Article proposé par Exponaute

Sur Youtube, la culture au féminin

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Il y a quelques mois sur exponaute, nous avions abordé avec vous la thématique des chaînes culturelles Youtube, via une grande opération de communication initiée par le Louvre. Le célèbre musée avait en effet fait appel à trois Youtubeurs célèbres pour parler histoire, cinéma et mystères dans les couloirs de l’institution. Ces trois vidéastes avaient un point commun : celui d’être des hommes. Alors à la rédaction, nous avons décidé de discuter culture, art, Youtube et découverte grâce à quatre YoutubeuSes, qui animent des chaînes toutes plus intéressantes les unes que les autres.
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© Manon Bril – C’est une autre histoire

On ne vous le cache pas, tout part initialement d’un tweet publié par le vidéaste Léo Grasset, qui anime la chaîne Youtube de vulgarisation scientifique Dirty Biology. Le jeune homme se désespère : selon lui, les femmes seraient quasi-absentes de l’univers de la plateforme au logo rouge et blanc. Hormis sur des chaînes traitant de maquillage, de cuisine et autres sujets « lifestyle », « où sont les femmes ? » s’exclame-t-il ! Enlevées, disparues, pulvérisées, tombées dans les limbes des internets ? Pas si simple…

Nous avons donc exploré la plateforme de partage de vidéos créée en 2006, en quête de chaînes culturelles tenues par ces dames. Et un constat a rapidement été établi : les femmes sont bel et bien présentes sur Youtube, en nombre, et avec des supports d’une grande qualité.

De l’huile sur toile aux mythes grecs

Il serait peut-être donc temps que les mentalités évoluent, à une époque où l’on parle beaucoup de libération de parole (via l’affaire Weinstein), de harcèlement sur internet ou de sexisme très (trop) ancré dans nos sociétés occidentales contemporaines.

Les hommes ne sont pas les seuls légitimes à pouvoir parler connaissance, culture, science ou curiosité (33% des femmes sorties du système éducatif français sont titulaires d’une licence ou d’un diplôme supérieur contre 25% des hommes) mais notre société semble encore prendre plus au sérieux un érudit disposant de chromosomes X e Y.

« Personnellement, je souffre du syndrome de l’imposteur, explique Natacha. Et la quantité de mansplaining et de titillage sur mon contenu (que j’observe beaucoup moins sur des chaînes tenues par des hommes) m’enfonce beaucoup dans mon propre manque de confiance en moi. C’est très fatiguant de passer 50 heures sur une vidéo, tout ça pour voir dans les commentaires, un tel qui dit que vous avez tort tout en reprenant exactement le propos de la vidéo, et quinze autres monter au créneau parce que vous avez mal prononcé » de Chirico »… »

L’essor des contenus sur la plateforme Youtube pour diffuser la connaissance est en tout cas une excellente chose, au regard de Natacha, qui considère d’un très bon œil que de plus en plus de « vulgarisateurs » prennent la question extrêmement au sérieux et comblent ainsi un manque de plus en plus criant :

« Je suis ravie de voir les chaînes de vulgarisation en plein essor. Les gens derrière ces chaînes sont des passionnés qui travaillent beaucoup pour mettre à disposition du plus grand nombre du contenu souvent de très grande qualité et entièrement gratuit. Je ne sais pas si leurs viewers se rendent compte de la chance qu’ils ont ! Tout ce savoir à portée de clic, c’est juste hallucinant ! »

Il ne reste plus qu’à espérer que les grandes institutions françaises, à l’image du Louvre (qui a récemment fait à nouveau appel à Léo Grasset de « DirtyBiology » et Benjamin de la chaîne « Nota Bene »), feront davantage appel à ces dames si jamais elles souhaitent à nouveau collaborer avec des vidéastes Youtube. Le Musée du Luxembourg a ouvert la voie en faisant appel à la chaîne « C’est une autre histoire », qu’attendent donc les autres ? On laisse le mot de la fin à Natacha de « L’art en 3 coups de pinceau » :

« Je pense que les gros vidéastes et les institutions ont presque une sorte de devoir moral de mettre les femmes sur YouTube en avant. Il faut s’habituer à les voir, à les entendre. Parce que ça ne concerne pas que YouTube : tous les jours, on voit bien dans les entreprises, les universités, dans le cadre de conférences, que la parole des femmes est moins écoutée, moins respectée et moins prise au sérieux. Et ce serait bien que ça change, sur YouTube comme ailleurs. » Amen.

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