Article proposé par Exponaute

Arts & Crafts : les arts décoratifs made in England débarquent à Rouen !

Par • le
Ce mois de novembre 2017 marque le début de la sixième édition du Temps des Collections, saison culturelle imaginée par la Réunion des Musées Métropolitains – Rouen Normandie. Jusqu’en mai prochain, les institutions normandes vivront donc au rythme du thème choisi pour cette année : « Aux origines du design moderne ». Au Musée des Beaux-Arts de Rouen, c’est le mouvement « Arts & Crafts » qui est décortiqué…
Adoration des Mages

Edward Burne-Jones, Adoration des Mages © Paris, musée d’Orsay

« Le Temps des Collections » est une saison culturelle initiée en 2012 par le Musée des Beaux-Arts de Rouen, dont l’objectif affiché est de remettre au cœur de la programmation des musées les riches fonds des institutions. Les cinq précédentes saisons, couronnées de succès par un public toujours plus nombreux et toujours plus curieux, a encouragé la RMM (Réunion des Musées Métropolitains – Rouen Normandie) à rempiler pour une sixième édition.

Participent donc à l’aventure cinq musées de Rouen et communes proches : le Musée des Beaux-Arts, le Musée de la Céramique, le Musée Le Secq des Tournelles, la Fabrique des Savoirs d’Elbeuf et le Musée Industriel de la Corderie Vallois de Notre-Dame-de-Bondeville. Cependant, dans cet article, nous allons focaliser notre attention sur l’exposition du Musée des beaux-Arts de Rouen, vaisseau-amiral de cette sixième édition du « Temps des Collections ».

Savoir-faire

Découvrons donc ensemble l’exposition « Arts & Crafts, 1860–1914 : les formes d’une utopie » proposée par l’institution rouennaise. Le parcours se compose de pièces d’arts décoratifs exceptionnelles prêtées en très grande majorité par le Musée d’Orsay de Paris, complétée par des œuvres des musées de Rouen ainsi que des objets venus de la propriété du Bois des Moutiers, à Varengeville. Mais concrètement, qu’entend-on par « Arts & Crafts » ? Traduit littéralement, cela nous donne « Arts et Artisanat ».

Ce mouvement artistique né de l’autre côté de la Manche, en Angleterre, a logiquement infusé jusqu’en Normandie son approche novatrice des arts décoratifs tout au long de la seconde moitié du XIXe siècle. Grâce à une scénographie intimiste et maîtrisée du Musée des Beaux-Arts de Rouen, nous découvrons dans une semi-pénombre mobilier japonisant, tapisseries d’inspiration médiévale, huiles sur toile et leurs dessins préparatoires, ainsi que de précieuses pièces d’argenterie  à l’éclat incomparable.

Même si l’exposition du Musée des Beaux-Arts de Rouen se révèle très courte à notre grand regret (le parcours tient sur une seule et unique salle), l’ensemble des pièces présentées compose un ensemble riche, et il est vrai qu’il y a beaucoup à dire sur ce mouvement créatif plutôt méconnu.

Panneau de revêtement mural

 William Frend De Morgan (1839–1917), Panneau de revêtement mural © Paris, Musée d’Orsay

L’art face à l’industrie

Les « Arts & Crafts » trouvent leur origine dans l’essor de la Révolution Industrielle, née en Angleterre et qui a très vite essaimé son mode de vie standardisé sur toutes les îles britanniques. Avec elle, la société à dominante artisanale et agricole se tourne, à une vitesse folle, vers un monde industriel et en toute logique, commercial. Cette transformation en profondeur de la société affecta de façon irréversible l’environnement, la société, l’agriculture, l’économie… et en ce qui nous concerne, les arts.

Le XIXe siècle aurait-il perdu le sens de la beauté au profit de la production normalisée et à grande échelle ? C’est en tout cas ce que semble penser la haute-société anglaise, qui décide alors de se tourner vers des arts décoratifs qui continueraient de défendre l’unicité, la créativité et l’invention. Ainsi naissent le mouvement Arts & Crafts, en lutte contre l’envahissement du cadre de vie par des produits standardisés, dépourvus d’âme.

Chaise

Edward Pugin Welby (1834–1875), Chaise ©  Paris, musée d’Orsay

Réduit mais riche

Au fil du parcours du Musée des beaux-Arts de Rouen, nous retrouvons évidemment les idéaux des peintres préraphaélites, très influents pendant la seconde moitié du XIXe siècle anglais. On retrouve ainsi les ombres écrasantes des peintres William Morris et Edward Burne-Jones, mais aussi les idées de l’écrivain et critique d’art John Ruskin qui condamnait le nivellement des arts et prônait, au contraire, une accessibilité aux arts pour toutes les franges de la population, du plus riche aristocrate au plus modeste ouvrier d’usine.

La beauté ne devant pas se limiter à une classe précise, celle-ci se devait donc de pénétrer toutes les franges de la société. Ces idées bien sûr, traversèrent la Manche grâce au flair de quelques amateurs Normands qui ne tardèrent pas à décorer leurs maisons selon le goût de l’Arts & Crafts… Références au Moyen-Âge, goût japonisant, lignes épurées, minimalisme étonnant : le parcours proposé par le Musée des Beaux-Arts de Rouen est véritablement enrichissant, même s’il aurait gagné à être un peu plus long. Peut-être une prochaine fois ?

Vous aimerez aussi

Carnets d’exposition, hors-série, catalogues, albums, encyclopédies, anthologies, monographies d’artistes, beaux livres...

Visiter la boutique
Visiter la boutique

À lire aussi