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À Orléans, rencontre avec Perronneau, portraitiste des Lumières

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L’accrochage est d’ampleur et l’on comprend que le Musée des Beaux-Arts d’Orléans soit tout particulièrement fier de présenter cet événement, du 17 juin au 17 septembre. Jean-Baptiste Perronneau, est un nom portant une résonnance particulière dans le cœur des orléanais, puisque le peintre et portraitiste y passa une grande partie de son existence. Plus de cent œuvres ont été réunies pour célébrer ce génie du portrait du XVIIIe siècle, maître du pastel et infatigable voyageur. Cette exposition est une véritable galerie des grandes personnalités du Siècle des Lumières en Europe…
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Jean-Baptiste Perronneau, Aignan-Thomas Desfriches © Musée des Beaux-Arts d’Orléans

C’est toujours un immense plaisir de visiter une exposition appelée à faire date dans le monde muséal, car c’est là la première rétrospective jamais consacrée à l’artiste français Jean-Baptiste Perronneau, portraitiste génial et grand amoureux du pastel. Né aux alentours de 1715 et mort en 1783, Perronneau a véritablement traversé son siècle, comme il a également traversé l’Europe au fil de sa prolifique carrière, suivant ses inspirations, ses commandes et son flair…

En artiste profondément ancré dans son siècle des Lumières, celui-ci s’est logiquement spécialisé dans l’art du portrait ; puisque c’est là le style qui connaît le plus d’engouement en France mais aussi sur le reste du continent. Prolifique, imaginatif, Perronneau fait figure d’emblème pour la ville d’Orléans où il séjourna à de très nombreuses occasions. Rien d’étonnant à constater que depuis la seconde moitié du XIXe siècle, le Musée des Beaux-Arts d’Orléans acquiert régulièrement des créations du peintre.

La dernière en date, un véritable bijou de précision figurant en bonne place au début de l’accrochage, a été achetée au milieu de l’année 2016 : Portrait d’Aignan Thomas Desfriches. L’artiste, ami de Perronneau, pose habillé d’un simple manteau bleu profond, foulard autour du cou et carnet à dessins dans les mains ; un élément qui occupe toute la partie basse gauche de la composition. La maîtrise est stupéfiante, l’intensité du regard du modèle nous hypnotise et on tire de suite notre chapeau au maître.

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Jean-Baptiste Perronneau, Madame de Sorquainville © Musée du Louvre

Une personnalité atypique

Afin de mieux nous faire connaître la vie et l’œuvre de l’artiste, le Musée des Beaux-Arts d’Orléans a opté pour un classique cheminement chronologique. Nous débutons ainsi par les balbutiements artistiques de Perronneau, à travers gravures et dessins, avant de passer devant les tout premiers portraits réalisés par le maître. En début de carrière, on sent que l’artiste maîtrise moins les portraits féminins, peut-être était-il impressionné par les attentes particulièrement exigeantes de ces dames ?

Toujours est-il que la main ne tarde pas à s’affermir, les touches de pastel se fondent davantage les unes dans les autres, les traits s’assurent. La technique est là, la maîtrise est évidente. En toute logique, Perronneau connaîtra un succès fulgurant à Paris. En 1756, il devient peintre du roi, mais ce serait mal connaître le personnage que de penser qu’il allait se reposer sur ses lauriers. Au contraire l’artiste, palette et boîte à pastels sous le bras, part pour Bordeaux en quête d’une nouvelle clientèle… avant de poser ses valises quelques temps plus tard à Toulouse. Celle-ci possède une Académie des Arts, Bordeaux n’en a pas.

Probablement piqué par le virus du voyage, Perronneau se déplace jusqu’à Rome, et ce pour mieux remonter en direction de Londres. Objectif à atteindre : une exposition des portraits de personnalités influentes des cours européennes à la Royal Academy. Et après l’Angleterre, direction les Pays-Bas, où il n’eut aucune difficulté à se créer un riche carnet d’adresses auprès de l’aristocratie de ce pays, très friande de ses portraits à l’huile comme au pastel.

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Jean-Baptiste Perronneau, Portrait de gentilhomme © Musée des Beaux-Arts d’Orléans

Redécouverte

Il est donc surprenant d’apprendre qu’après sa mort, survenue à Amsterdam, Perronneau soit vite tombé dans l’oubli. Cet abysse s’explique probablement par le goût de l’artiste pour les voyages à travers les grandes villes européennes, où il se déplaça pour sans cesse chercher de nouveaux visages.

Ses portraits bien sûr, étaient collectionnés et figuraient en bonne place dans les possessions de nombreux amateurs d’art… mais souvent sous un mauvais nom. Il faut attendre le retour en grâce du pastel au cours de la seconde moitié du XIXe siècle pour que Perronneau soit enfin de nouveau très apprécié. L’exposition du Musée des Beaux-Arts d’Orléans est à la hauteur du grand peintre et il faut aller la découvrir !

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