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Carte Blanche à Jayashree Chakravarty, un véritable manifeste à la nature.

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La rotonde du musée national des arts asiatiques – Guimet accueille du 18 octobre 2017 au 15 janvier 2018, pour sa cinquième carte blanche, une installation végétale et monumentale intitulée La Terre pour refuge : sous la canopée d’amour réalisée par l’artiste indienne Jayashree Chakravarty. Une installation poétique en totale harmonie avec la sérénité des œuvres du musée.
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© Jayashree Chakravarty / Courtesy Akar Prakar Art / Photographie de Pierre Primetens

Immersion totale  

De grandes toiles constituées de plusieurs couches de papier népalais et d’éléments végétaux métamorphosent l’espace d’exposition. Étendue sur l’ensemble des fenêtres de la rotonde, l’œuvre prend vie grâce à l’éclairage qui traverse les toiles et dévoile un monde imaginaire et mystérieux.

C’est le mot d’ordre de la carte blanche du musée Guimet : envahir l’espace de la rotonde et Jayashree Chakravarty remplit bien sa mission. En effet, la question de la monumentalité est très présente dans son travail, tout comme celle de l’environnement.

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© Jayashree Chakravarty / Courtesy Akar Prakar Art / Photographie de Pierre Primetens

Cocooning : la terre comme refuge

Au centre de la pièce, une imposante structure est en suspension dans l’obscurité. Difficile de distinguer ou de comprendre la nature de cet être au premier regard. Reprenant la forme d’un cocon, ou d’un nid on est très vite tenté de se diriger à l’intérieur pour découvrir les secrets qu’il renferme.

De petites lampes sont mises à disposition pour que l’on admire, tel un explorateur, l’univers merveilleux qu’abrite ce refuge. Des fourmis, des scarabées, des mouches sont dessinés sur les parois de cette « canopée d’amour » telle que l’artiste la nomme. Au sein même de cet abri, c’est un sentiment de protection que l’on ressent, isolé du monde extérieur. L’ambiance de nature et de terre dégage une sensation d’apaisement et de réconfort, sécurisant la vie sur terre.

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© Jayashree Chakravarty / Courtesy Akar Prakar Art / Photographie de Pierre Primetens

La nature fait œuvre

Jayashree Chakravarty est une artiste indienne très engagée dans la protection de l’environnement. Habitant depuis plusieurs années à Calcutta, en Inde Orientale, elle est témoin de la destruction progressive de son paysage naturel au profit de nouveaux espaces urbains. C’est particulièrement la transformation des marécages de Salt Lake en quartier résidentiel surpeuplé qui a alarmé l’artiste et qu’elle dénonce à travers son œuvre de façon poétique.

En effet, à la fois sujet et support de création, la nature est à l’origine des réflexions de l’artiste. Sa fréquentation du groupe « Support-Surfaces », lorsqu’elle était en résidence à Aix-en-Provence dans les années 90, lui a permis de comprendre qu’on pouvait voir l’art partout. Et c’est dans cette liberté qu’elle s’est très rapidement tournée vers la nature.

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© Jayashree Chakravarty / Courtesy Akar Prakar Art / Photographie de Pierre Primetens

Lorsque l’on s’approche un peu plus de ses œuvres on distingue des pétales, des feuilles sèches, des graines, des racines, des tiges, plaqués entre plusieurs couches de papier de coton, à la manière d’un herbier. Or ce n’est pas tant pour une étude scientifique mais plutôt pour montrer à la fois la beauté et la fragilité de la nature. Et c’est un appel au secours face à sa destruction que l’artiste souhaite traduire à travers son œuvre.

En effet, la structure squelettique du cocon rappelle aussi la forme d’un insecte, ou plutôt de ce qu’il en reste, tel un fossile, montrant toute la fragilité de la nature face au temps et nous rappelant la vulnérabilité de la terre. On retient deux notions essentielles dans la démarche de l’artiste: habiter la terre et la préserver.

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