Article proposé par Exponaute
En 1990, le musée Isabella Stewart Gardner de Boston entrait d’une bien regrettable façon dans l’histoire de l’art. Cette année-là, des voleurs se sont introduits à l’intérieur de l’espace culturel et ont emporté avec eux treize pièces provenant du fonds permanent de l’institution, pour un coût total évalué à 428 millions d’euros. Et parmi les œuvres dérobées, se trouvent deux huiles sur toile inestimables : Le Concert de Johannes Vermeer (peint en 1665) et Le Christ dans la tempête sur la mer de Galilée (vers 1633), seule marine connue de la main du maître de l’âge d’or néerlandais, Rembrandt van Rijn.
Vingt-sept ans plus tard, le butin toujours introuvable, le musée offre la récompense de dix millions de dollars en échanges d’informations fiables sur ce qui a pu advenir des œuvres. L’offre est valable jusqu’à la fin de l’année et elle est la plus importante jamais proposée dans le but de remettre la main sur des œuvres d’art. Si les autorités connaissent l’identité des deux voleurs à l’origine de la rapine (aujourd’hui tous les deux décédés), on ne sait en revanche rien de ce qu’il a pu advenir des œuvres.
Si le FBI, qui suit l’affaire depuis maintenant près de trois décennies, est persuadé que les œuvres sont toujours présentes sur le sol étasunien, d’autres enquêteurs comme le détective Arthur Brand (spécialisé dans la récupération d’œuvres d’art volées) explorent plutôt la piste de l’IRA, qui aurait volé les pièces pour financer ses actions violentes.
Car le temps presse. Les pièces, parmi lesquelles on compte également Paysage avec obélisque (1638) de Govaert Flinck (un des meilleurs élèves de Rembrandt), des peintures de Manet et Degas ainsi que des porcelaines remontant à la période chinoise Shang (1200 – 1100 avant Jésus-Christ), ont disparu depuis maintenant vingt-sept ans et les autorités craignent qu’elles aient été fortement dégradées au fil de la cavalcade des voleurs. La récompense proposée par le musée Isabella Stewart Gardner promet un anonymat total pour l’informateur.
Pour Arthur Brand, la piste de l’IRA doit être explorée. Le FBI s’était initialement tourné vers la trace du mafieux Robert Gentile, aujourd’hui octogénaire tristement célèbre pour trafic de drogue et vente d’armes à feu. Les autorités américaines sont persuadées qu’au moins deux des œuvres volées au musée de Boston sont passées entre ses mains, bien qu’il n’ait pas été personnellement impliqué dans le vol.
Malheureusement, les enquêteurs en sont toujours au même stade depuis trente ans : celui des suppositions. Brand de son côté, appuis sa théorie de l’IRA sur le fait que Boston est une ville très fréquentée par les Irlandais. Il fut un temps où l’IRA n’hésitait pas à dérober des œuvres d’art d’artistes célèbres, invendables, pour les monnayer au marché noir et ainsi trouver des fonds pour leurs actes terroristes.
Anthony Amore, chef de la sécurité du musée Isabella Stewart Gardner et ami d’Arthur Brand, pensent également que les pièces se trouvent toujours aux États-Unis. Mais sans véritable piste fiable, il est délicat de remonter le fil de cette histoire digne d’un scénario pour le cinéma. Car les voleurs, après avoir réalisé leur méfait, ont pris soin de voler les bandes vidéo des caméras de surveillance du musée… Affaire à suivre, donc.
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