Article proposé par Exponaute
C’est ce tableau qui clôt l’exposition, mais c’est pourtant par lui que nous allons débuter cet article. Moustache parfaitement retroussée, regard fier et assuré, Pierre Paul Rubens n’a laissé derrière lui que peu d’autoportraits mais celui qu’il exécute en 1623 en révèle beaucoup sur sa personnalité.
En effet, un rapide coup d’œil à cette huile sur bois ne nous indique pas ce que nous serions en droit d’attendre : Rubens ne se portraiture pas en tant que peintre, mais bien en tant que gentilhomme. Pas de palette, pas de pinceau, pas de tenue froissée d’atelier. À l’inverse, nous pouvons admirer un lourd manteau de velours, un chapeau élégamment porté et surtout, un lourd collier en or.
Rubens est important, Rubens vit de son art, il le sait et nous le montre. Aussi a-t-il contribué à forger cette légende d’un artiste si demandé, si riche, qu’il pouvait se permettre de ne plus vraiment travailler, déléguant à son atelier les commandes qui arrivaient sans cesse.
C’est en cela que la nouvelle exposition temporaire du Musée du Luxembourg : « Rubens, portraits princiers » apporte un éclairage nouveau. On ne présente évidemment plus l’artiste né en 1577 et qui n’a jamais admiré ses œuvres inspirées de la mythologie grecque ou des textes saints ? Or, qui peut se targuer de connaître aussi bien les portraits qu’il réalisa pour les têtes couronnées d’Europe qui lui accordèrent leur confiance ?
Aussi allons-nous partir à la rencontre de ces rois, reines et princes qui prirent Pierre Paul Rubens sous leur aile, lui passant commande de portraits qui, on le devine aisément, doivent répondre à des critères esthétiques bien spécifiques. Car un souverain attend de son portrait qu’il reflète non pas uniquement son visage, mais son importante géopolitique, son statut social, sa richesse.
En toute logique, nous devons regarder ces portraits comme on suit un jeu de piste. Une main posée sur un globe n’est pas anodine. Une corne d’abondance pressée contre le sein n’est pas un hasard. Une fenêtre ouverte sur un magnifique palais nous indique quelque chose…
Alors, que diriez-vous de suivre Rubens dans ses pérégrinations à travers l’Europe, de cour en cour ? D’abord, nous explorons la cour de Bruxelles et pouvons admirer les premières importantes commandes que reçoit l’artiste, commandes qu’il n’a pas d’autre choix que d’honorer, tant le prestige est immense et la confiance du souverain, cruciale.
Puis, géographiquement et chronologiquement, nous cheminons : la cour d’Espagne, les années à Paris, l’expérience de l’Italie… Tandis que nous constatons que le pinceau de Rubens s’affine comme s’affermit, nous pouvons les placer en parallèle avec ses contemporains ou ses élèves.
Ainsi, nous pouvons détailler de somptueux portraits signés Diego Velázquez, protégé de Philippe IV d’Espagne, Philippe de Champaigne, Simon Vouet et un peu plus tard, Antoine van Dyck. Élève de Pierre Paul Rubens, probablement le plus doué de tous, l’artiste a su parfaitement suivre les conseils de son maître et tracer sa propre et talentueuse voie dans l’Histoire de l’art.
Mais les portraits des puissants d’Europe réalisés par Rubens ne tombent pas dans le piège aisé de la représentation figée, froide et normée. Pierre Paul Rubens a en effet, au cours de sa jeunesse, jouit d’une éducation riche, a glané une vaste culture au long de son existence et savait manier à la perfection l’art d’être un courtisan apprécié.
Aussi savait-il représenter Louis XIII ou Marie de Médicis non comme des dirigeants glacés mais comme des individus, toujours cependant auréolés de ce prestige qu’est le privilège du sang royal. Tout en suivant l’étiquette, tout en respectant à la lettre les codes du portrait princier, Rubens parvenait à établir un véritable rapport de confiance avec ses royaux modèles, au point que ses œuvres encore aujourd’hui, brillent d’une vie inédite.
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