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D’Héraclès au Centaure : Antoine Bourdelle et la passion de l’Antique

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Publié le , mis à jour le
À l’aube du XXe siècle, qu’entendent véritablement les artistes par « Antique » ? La nouvelle exposition du Musée Bourdelle de Paris : « Bourdelle et l’Antique, une passion moderne » offre à ses visiteurs une nouvelle compréhension de la fascination de l’artiste, élève de Rodin, pour l’art de cette époque de notre Histoire. En puisant à grandes brassées dans les mythes, en remontant jusqu’à l’archaïsme grec, comment Bourdelle a-t-il réinterprété ces formes esthétiques ? Et qu’en est-il de ses contemporains Modigliani, Zadkine ou Picasso, pour ne citer que ces derniers ? Éléments de réponse.

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Cent cinquante œuvres, neuf sections distinctes, un artiste phare mais aussi ses amis et contemporains. La nouvelle exposition temporaire du Musée Bourdelle, annonçons-le tout de go, est d’une richesse qui pourrait donner le tournis à plus d’un. Mais c’est bien là ce que nous apprécions : comprendre précisément une étape, une période de la vie d’un grand créateur, pour mieux pénétrer sa création. Ainsi en toute logique, sommes-nous accueillis dans le parcours par les années de formation du jeune Antoine Bourdelle.

Aux murs du couloir principal du cheminement temporaire, on découvre de subtils dessins, souvent réalisés à la mine de plomb : des copies d’antique. Nous reconnaissons l’Apollon du Belvédère ou encore l’Amazone Blessée. S’il n’a jamais effectué un voyage en Grèce, le jeune apprenti se frotte aux maîtres grâce aux collections des musées français. La déesse Pallas Athéné le fascine, il la sculpte avec rondeurs et amour, mais s’inspire déjà de la simplification des formes typique de l’archaïsme.

Puis vient Apollon, dieu qui peut aussi bien représenter la lumière de la sagesse comme la violence des rayons d’été qui assèchent les récoltes et brûlent les épidermes. C’est justement cette dichotomie qui intéresse Bourdelle. Il commença à travailler à son Apollon au combat en 1898, ce n’est qu’en 1909 que sortira de son atelier l’œuvre définitive : une magistrale tête de bronze, qu’il positionne, fière et puissante, sur un socle aux tons bruts.

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Attardons-nous un instant sur le Centaure. Ce personnage mythologique, mi-homme mi-cheval, hante l’imaginaire du sculpteur à la fin de sa carrière. Il l’a sculpté bien sûr mais l’a aussi étudié, exploré, dessiné. Il l’a représenté d’ailleurs sur une centaine de ses croquis, ce qui atteste une véritable fascination du créateur pour cet être hybride, capable de sagesse comme de brutalité.

Chiron, qui prit en charge une partie de l’éducation d’Héraclès, symbolise la mesure et la réflexion tandis que Nessos, qui chercha à violer la compagne du héros, Déjanire, figure la bestialité, la fureur et la brutalité. La dualité fascine l’artiste, qui trouva une inspiration sans limite dans cette créature trouble.

Ainsi, comme en ce qui concerne le centaure, nous naviguons de découverte en découverte dans cette exposition temporaire passionnante. Nous y explorons Antoine Bourdelle, mais nous croisons aussi Pablo Picasso, Amedeo Modigliani, Ossipe Zadkine ou encore Constantin Brancusi, qui passa également dans l’atelier d’Auguste Rodin.

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Un mot, enfin, sur la scénographie de l’exposition que nous avons trouvée tout particulièrement réussie. Si la première étape du parcours muséal, constituée d’un couloir, n’est pas toujours idéale pour admirer les œuvres (généralement, les commissaires font le choix d’y présenter des dessins, gravures…) une fois les escaliers descendus et les espaces principaux atteints, le ravissement est total.

D’une puissance inouïe, les muscles comme prêt à se rompre, l’œil inébranlable, le héros Héraclès bande son arc muni d’une flèche invisible, tout en prenant appui sur un lourd rocher. Il ne nous reste qu’à plonger dans notre imaginaire et entendre, alors, les craillements des oiseaux sanguinaires du Lac Stymphale. Ils seront abattus, un à un, à coups de flèches par le fils du maître de l’Olympe.

Non loin du héros aux Douze Travaux, se dresse dans toute l’étendue de sa monumentalité le Centaure Mourant, homme cheval, bestialité et sentiments, force et souffrance. Une œuvre vibrante de contrastes qui domine le visiteur. Vous l’aurez compris, nous aurions encore beaucoup à dire sur ce fascinant parcours, qu’on vous conseille d’aller voir au plus vite !

Retrouvez dans l’Encyclo : Antoine Bourdelle

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