Article proposé par Exponaute

Avant que le Pérou ne soit Inca, au musée du Quai Branly

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Il suffit d’avancer le nom de Pérou pour qu’une civilisation bien précise s’impose à notre esprit : celle des Incas. Peuple précolombien du groupe andin, les Incas sont nés avec le XIIIe siècle et ont étiré leurs ramifications tout au long de l’océan Pacifique. Ce serait pourtant oublier qu’avant eux, ont dominé la région de nombreuses autres civilisations précolombiennes. Le Musée du Quai Branly – Jacques Chirac s’attache donc à sortir de l’ombre ces peuples méconnus en exposant leur art, leurs culture, leur construction sociale…
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Le Pérou avant les Incas © Agathe Lautréamont, 2017

Chimù, Mochica, Lambayeque, Cupisnique… Il y a de grandes chances pour que ces noms chantants de vous disent rien. Et pourtant, ces peuples ont tous évolué dans la même zone géographique que les très célèbres Incas. Leur malheur ? Avoir historiquement précédé la fameuse civilisation andine qui a laissé à la postérité, entre autres, la ville sacrée de Machu Picchu. Célèbre, si célèbre Incas au point qu’ils soient parvenus à gommer de notre mémoire collective tous ces peuples influents et prospères !

Car nous aurions tort de l’oublier : l’Histoire du Pérou est vieille de plusieurs millénaires et ses divers peuplements ont fait du pays un creuset culturel en tout point exceptionnel. Comme une piqûre de rappel plus que bienvenue, le Musée du Quai Branly – Jacques Chirac a organisé, en étroit partenariat avec le Ministère de la culture péruvien, une exposition temporaire qui prend place sur la mezzanine de l’institution.

Devant le bleu froid des fenêtres du musée, le rouge brique de la céramique andine. Du haut de l’architecture moderne de Jean Nouvel, des pièces pour certaines anciennes de trois mille ans nous contemplent.

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Le Pérou avant les Incas © Agathe Lautréamont, 2017

Pour proposer un panorama le plus complet possible de ces nombreuses civilisations qui ont précédé l’avènement du monde Inca, pas moins de cinq sections distinctes ont été mises au point par le musée parisien. Ces cinq étapes étant elles-mêmes divisées en plusieurs petits chapitres, se focalisant sur un environnement, une faune, un rite ou un artisanat.

On découvre alors que les époques Chimù et Mochica ont divinisé nombre d’animaux, tant et si bien qu’ils ornent vases, bouteilles et coffret, parfois dans des postures agressives, parfois de soumission. Cormoran des Bougainville, balbuzard pêcheur, ours à lunettes et condors des Andes font partie de ce bestiaire magique que l’on peut admirer désormais dans les vitrines de l’exposition « Le Pérou avant les Incas ».

Chaque animal, on le devine, possède ses propres attributs et était représenté pour une fonction bien précise. Parfois, ces mêmes créatures glissent du magique à l’étrange, en se dotant d’une apparence anthropomorphe. La frontière entre l’Humain et l’animal se fait ténue, la puissance qui se dégage de cet être surnaturel s’en trouve décuplée : l’homme en effet, ne cesse de rêver des capacités exceptionnelles de certains animaux (force, vitesse, vision nocturne, vol…)

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Le Pérou avant les Incas © Agathe Lautréamont, 2017

À la rédaction, nous retiendrons tout particulièrement les étapes de l’exposition consacrées aux divinités Moche et Cupisnique, toutes représentées dans de somptueuses sculptures parfois à simple vocation décorative, souvent pour un usage quotidien ou rituel. Des recherches menées au sujet de ces deux cultures au cours des trente dernières années au Pérou ont permis aux archéologues de comprendre que ce duo de cultures pourtant distinctes partageaient une mythologie très similaire.

Fruits, plantes, chimères aux caractéristiques animalières… Les divinités se bousculent dans le panthéon, ce qui n’empêche pas certaines figures de se démarquer très nettement, à l’instar du dieu de la montagne (lié au feu et au soleil), au dieu marin (représentant le monde souterrain, mystérieux et impénétrable) ou encore la divinité ancestrale.

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Le Pérou avant les Incas © Agathe Lautréamont, 2017

Cette dernière marque les esprits par son apparence atypique : visage couvert de rides mais regard encore pénétrant, ce dieu figure l’ancêtre, l’être qui se trouve à l’origine de l’Humanité et qui par son âge, établit un pont entre le monde labile des hommes et l’univers parfait des Dieux. Et ces dieux, ils semblent veiller sur nous pendant tout le parcours de la nouvelle exposition du Musée du Quai Branly. Impassibles, sans souffrir du cours du temps, ils nous murmurent des contes millénaires et nous fascinent.

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