Article proposé par Exponaute
Souvenez-vous. Au mois de décembre 2011, le Musée des Beaux-Arts de Nantes fermait ses portes, pour un vaste plan de rénovation qui ne devait pas durer plus de deux ans. Finalement, l’institution n’a rouvert ses portes qu’au mois de juin 2017, rénové, magnifique et sous un nouveau nom qui n’a pas manqué de faire couler beaucoup d’encre : Musée d’arts de Nantes.
Et pour sa première exposition temporaire dans ses murs rénovés, l’institution culturelle propose un parcours appelé à faire date : « Nicolas Régnier, l’homme libre ». Date, car nous sommes là face à la toute première exposition internationale consacrée à ce peintre actif tout au long du XVIIe siècle. Alors évidemment, à la lecture de cette information, nos attentes étaient grandes… et elles n’ont pas été déçues !
Si vous aviez eu l’occasion de visiter l’exposition du Petit Palais : « Les bas-fonds du Baroque » organisée en 2015, alors vous connaissez forcément le travail du peintre Nicolas Régnier (vers 1588–1667). Nourri par le Caravage mais aussi par le travail de Guido Reni, l’artiste s’est très tôt installé en Italie après s’être formé dans l’atelier de l’artiste anversois Abraham Janssens.
Pouvait-il se douter qu’une fois installé dans ce pays du sud de l’Europe, il allait connaître une célébrité fulgurante et une carrière foisonnante ? Cette carrière nous est contée par l’institution culturelle nantaise, dans un parcours chronologique et thématique à la fois. Alors, emboîtons donc le pas à Nicolas Régnier !
C’est en toute logique à Parme que commence l’exposition temporaire, qui aide le visiteur à se retrouver dans les différents lieux de villégiature à l’aide de cartes de grands formats ajoutées sur les murs du parcours. Sont indiquées sur ces cartes d’époque les lieux de résidence du peintre, les emplacements de ses œuvres les plus célèbres et quelques monuments emblématiques de la ville d’accueil du maître… pratique !
Néanmoins, Régnier ne s’attarde pas à Parme et part s’installer à Rome dès 1617, où il adopte un style pictural d’après nature, proche des productions du Caravage, mort quelques années plus tôt (1610). Heureuse rencontre : Régnier y fait la connaissance du mécène Vincenzo Giustiniani, qui prend le jeune peintre sous son aile. Il crée alors, à un rythme effréné.
Commandes religieuses d’envergure, comme le Saint Jean-Baptiste, peintures de mœurs populaires (diseuses de bonne aventure, bourses subtilisées, farce du « camouflet » et autres scènes de taverne ont ses faveurs), Nicolas Régnier aime pénétrer toutes les couches de la société romaine, mais en marquant une nette préférence pour les plus populaires.
Là, il trouve des « gueules » qui donnent tant de caractère à ses toiles. En tournant son chevalet vers de femmes flétries, des prostituées, des hommes ivres ou des vieillards, il s’impose comme un artiste résolument ambitieux et iconoclaste. Ses personnages ayant été peints d’après nature, la collection de visages marqués et marquants de Régnier dote son travail d’une grande puissance.
Après presque dix ans passés à Rome, l’appel de Venise se fait trop fort : l’artiste y cède, plie bagage et se fixe dans la Cité des Doges. Dans la lagune, il délaisse légèrement les puissants clair-obscur qui ont fait sa célébrité à Rome. S’il continue de tourner son regard vers les parties de cartes, les tricheries et les voyantes, il se consacre de plus en plus à une peinture plus raffinée, célébrant la beauté de jeunes nobles dans leurs plus beaux atours.
Certaines sont si somptueusement parées que l’on se demande bien si nous sommes là face à un véritable portrait ou devant une allégorie de la vanité. Régnier fait toujours montre d’une maestria déroutante, comme en témoignent ses somptueux rendus de lumière sur la soie, le velours, la fourrure. Les boucles des jeunes dames brillent, les perles éblouissent, les dentelles fourmillent d’un millier de détails.
Pleine de qualité, l’exposition de Nantes « Nicolas Régnier : l’homme libre » est à voir jusqu’au 11 mars 2018. Riche d’une sélection pointue de tableaux, claire dans son propos et didactique dans sa construction, on ne doute pas un instant qu’elle saura trouver son public. On recommande !
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