Article proposé par Exponaute

Le Metropolitan Museum dévoile un dessin fraîchement attribué à Michel-Ange !

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Publié le , mis à jour le
Le Metropolitan Museum of Art de New York inaugurera bientôt sa nouvelle grande exposition : « Michelangelo : Divine Draftsman and Designer ». Parmi plus de 130 dessins de Michel-Ange, une esquisse vient d’être reconnue œuvre du maître…

« Sleeping Reclining Male Nude With Boy-Genius » attribué à Michel-Ange par Carmen C. Bambach © Städel Museum, Frankfurt

Première hypothèse

C’est un dessin à la pierre noire sur papier blanc qui daterait de 1530 environ, que la commissaire de l’exposition, Carmen C. Bambach, vient d’attribuer à Michel-Ange.

L’œuvre faisait partie des collections du Städel Museum de Francfort depuis le XIXe siècle. Il s’agit d’un fragment de page annoté à la main en haut, et grisé par le dessin de deux figures, un nu masculin penché, assis sur un drapé, et à côté un homme vêtu représenté en pied.

La commissaire, qui fait partie du département des dessins et gravures du musée, a expliqué au New York Times comment elle avait conclu à l’illustre attribution.

Les experts considéraient le dessin comme une copie d’un original de Michel-Ange par Giorgio Giulio Clovio, connu pour avoir exécuté de telles reproductions au cours du XVIe siècle. Mais Carmen C. Bambach doutait de cette identification. En le comparant à une œuvre attribuée à Clovio avec plus de certitude, Le Viol de Ganymède, elle constata la qualité homogène de la facture de l’artiste.

C’est une palette douce et lisse qui dégrade le gris sur le corps de Ganymède. Or, il s’agit d’un caractère propre aux dessins de Clovio. À l’inverse, près du torse incliné et noueux du nu masculin, des éléments sont esquissés légèrement et les corrections en hachures parallèles sont des marques distinctives de la manière de Michel-Ange.

Détail de l’inscription inscription © Städel Museum, Frankfurt

Énigme manuscrite

L’inscription écrite en haut de la page n’est certainement pas le fait de ce dernier, qui a laissé de nombreuses lettres et autres documents manuscrits, incomparables à ces lignes. Cependant la graphie est singulière. Elle pourrait être attribuée à Sebastiano del Piombo, artiste vénitien qui passa près de 20 ans dans l’entourage de Michel-Ange à Rome. L’homme était peintre et poète. Captivé par l’art du maître, il faisait souvent des peintures à partir de ses dessins, et entretenait avec lui une correspondance. Michel-Ange envoyait des dessins à Sebastiano, qui partageait en réponse ses madrigaux.

Donc, la question logique qui devait suivre était : « le dessin peut-il être de la main de Sebastiano del Piombo ? » Selon l’experte, au regard d’autres œuvres du Vénitien, la réponse était non. Les contours incisifs et affirmés du crayon de Michel-Ange contredisent les touches d’esquisse de Sebastiano del Piombo.

Quand le Städel Museum fait l’acquisition de l’œuvre en 1850, le dessin est identifié comme l’œuvre de Michel-Ange. Mais comme nombre d’attributions du XIXe siècle, celle-ci est mise en doute…  Les consœurs et confrères de Bambach sont parvenus aujourd’hui à un compromis : le nu pourrait être l’œuvre d’un artiste inconnu, ou bien une copie de Clovio d’après un original de Michel-Ange.

Mais la commissaire persiste. Il existe un inventaire détaillé des biens de Clovio datant de 1577 – un an avant la mort de l’artiste – qui liste ses œuvres mais mentionne également deux dessins de Michel-Ange, parmi lesquels, possiblement, le nu incliné…

Détail du dessin © Städel Museum, Frankfurt

L’évidence de la manière

Bien sûr, ce qui surnage, c’est l’évidence du style. Bambach insiste surtout sur les contours incisés de l’esquisse.

Les dessins sur papier de Michel-Ange sont marqués par l’expression puissante de la pierre. De très près, on peut discerner des lignes qui contournent le corps. C’est l’effet de la pression exercée par la main de l’artiste, si intense que la pierre  laisse un fin réseau sur la surface et des stries à peine visibles, qui ne résultent que du geste singulier de Michel-Ange….

La chute de Phaeton présente une facture similaire. Il s’agit d’une preuve nécessaire pour attribuer une pièce à un artiste, car il faut dans un tel cas beaucoup de points d’évidence, de contexte et de faits. « Le groupe de dessins que nous attribuons à l’artiste doit faire sens en tant qu’ensemble », affirme Carmen C. Bambach.

Et c’est une petite pièce au sein d’un ensemble majestueux  qui s’apprête à entrer dans la lumière. Car l’exposition du Metropolitan Museum a requis huit années de préparation et d’assemblage… Elle sera révélée le 13 novembre.

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