Article proposé par Exponaute

Images d’une Birmanie éternelle, au Musée Guimet

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Du 18 octobre au 22 janvier 2018, le Musée des Arts Asiatiques Guimet propose au public un troisième rendez-vous culturel autour de la photographie. Cette fois-ci, l’institution parisienne nous transporte du côté de la Birmanie, pays d’Asie du sud-est, pour un voyage photographique au cœur de la seconde moitié du XIXe siècle. À l’époque colonie britannique, cette nation asiatique offrait aux pionniers de la photo des paysages d’une beauté contrastée et des coutumes nourries de diverses influences…
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Images birmanes © Musée Guimet, 2017

Elles sont une centaine, accrochées aux murs du Musée Guimet ou préservées dans de basses vitrines à la lumière très douce… Toutes sont présentées sur du papier albuminé, tout premier procédé exploitable commercialement pour obtenir des tirages photographiques positifs depuis un négatif. Leur belle couleur sépia nous projette instantanément dans une époque pas si lointaine, où les photographes portaient fréquemment une seconde casquette : celle d’explorateur.

Les toutes premières images de la Birmanie parvenues jusqu’à nous remontent à 1852 et sont le fait de John McCosh de la Compagnie Britannique des Indes Orientales. Mais ce n’est pas à ce photographe amateur que nous allons attacher nos pas aujourd’hui, mais plutôt à deux de ses cadets : Philip Adolphe Klier et Felice Beato, qui signent la grande majorité des clichés présents dans le nouveau parcours temporaire du musée consacré aux arts asiatiques : « Images Birmanes, trésors photographiques du MNAAG ». Un cheminement précieux et rare, d’autant plus quand on apprend que les photographies présentées le sont en vérité pour la toute première fois.

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Images birmanes © Musée Guimet, 2017

Le Musée Guimet crée donc l’événement cet automne, avec cet accrochage aux effluves presque magiques. Les photographies anciennes ont en effet une aura toute particulière, du fait de leurs contrastes légèrement passés, de leurs ciels très blancs et de leur peine à figer le mouvement du fait de temps de poses trop longs. Aussi nous laissons nous porter en direction d’un ailleurs qui peut paraître encore préservé, via le regard d’artistes britanniques maîtrisant les arcanes de la chambre noire, délicate d’utilisation et terriblement encombrante.

Quelle passion fallait-il alors pour transporter avec soi tout ce matériel lourd, encombrant et fragile dans le même temps. Quelle patience fallait-il pour demander aux femmes et hommes birmans de tenir la pose durant de longues minutes afin d’obtenir un résultat le plus net possible ! Que cherchaient-ils, ces photographes mis en avant par le Musée Guimet mais au sujet desquels on sait, finalement, bien peu de choses ?

Probablement une quête éternelle de l’ailleurs, une confrontation à des paysages et une nature préservés, encore sauvée de l’urbanisation et la colonisation de l’Humain. Des rencontres aussi, avec une culture mal connue du monde Occidental, imprégnée de bouddhisme.

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Images birmanes © Musée Guimet, 2017

Les photographies présentées dans le parcours alternent entre paysages et portraits. En ce qui concerne les paysages, qu’ils soient préservés de toute intervention humaine ou ponctués de villages, c’est bien la seule esthétique qui domine ; les photographes ayant eu à cœur de figer des lieux de beauté pure, sublimés par un soleil matinal, une brume humide, une cascade éloignée dont on admire les chutes cotonneuses.

Du côté des portraits, nous glissons vers le registre de l’ethnographie. Les britanniques, en demandant à divers modèles d’un jour de poser pour eux, s’intéressaient aux costumes, parures et rites. Aussi photographient-ils autant des moines bouddhistes que de jeunes mères de famille entourées de leurs enfants. Malheureusement, certaines tenues ont été arrangées  par la main des photographes de sorte à ce qu’elles ne « choquent » pas l’œil occidental très prompt à crier à l’indécence. Certaines poses ont aussi, clairement, été dictées.

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Images birmanes © Musée Guimet, 2017

Seul bémol que nous souhaiterions souligner avant de conclure cet article : nous avons regretté que les photographies exposées en extrémité de vitrines fussent très mal éclairées. Un défaut qui s’explique probablement par leur présentation dans un coin de vitrine, callée contre un mur, qui ne simplifiait probablement pas la tâche des scénographes.

Ou peut-être est-ce une question de conservation, les clichés les plus fragiles ayant été volontairement placés à cet endroit pour les préserver au mieux d’une longue exposition à la lumière artificielle ? Toujours est-il qu’une fois de plus, le Musée Guimet nous propose un accrochage de qualité, instructif et complet, que nous vous conseillons !

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