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Paysages Bordeaux 2017 : demandez le programme !

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Publié le , mis à jour le
Il semblerait que la côte ouest ait le vent en poupe pour cette année 2017. Entre les 500 ans du Havre, la réouverture du musée d’Arts de Nantes et l’inauguration de la ligne à grande vitesse à Bordeaux : les festivités sont au programme d’un été riche en manifestations culturelles. Aujourd’hui, nous allons nous intéresser à la programmation de la saison Paysages bordeaux 2017 : un événement conçu par la Ville de Bordeaux et Bordeaux métropole qui s’étend sur quatre mois, jusqu’au 25 octobre. Musique, danse, théâtre, arts plastiques : toutes les formes d’art ont été conviées pour rythmer une saison foisonnante à laquelle 120 acteurs culturels et plus de 500 artistes se sont associés.
Antony Gormley

Antony Gormley, Another Time ©  Saison culturelle paysages bordeaux 2017

Depuis le 2 juillet, Bordeaux se trouve à seulement 2h04 de Paris grâce à l’arrivée de la ligne à grande vitesse. Un événement d’ampleur pour la capitale de la nouvelle Aquitaine, soutenu et célébré par une saison culturelle inédite à laquelle les institutions culturelles se sont associées sous une thématique commune : celle du paysage. Un sujet qui fait sens au cœur d’une ville dont la physionomie s’est radicalement métamorphosée ces dernières années, mettant à l’honneur la préservation et valorisation de sa nature remarquable, à l’instar des berges de la Garonne.

Un sujet qui s’inscrit dans une mouvance plus globale compte-tenu de la programmation muséale nationale : au Grand Palais (exposition Jardins), au musée d’Orsay (Paysages mystiques), ou encore dans le cadre du Festival de l’Histoire de l’art organisé à Fontainebleau (thématique nature). Ainsi pour Paysage bordeaux 2017, chacun des artistes et commissaires d’exposition a été invité à réfléchir et proposer une manifestation en lien avec cette thématique, fédératrice et terreau fertile d’interrogations, celles du rapport de l’homme à son environnement et de sa perception de la nature.

Une parenthèse culturelle inédite

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Richard Long, Cornwall Slate Line, 1981 ©  Adagp

Paysage bordeaux 2017 débute dès l’espace public avec l’installation par le sculpteur britannique Antony Gormley de 20 statues anthropomorphiques, perchées, enterrées ou disséminées ça et là dans la ville, avec comme point de départ la gare de Bordeaux. Réalisées à partir du corps de l’artiste et moulées dans du bronze, ces hommes d’1 mètre 90 interpellent le regard, pouvant être perçues comme de « nouveaux habitants » venus peupler la ville.

Déjà connaisseur de la ville de Bordeaux par sa collaboration avec le CAPC (musée d’art contemporain de Bordeaux) depuis le début des années 1980, l’artiste britannique Richard Long est mis à l’honneur au sein de trois espaces atypiques, que ses œuvres magistrales viennent habiter, révéler, éclairer d’une lecture nouvelle. La première est placée dans le hall de la Mairie, elle est formée d’un cercle de pierres levées évoquant la trace laissée par l’homme ; tandis que l’espace Saint-Rémi donne à voir un majestueux chemin minéral composé de marbre blanc des Pyrénées concassé en morceaux.

L’œuvre mesure 14,70 mètres de long et 7,60 mètres de large, sa présence révèle la puissance architecturale du lieu, une église médiévale transformée en centre d’exposition. Cette idée de cheminement est aussi à l’origine de la troisième pièce du parcours montrée dans l’emblématique Grand Théâtre de Bordeaux, usant cette fois de l’ardoise, matériau de prédilection de l’artiste.

Des mondes aquatiques

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© Maitetxu Etcheverria

Ce véritable joyau architectural qu’est le Grand Théâtre de Bordeaux accueille par ailleurs une exposition d’art contemporain conçue avec des œuvres prêtées par le FRAC Aquitaine. En réponse à la spécificité du lieu dédié aux arts de la scène et du spectacle, « Paysages en scène » convoque des œuvres protéiformes (installations sonores, sculptures, peintures, photographies) d’artistes internationalement célébrés; de Robert Mapplethorpe à Cindy Sherman en passant par Diane Arbus ; qui côtoient les œuvres d’artistes émergents, Ann Veronica Janssens ou Marie Loboda, pour certains issus de la scène régionale.

Parallèlement à ce prêt, le FRAC Aquitaine organise la dernière exposition en ces lieux avant son déménagement prévu pour 2018. Cette fois, ancestrale dans l’histoire de l’art, la figure du pêcheur est le point de départ d’une exposition dédiée aux mondes aquatiques, partant du constat que l’eau représente 70% de la surface du globe, et méritait ainsi pleinement de faire l’objet d’une exposition. Depuis toujours la figure du pêcheur a nourri l’imaginaire (on parle de pêche miraculeuse) ; tandis que l’activité de pêche se déroule dans un paysage, qui fut souvent l’objet de récits peints ou photographiés.

« Des mondes aquatiques » nous transporte ainsi au gré d’une quarantaine de propositions depuis les natures mortes du collectif We are the Painters aux fabuleuses « Sea Paintings » de Jessica Warboys, en passant par la « Turlutte japonaise » (pour capturer les calamars géants) de Vincent Carlier et la rencontre avec un animal marin étrange : l’holothurie (aussi connue sous le nom de « concombre de mer ») de Mathieu Mercier.

Black Whole for Whales

Visuel comm Black whole - crédit Florent Larronde

Daniel Firman, Black whole for whales © Florent Larronde

Immersive et envoûtante, l’exposition de l’artiste français Daniel Firman à la base sous-marine de Bordeaux vaut décidément le détour. L’artiste s’empare de ce lieu aux dimensions hors-normes afin d’en révéler toute sa dimension théâtrale et poétique, sa profondeur et sa matérialité. Et le pari est réussi. Trois interventions qui usent tour à tour du son, de la sculpture et du mot. D’abord, Daniel Firman a imaginé une composition sonore à partir de chants de baleine, instaurant une dimension presque cinématographique au lieu peuplé de ses bassins « d’encre noire ».

Quelques pas plus loin et nous tombons face à un éléphant taxidermisé, suspendu au plafond par la trompe ; il tourne sur lui-même, évolue dans une chorégraphie lente et mélancolique. La dernière intervention de Daniel Firman est une œuvre-néon située à l’extérieur du bâtiment, « Something strange happened here », suscitant la curiosité du passant.

Gaspard Dughet Eté ou Pan poursuivant Syrinx vers 1654 ou 1655 Fresque transposée sur toile © Musée des Beaux Arts de Bordeaux F.Deval

Gaspard Dughet, Eté ou Pan poursuivant Syrinx, vers 1654 ou 1655, Fresque transposée sur toile © Musée des Beaux Arts de Bordeaux F.Deval

Ce n’est pas tout : le CAPC de Bordeaux présente une exposition intitulée 4,543 milliards (en référence à l’âge de la Terre) autour de l’extraction de la matière et intimement liée à l’histoire du lieu ; le musée des Arts Décoratifs et du Design a choisi la couleur comme terrain d’investigation de sa nouvelle exposition tandis que le musée des Beaux-Arts de Bordeaux « se met au vert » avec un accrochage entièrement repensé, en rupture avec les codes muséographiques habituels et l’invitation faite à deux artistes contemporains : le « chasseur-cueilleur d’images et de sons » Erik Samakh et, dès l’extérieur du musée, le bordelais Franck Tallon qui dévoile une installation kaléidoscopique, une mise en abîme de paysages réalisée à partir des tableaux de la collection du musée. Alors, conquis ? Il ne vous reste plus qu’à commander vos billets, direction Bordeaux !

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