Article proposé par Exponaute
Un beau livre de plus de six cent pages (si cent douze, pour être tout à fait précis) consacré à un artiste qui n’a créé que pendant dix années de sa courte vie ? C’est la démonstration que propose la maison d’édition Taschen, spécialisée dans le livre d’art. Alors que l’Autriche s’apprête à fêter l’année Egon Schiele en 2018, Taschen de son côté jette un véritable pavé dans la mare, en sortant un livre qui, on s’en doute, est appelé à devenir une référence.
Egon Schiele. L’Oeuvre peint de 1909 à 1918 est une magnifique édition qui entend bien proposer une analyse la plus complète possible sur cet artiste aussi génial que provocateur. Car un rapide coup d’œil dans les rayonnages des librairies nous le confirme : il existe déjà d’indénombrables livres sur la vie et l’œuvre de Schiele.
L’avantage de la publication de Taschen est qu’il offre un panorama parfaitement représentatif de son sujet : sa place centrale dans la vie artistique de la Vienne du début du XXe siècle, le caractère passionné et iconoclaste du peintre, la crudité de ses œuvres à portée sexuelle… Mais pas que ! La parution au format XXL propose en effet un catalogue raisonné des peintures exécutées au cours des dix dernières années de son existence, allant de 1909 à sa mort, survenue le 31 octobre 1918.
La vie d’Egon Schiele fut donc un véritable météore : il est parvenu à ouvrir une voie nouvelle mais aussi hautement tumultueuse dans l’expressionnisme artistique. De son vivant, il choqua les esprits peu enclins à la nouveauté avec ses nus sans concession, ses morphologies déformées (d’aucun dirait torturées) et ses couleurs violentes.
De nos jours, ses dessins et peintures fascinent par leur fougue, leur modernité rare et cette beauté étrange que l’on retrouve dans la difformité de ses modèles. Ce sont donc quelque six cents œuvres qui sont réunies entre les pages éditées par Taschen, des pièces dans lesquelles transparaît une créativité innovante, prolifique et incontrôlable.
Là où Egon Schiele jubile dans la création, le monde de l’art se pince le nez face à la trop grande liberté du trait et crée de toute pièce le scandale que l’on sait. Le jeune artiste agitateur refuse la figuration classique, préférant des dessins noueux et des formes sinueuses pour mieux révéler les tensions sexuelles et les vérités émotionnelles.
Il fut l’élève de Gustav Klimt, aimant l’univers dissident des artistes de Vienne, et peignant sans relâche. Pourtant, malgré ce maître prestigieux, le jeune artiste ne demeura pas longtemps sous la coupe du grand artiste, préférant voler de ses propres ailes. Loin du symbolisme de son maître, il se tourne tout entier vers un expressionnisme d’une violence prégnante et hypnotisante, âgé de seulement dix-sept ans.
Ce caractère passionné, volcanique, géniteur d’un art sans concession, est évidemment décrypté par l’auteur du livre de la maison Taschen, Tobias G. Natter. Spécialiste de l’œuvre de Schiele, Natter a également occupé le poste de directeur du Leopold Museum de Vienne entre 2011 et 2013, avant de monter son propre cabinet d’expertise dans le courant de l’année 2014.
On lui doit également le catalogue raisonné des peintures de Gustav Klimt. Le beau livre est également enrichi de poèmes et textes de la main de Schiele, tandis qu’est démontrée l’influence de l’artiste autrichien sur des créateurs modernes comme Francis Bacon et Otto Muehl.
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