Article proposé par Exponaute
Sommes-nous là face à un récit de roman ou une existence véritable ? Car en parcourant la frise chronologique qui accueille le visiteur dans la nouvelle exposition temporaire du Petit Palais : « Anders Zorn : le maître de la peinture suédoise », on peut en toute légitimité se poser la question. Né au sein d’une famille pauvre, abandonné par son père, Anders Zorn ne doit sa réussite artistique et sociale qu’à sa volonté de fer, son intelligence et son travail acharné.
Dans sa prime jeunesse, l’artiste en devenir s’est très tôt tourné vers le dessin et, se découvrant une vocation, entre à l’Académie Royale des Arts de Stockholm. Son éducation artistique achevée, âgé d’à peine vingt ans, il comprend qu’il lui faut désormais voyager à travers l’Europe de sorte à parfaire ses connaissances artistiques, glaner des influences diverses mais aussi et surtout : se faire un nom.
Le cheminement du Petit Palais, aussi bien chronologique que thématique, nous permet donc de suivre le fil du parcours d’Anders Zorn, de rencontrer ses connaissances, de détailler ses « périodes » et autres thématiques qui occupèrent diverses étapes de sa carrière. À compter de 1880, Zorn voyage donc en Espagne, en Angleterre, en France, en Turquie, en Italie et bien d’autres pays encore. Lors de ces séjours divers et contrastés, déjà auréolé de sa brillante réputation d’aquarelliste célèbre, le peintre suédois parfait sa technique et se découvre un sujet de prédilection : l’eau.
Miroir mouvant, insaisissable, fascinant, la surface de l’eau se transforme peu à peu en une véritable passion pour Zorn. Dans son huile sur toile, Le clapotis des vagues, sa maestria se révèle époustouflante. La mer, animée d’un léger roulis, se gonfle en vaguelettes pleines, tandis qu’une douce lueur blanche vient ourler cette surface d’une douceur presque laiteuse.
Le bleu pastel contraste avec les tons de gris et de blanc, on se perd, on s’extasie, on admire pendant des minutes, des minutes et encore des minutes. Comment peut-on atteindre un tel niveau de perfection ? Par le travail, nous rappelle Anders Zorn, avant de nous impressionner à nouveau avec l’aquarelle Vacances d’été réalisée en 1886.
Mais chez Anders Zorn, la peinture sociale côtoie celle des éléments de la nature ; et le regard critique n’est jamais très loin. Dans ses œuvres, il aime à confronter des mondes qui traditionnellement, ne se connaissent pas ou s’ignorent superbement. Des pêcheurs rencontrent de riches plaisanciers, des dames élégamment vêtues profitent des services d’un modeste rameur pour les transporter, au sec, sur l’autre rive.
Un brin taquin, Zorn ? Pas nécessairement, car il avait précisément besoin des émoluments de la haute société pour pouvoir vivre de son travail. Et cette dernière, d’ailleurs, ne se faisait pas prier. Une vaste salle de l’exposition temporaire est d’ailleurs consacrée à la mondanité du peintre suédois. La bourgeoisie et l’aristocratie finissante s’arrachent l’artiste qui excelle aussi bien dans l’aquarelle que dans la gravure et la peinture à l’huile.
Alors Zorn honore les commandes, sans relâche. Il peint le portrait du roi de Suède, il représente des hommes politiques, il portraiture de riches banquiers… et parfois, s’amuse. Nous avons adoré le portrait de Charley, adorable épagneul King Charles, animal de compagnie de la riche Madame Clara Rikoff !
Des lumières splendides, une maîtrise de la représentation de l’eau époustouflante, des peintures de la société suédoise qui entre dans le XXe siècle, des hommages parfois à la simplicité de la vie… Anders Zorn a vécu plusieurs vies et il faut courir les découvrir toutes au Petit Palais.
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