Article proposé par Exponaute
En juillet 1954, après la mort de son épouse Frida Kahlo, le peintre mexicain Diego Rivera imposait une règle stricte : les effets personnels de sa compagne disparue devraient demeurer préservés, enfermés dans une armoire qui ne pourrait être rouverte que cinquante ans, jour pour jour, après la disparition de la grande artiste mexicaine.
Les instructions du veuf de Frida Kahlo furent respectées à la lettre et l’armoire demeura fermée, dans la salle de bain de la Maison Bleue de Mexico City, où s’était établi le couple et qui accueille aujourd’hui un musée dédié à Frida Kahlo. L’armoire ne fut rouverte qu’en 2004. Jupes en satin vert, pots de vernis à ongle aujourd’hui séché, chaussures à talons hauts rouges ou roses, jupes à volants jaune ou orange…
Le moins que l’on puisse dire est que le trousseau de l’artiste était un véritable camaïeu de couleurs chatoyantes, dans la pure veine mexicaine mais aussi peut-être comme un pied-de-nez aux drames qui ont ponctué son existence.
Et cet été, le Victoria and Albert Museum de Londres sera la première institution culturelle sise en-dehors du Mexique à exposer des pièces de cette garde-robe ; pièces on le devine fragiles et qui seront présentées au grand public avec d’infinies précautions. L’accrochage du V&A qui s’annonce d’ores et déjà comme un véritable événement (intitulé sobrement Frida Kahlo’s Wardrobe, que l’on pourrait traduire par « La garde-robe de Frida Kahlo ») se tiendra du 16 juin au 4 novembre 2018.
Le parcours exposera donc de nombreuses robes ayant appartenu à l’artiste mais également des autoportraits, genre pictural de prédilection de l’artiste, mais aussi des pièces plus douloureuses comme les corsets que Kahlo devait porter afin de soulager ses douleurs (la peintre souffrait de poliomyélite). Dans une recherche de résilience, Frida Kahlo peignait sur ses propres corsets médicaux, livrant un témoignage bouleversant des maux qui la rongèrent toute sa courte vie.
L’accrochage présentera divers effets personnels (pièces de maroquinerie, bijoux…) et bien évidemment, l’histoire de la mode ne sera pas ignorée. Le V&A explorera en effet les liens entre Mexique et héritage occidental. On apprendra également pourquoi l’artiste ne portait que des jupes longues et très volumineuses : ayant souffert de poliomyélite durant sa petite enfance, la maladie altéra son développement osseux, la laissant à l’âge adulte avec une jambe plus malingre que l’autre. La peintre dissimulait cette « difformité » sous des tissus amples.
Voilà donc un nouvel accrochage qui promet de trouver son public. Depuis l’ouverture de son extension il y a maintenant plusieurs semaines, le Victoria and Albert Museum a enregistré son plus grand nombre de visiteurs depuis son ouverture, en 1857. Pas moins de 837 000 curieux ont poussé les portes de l’institution entre juillet et août, alors qu’ils ne furent « que » 459 000 l’année dernière à la même période. Une belle réussite dont peut s’enorgueillir l’actuel directeur du musée londonien, Tristram Hunt. À vos agendas donc, car nous vous reparlerons de cet événement prochainement !
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