japon au reste du monde. Car l’année 1853 marque l’arrivée des navires de guerre du commodore américain Matthew Perry dans la baie de Tokyo. À la tête d’une flotte armée, il impose la signature de la Convention de Kanagawa, qui ouvre le Japon au commerce international.

En septembre 1864, une nouvelle flotte internationale (comptant des bateaux américains, anglais et néerlandais) bombarde les côtes japonaises. Quatre ans plus tard, c’est le début de l’ère Meiji au Japon, période signant l’ouverture définitive de l’archipel.

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Félix Régamey, Temple de Kiyomizu à Kyoto, 1877–1878

Aller et retour

De leur voyage qui nous est conté de manière chronologique par le Musée des Arts Asiatiques, Émile Guimet rapportera des connaissances extrêmement précieuses, des objets d’arts que l’on peut encore admirer de nos jours dans le fonds permanent du musée qui porte son nom place Iéna à Paris, tandis que Régamey fait sa part en produisant à son retour des tableaux de beaux formats et des séries de portraits d’hommes et femmes asiatiques rencontrés au long de leurs pérégrinations. On sait que l’artiste produisit une quarantaine de ces huiles sur toile à son retour sur le Vieux Continent, mais nous ne conservons la trace que d’une vingtaine d’entre elles à l’heure actuelle.

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On aime

Les tableaux de Régamey exposés dans le parcours temporaire (tous ont été restaurés à l’occasion de l’exposition, un travail qui aura duré tout de même deux ans !) témoignent d’un œil affermi, scrutateur, curieux et ouvert. Régamey a représenté à plusieurs reprises son ami Guimet en grande conversation avec des moines shinto, leurs hôtes d’un soir ou simplement un passant dans les rues animées de Kyoto. Et nous autres visiteurs, d’un regard gourmand, on détaille toutes les perles artistiques rassemblées par Guimet afin de célébrer son fondateur, ses amitiés, son intellect et son ouverture sur le monde.

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