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Marin Karmitz dévoile sa collection à la Maison Rouge !

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La Maison Rouge présente près de 400 œuvres acquises depuis plus de 30 ans par Marin Karmitz. Plus connu pour son activité de producteur et ses cinémas MK2, Marin Karmitz a aussi été un grand collectionneur, grand amateur notamment de photographie. C’est dans le cadre de ses expositions annuelles, consacrées à une collection particulière, que la Maison Rouge dévoile l’impressionnante collection du cinéaste.
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Johan van der Keuken, Portraits de Marin Karmitz, 1956. © Willem Van Zoetendaal

Le titre de l’exposition Etranger Résident fait référence à la vie du collectionneur. Né en 1938 à Bucarest en Roumanie, Marin Karmitz subit dès son plus jeune âge la politique nationaliste et antisémite d’Antonescu qui le fait fuir en France. Après avoir étudié à l’IDHEC, il devient chef opérateur et travaille avec les plus grands : Agnès Varda, Jean-Luc Godard etc. Par la suite, il décide d’ouvrir sa propre maison de production, MK2 Production, pour laquelle il est grandement reconnu aujourd’hui.

L’exposition dessine le portrait de Marin Karmitz, dévoilant à travers le choix de ses œuvres les différents visages qui définissent l’homme : Son enfance, marquée par la menace des régimes autoritaires et antisémites d’Europe Centrale ainsi que son activité de cinéaste. A la fois composée de photographies, de peintures ainsi que de sculptures et d’installations, c’est à travers ces différents médium que le collectionneur nous raconte son histoire.

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Vue de l’exposition avec à gauche l’ouvrage de Michael Ackerman © Marc Dommage

La photographie mise à l’honneur

On entre dans l’exposition par un rideau sur lequel est projeté le film muet Le Dernier des hommes de Friedrich Wilhelm Murnau. L’installation, imaginée par Christian Boltanski, nous annonce le ton de l’exposition. Traitant de l’ascension et la chute d’un homme, ce film tragique, reflet d’une société en crise, est considéré comme tout le cinéma expressionniste allemand, comme une prémonition de la montée du nazisme.

La première moitié de l’exposition est composée presque exclusivement de photographies, constituant la majeure partie de sa collection d’œuvres d’art et on en attend pas moins de la part d’un cinéaste. Les premiers clichés que l’on découvre sont ceux du photographe américain Michael Ackerman. Son approche photographique, très singulière, se caractérise par ses clichés de personnages souvent blessés par la vie. Il réalise notamment un livre photographique sur la vie d’un chanteur emporté par le SIDA en 1999.

Une vision assez sombre de l’Amérique des années 80 qui se rapproche des photographies exposées à la suite dont l’auteur, Lewis Hine, a souvent été considéré comme « photographe social ». Datant du début du XXème ces clichés ne sont pas moins les témoignages des conditions difficiles de vie et de travail de populations modestes, souvent délaissés.

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Vue de l’exposition avec à droite L‘homme qui parle à son cheval de Joseph Koudelka © Marc Dommage

La place de l’histoire

Très vite l’exposition raconte une histoire, ou plutôt des histoires qui retracent le XXème siècle et ses évènements tragiques. Les regards de l’oeuvre Resistors de Christian Boltanski, ami du collectionneur, nous saisissent, abordant la mémoire des résistants allemands fusillés. Et la série de photographies Auschwitz d’Antoine d’Agata, certainement la seule en couleur de sa collection, nous glace, représentant les paysages désertés du camp d’extermination.

Les thèmes de l’exil, des mouvements de population sont au cœur de la collection de Marin Karmitz, faisant écho à son passé. Un ensemble de photographies de Roman Josef Vischniac, traitant des communautés juives appauvries d’Europe Centrale, est suivi des photographies de Josef Koudelka, témoignant de la vie de différentes communautés Tsiganes qu’il suit durant les années 60 et dont on reconnaît le fameux cliché de l’homme qui parle à son cheval.

Des dessins font écho aux photographies, non pas par le sujet qu’ils abordent mais plutôt par l’histoire des artistes qui les ont réalisés. On reconnaît les traits d’Otto Dix, artiste expressionniste allemand, renvoyé de son poste d’enseignant et persécuté par les nazis et ceux de Maryan S.Maryan, déporté dans un camp de concentration où il échappe deux fois à la mort.

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Vue des dessins de Maryan S.Maryan et Otto Dix © Marc Dommage

Une scénographie immersive

En suivant se trouve un grand couloir sombre desservant sept salles habillées de photographies et une entièrement destinées à des toiles de Dubuffet. Ces salles d’exposition, plus petites que les précédentes, nous plongent dans une ambiance plus intime, à l’image des photographies de Christer Strömholm, exposées dès la première salle. Imaginé par Marin Karmitz, la pénombre du couloir nous rappelle celle des salles de cinéma et donne à cette partie de l’exposition une dimension intemporelle accentuée par la présence des antiquités mésoaméricaines qui longe la voie.

Dans chacune des salles on découvre l’association de différents artistes qui se font écho de par leur thème ou leur filiation, donnant à la collection du cinéaste une grande cohérence. Leon Levinstein et Dave Heath, héritiers du travail de W. Eugene Smith, connu pour ses photographies de guerre, sont exposés ensemble, et Anders Petersen, fait suite à la salle dédiée à Christer Strömholm dont il fut l’élève.

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Annette Messager, Les Spectres des couturières, 2015 © Annette Messager, Adagp, 2017

Les installations, suivant les photographies, nous proposent une expérience immersive. Sont exposées notamment la glaciale installation Animitas blanc de Christian Boltanski, ami du producteur ainsi qu’une installation de l’artiste engagée, Annette Messager qui nous plonge dans un ensemble de nécessaire à couture démesuré.

Très hétéroclite, la collection de Marin Karmitz garde comme fil conducteur l’importance du passé et de son histoire et nous permet d’en apprendre plus sur le personnage et de découvrir des facettes que l’on ne saurait connaître.

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