Article proposé par Exponaute
L’exposition nous accueille sous un air de guitare latino-américain qui nous plonge directement dans l’ambiance hispanique des deux artistes. D’origine colombienne, Fernando Botero n’a pas grandi dans un environnement favorable pour devenir artiste. C’est lorsqu’il se découvre une passion pour la corrida que celui-ci décide de se mettre à la peinture. Une passion qu’il partage avec Pablo Picasso et qu’il représenta, lui aussi, à plusieurs reprises.
Fernando Botero est très vite fasciné par la manière dont Picasso s’approprie la nature et construit son style. Alors que l’Amérique Latine est dominée par les muralistes mexicains, Botero s’inspire davantage des périodes bleue et rose de l’artiste espagnol grâce auxquelles il commence à définir son style.
Il décide alors de se rendre à Paris pour voir ces œuvres en vrai et pourquoi pas dans l’espoir de rencontrer l’artiste, devenu son inspiration première. Dès son arrivée en 1952, il se précipite vers le Musée d’Art Moderne où il est premièrement déçu par les pièces, qu’il imaginait plus grandes, puis découvre des œuvres exceptionnelles lors d’une riche exposition à Lyon. Cette fois-ci, Botero est totalement séduit, cette exposition confirme à ses yeux le génie de l’artiste.
L’apprentissage de la peinture se fait de la même façon pour les deux qui, afin de développer leur style artistique, s’exercent à copier les tableaux des maîtres anciens. Une occasion unique pour nous de découvrir les approches artistiques très différentes des deux artistes face à un même sujet.
Cette expérience est renouvelée avec la nature morte, un des sujets préférés à la fois de Botero et de Picasso. Alors que le colombien n’hésite pas à décupler la taille des fruits ou des fleurs afin d’en sublimer la beauté, l’espagnol lui, amorce son processus de décomposition qui aboutira au cubisme.
Malgré la distance qui les sépare, les deux artistes sont tous les deux très attachés à représenter les évènements politiques et sociaux de leur époque. En effet, Botero est très marqué par la contribution de Picasso face aux troubles de la société de son époque. Cependant, il ne considère pas que son art ait pour but de changer le monde, il souhaite avant tout immortaliser ces événements dramatiques afin de les inscrire dans nos mémoires. « Je ne tiens pas à révolutionner l’art par le sujet mais par la forme ».
Cette exposition exceptionnelle de l’Hôtel de Caumont dévoile à quel point Picasso a eu une influence sur les artistes de la génération suivante. Les deux hommes n’ont cessé de témoigner leur attachement pour leurs pays d’origine à travers leurs œuvres. La grande inspiration qu’a été Pablo Picasso pour Fernando Botero ne l’a pas empêché de se définir un style artistique à part entière et reconnaissable, sublimant ses modèles par leurs rondeurs et perfectionnant la composition de ses toiles.
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