Article proposé par Exponaute

À la Seine Musicale, Maria Callas : gloire, légende et drame intime

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C’est probablement une des cruautés du grand public qui n’apprécie rien de plus qu’admirer une légende, parvenue au sommet, se brûler peu à peu les ailes au contact des rayons de la gloire. Maria Callas est, hélas peut-être, un exemple flamboyant de ces destins tragiques après avoir tutoyé les sommets. La Seine Musicale, à Boulogne-Billancourt, propose pour cet automne un parcours très intéressant sur l’histoire de celle qui était née Maria Anna Sophia Kalogeropoulos et qui se laissa dévorer par la diva Maria Callas. Un parcours en images mais aussi et surtout : en musique !

ExpoMariaByCallasVisuel

Visiter l’exposition « Maria by Callas » ouverte depuis le 16 septembre dernier est une expérience intime, solitaire. Si dans d’autres parcours temporaires, il est toujours possible d’interagir avec le reste du public venu découvrir le même cheminement muséal ; ici l’idée est de nous laisser en tête à tête avec la Diva Assoluta.

La fière dame de l’opéra nous accompagnera donc pendant toute la durée du parcours, notre casque audio vissé sur les oreilles, les yeux grands ouverts sur des photographies grands formats, des objets personnels, des enregistrements vidéo pirates et autres pochettes de disques vinyles. A-t-on tout dit sur Maria Callas ? Probablement. Reste-t-il encore quelque chose à apprendre sur cette figure digne d’une tragédie grecque ? Sûrement.

Les amoureux d’opéra et grands admirateurs de La Callas n’apprendront sûrement pas grand-chose sur la cantatrice, car le parcours se veut avant tout didactique, une forme d’hommage à la soprano (colorature ? Le débat reste ouvert…) disparue il y a maintenant quarante ans à l’âge précoce de 53 ans.

MARIA CALLAS

Chez elle à Milan, 1958 © Fonds de Dotation Maria Callas

Ah ! Fors’è lui…

Hommage, donc. Nous allons cheminer au fil de la voix de la Divina, avec en guise d’ouverture une interview de la chanteuse où un animateur l’interroge sur ses origines grecques, sa date de naissance, son véritable nom. Maria Callas, toujours parée de son rayonnant sourire, se prête volontiers au jeu des questions réponses, évoque sans détour sa sœur qui l’envia toute sa vie, sa mère qui poussa sa toute jeune fille à apprendre la musique et le chant en espérant que cette dernière parviendrait à mener une carrière internationale et, logiquement, gagner beaucoup d’argent.

Jetée dans le grand bain de l’opéra très jeune, Maria Callas se révéla un véritable bourreau de travail, une passionnée, une acharnée diront certains, qui apprenait les partitions par cœur, parlait plusieurs langues et ne jurait que par le labeur pour parvenir à ses fins. C’est d’ailleurs probablement ce qui explique la si difficile classification de sa voix (qui allait du fa dièse au contre mi) par les amoureux d’opéra.

Indéniablement soprano, mais ensuite ? Au cours de sa carrière, elle interpréta aussi bien des rôles dramatiques (comme Tosca de Puccini) que légers (Lucia di Lammermoor, de Gaetano Donizetti et sa mythique scène de la folie à l’acte III…), par talent inné affirmeront certains, uniquement par la volonté et le travail acharné, estimeront d’autres.

MARIA CALLAS, UN DESTIN D'EXCEPTION

Maria Callas et Aristote Onassis à bord du Christina © Fonds de Dotation Maria Callas

Delirio vano è questo !

Cette voix, justement, ne nous quitte pas un seul instant au cours du cheminement temporaire de la Seine Musicale, qui a opté pour un classique mais néanmoins efficace parcours chronologique. Callas nous interprète alors ses premiers rôles, puis ceux qui lui ont apporté un immense succès (Aïda et La Traviata de Giuseppe Verdi). Dans diverses interviews télévisées, elle nous conte son amour pour son mari et impresario Giovanni Battista Meneghini, de vingt-huit ans son aîné.

Mais avec la gloire internationale, arrivent inévitablement la couverture médiatique intense, la une de journaux people qui guettent le drame, le chagrin, la note ratée, la dispute avec le mari… le talent on le sait, ne fait pas partie des préoccupations de ce genre de parution. Bien sûr, la période Aristote Onassis est documentée, mais on notera avec une certaine pudeur.

La musique finit toujours pas reprendre le dessus, tandis que l’on découvre petit à petit comment Maria Anna Sophia Kalogeropoulos s’est peu à peu sacrifiée sur l’autel de Maria Callas, la seule susceptible d’intéresser le grand public, les compositeurs, les metteurs en scène et même le cinéma.

23-Tournée en Allemagne 1962 © Fonds de Dotation Maria Callas

Tournée en Allemagne, 1962© Fonds de Dotation Maria Callas

Sempre libera

Car on le sait moins, mais l’âge arrivant et la voix faiblissant naturellement, Callas s’est tournée vers le cinéma. Pour tenter de trouver une nouvelle voie artistique, pour oublier Aristote Onassis qui a épousé Jacky Kennedy, pour se protéger sous les oripeaux d’un nouveau rôle. Son ami proche, le réalisateur italien Pasolini lui offrit le premier rôle de son film Médée, qui fut cependant un échec à sa sortie dans les salles obscures.

Vous l’aurez donc compris, le parcours proposé par la Seine Musicale est d’une incroyable richesse, prenant et surtout fascinant. Entre pistes audio, immersion visuelle, découvertes intimes, on chemine dans un univers feutré, où la perfection constamment exigée ne laisse que peu de place à l’épanouissement personnel…

 

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