Article proposé par Exponaute
À l’origine de la nouvelle exposition temporaire du Palais de la Porte Dorée, deux chercheurs mais avant tout deux amis passionnés par les mêmes thématiques : Dionigi Albera et Manoël Pénicaud. Tous deux anthropologues, tous deux travaillant au CNRS et intéressés par les questions liées aux identités religieuses.
À une époque où les tensions interreligieuses vont croissant et les incompréhensions deviennent monnaie courante, il était important pour le duo Albera-Pénicaud de remettre quelques pendules à l’heure. D’où la mise au point de cette exposition « Lieux saint partagés », qui a déjà été couronnée de succès lors de sa présentation au Mucem de Marseille (elle a en effet attiré pas moins de 120 000 visiteurs !)
Alors, les trois religions dites du livre (Judaïsme, christianisme et islam) sont-elles aussi différentes qu’on se l’imagine volontiers ? Sont-elles irréconciliables ? Bien sûr, le parcours temporaire se refuse à apporter une quelconque réponse, laissant au visiteur la tâche de se faire sa propre opinion au regard des différents supports qui ont été rassemblés pour cette exposition.
Manuscrits, peintures, vidéos, photographies, maquettes, correspondance… Autant de pièces hétérogènes qui ont été rapprochées les unes des autres pour expliquer que depuis leurs origines, les trois religions monothéistes inventées par l’homme comportent de très nombreux points communs. Des points communs qui sont souvent passés sous silence ou disputés par les tristes porte-étendards des lectures extrêmes de ces mêmes religions.
Dans un premier temps, nous allons donc naviguer de lieu saint en lieu saint, tous situés sur le pourtour méditerranéen. À grands renforts de pièces historiques et parfois de quelques œuvres d’art contemporain, le visiteur apprend à mieux connaître des villes comme Jérusalem, Bethléem ou encore Djerba. Cette première ville, en particulier, revêt une importance toute particulière. Pour les chrétiens, c’est là qu’est mort Jésus. Pour les juifs, c’est là que fut bâti le premier temple par le roi Salomon.
Enfin pour les musulmans, elle est la troisième ville sainte après La Mecque et Médine. Jérusalem donc, ville trois fois sainte, représente notre point de départ d’un voyage à la rencontre de trois confessions entre lesquelles des passerelles existent, encore faut-il accepter de les voir, essayer de les comprendre et ensuite chercher à les promouvoir.
On découvre, donc. Face à des reportages réalisés en Turquie, à Lesbos ou en Israël, un casque audio vissé sur les oreilles ou les yeux rivés sur une carte lumineuse du monde méditerranéen, on comprend que les cloisonnements dressés par l’obscurantisme, le fanatisme ou plus simplement par quelques esprits obtus peuvent aisément être dépassés pour peu que l’on fasse preuve de tolérance et de sens du partage.
On comprend donc qu’il est possible d’appliquer le champ lexical du rassemblement, du lien, de la cohésion à un sujet aussi clivant que la religion. Nous avons tout particulièrement apprécié l’étape du parcours consacrée aux « Bâtisseurs de paix ». Car si notre actualité traite beaucoup des religions sous le prisme de la violence et de l’intolérance, il serait dommageable d’oublier toutes ces figures qui ont œuvré, leur vie durant, pour une meilleure entente interreligieuse.
Nous croisons ainsi la route de l’islamologue Louis Massignon, du jésuite Paolo Dall’Oglio, du traducteur André Chouraqui… Laïques ou membres du clergé, chercheurs ou hommes de lettres, l’exposition rend un hommage vibrant à ces personnalités inspirantes qui ont toujours cherché à voir au-delà des frontières, à dépasser les opposition et à construire des ponts plutôt que des murs.
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