Article proposé par Exponaute
Jeudi 30 novembre dernier, l’actuel président-directeur du Musée du Louvre, Jean-Luc Martinez, était invité à s’exprimer sur RTL au sujet de ce qui est désormais l’œuvre d’art la plus chère au monde. Le 15 novembre 2017, Christie’s New York vendait en effet une huile sur bois de noyer attribuée à Léonard de Vinci.
La pièce, intitulée Salvator Mundi, mise à prix à cent millions de dollars s’est envolée en une poignée de minutes pour la somme finale de 450.3 millions de dollars. L’heureux propriétaire a désiré conserver l’anonymat et on le comprend : mieux vaut rester discret quand on entend bien accrocher une œuvre attribuée au maître de la Renaissance au-dessus de son lit…
Plus sérieusement, cette pièce est désormais la seule peinture attribuée à Léonard de Vinci à se trouver en des mains privées. Mais Jean-Luc Martinez espère bien entrer en contact avec l’heureux propriétaire du Salvator Mundi, afin de solliciter un prêt exceptionnel. Le Musée du Louvre travaille en effet depuis de longs mois à une grande exposition Léonard de Vinci.
C’est ce qui explique que la célèbre institution ait récemment restauré trois chefs-d’œuvre du maître florentin : d’abord La Vierge, l’Enfant Jésus et sainte Anne, puis La Belle Ferronnière (actuellement aux Émirats Arabes Unis puisque la pièce a été prêtée au Louvre Abu Dhabi) et enfin Saint Jean-Baptiste. Et si le Salvator Mundi se trouvait bientôt accroché aux côtés de la Joconde ? Jean-Luc Martinez se laisse volontiers aller à rêver.
« Nous souhaiterions qu’il le soit », a-t-il expliqué jeudi au micro de RTL. « Il s’agit de réunir tous les tableaux du maître ». Aujourd’hui dans le monde, on compte seulement quinze peintures, soit indubitablement de la main de l’artiste de la Renaissance, soit qui lui sont attribuées sans trop de doutes. Quant au Musée du Louvre, il possède cinq de ces peintures de Léonard : Saint Jean-Baptiste, la Joconde, Bacchus, La Vierge, l’Enfant Jésus et sainte Anne et enfin La Vierge au rocher. Cela signifie que le Louvre possède en vérité un tiers de cet ensemble de peinture, ce qui est considérable.
Le Musée du Louvre ne s’est cependant pas porté acquéreur du Salvator Mundi lors de la vente aux enchères organisée par la maison Christie’s le 15 novembre dernier. D’abord parce qu’il était certain que le panneau allait atteindre des sommes stratosphériques que le Louvre ne possède pas et aussi parce que l’huile sur noyer n’est pas attribuée avec certitude à Léonard de Vinci.
De sérieux doutes subsistent en effet quant à la paternité de ce portrait de Jésus Christ. Les experts qui se portent en faveur d’une attribution à Léonard de Vinci soulignent la présence d’un dégradé proche du « sfumato » du maître au niveau des mains du Christ. Les boucles de cheveux rappellent la chevelure du Saint Jean-Baptiste, les plis du vêtement se rapprochent des autres œuvres du célèbre artiste.
Les pigments utilisés pour le Salvator Mundi sont similaires à d’autres relevés sur des pièces de la main du peintre. Quant à la réfraction optique produite par le globe de cristal en bas à droite de la composition rappelle l’intérêt de Léonard de Vinci pour les questions d’optique. Néanmoins, de nombreuses voix s’élèvent conte cette attribution.
En effet, le visage et le cou du Christ ont été réalisés dans une extrême rigidité (sans parler d’une anatomie disproportionnée), ce qui détonne par rapport au reste de la production de De Vinci, qui s’intéressait tant à l’anatomie humaine. Plus prudents, quelques experts prônent une réalisation d’un contemporain du maître, sur laquelle Léonard en personne serait intervenu en quelques endroits (comme la main ou la chevelure).
Suite à la vente aux enchères désormais entrée dans l’Histoire, de nombreux curieux ont évidemment souhaité connaître l’identité du nouveau propriétaire du Salvator Mundi. Cependant, respectant le choix de l’acquéreur, Christie’s a catégoriquement refusé de révéler toute information relative à ce sujet.
Le JDD a néanmoins avancé l’hypothèse que cet achat résulterait en vérité d’une action concertée de deux fonds d’investissement en lien avec de célèbres musées. L’hebdomadaire voyait là un « montage financier sophistiqué » réalisé sous la direction d’un « market maker » qui permettrait ensuite de revendre l’huile sur bois ou de la louer à divers institutions culturelles dans le monde.
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