Article proposé par Exponaute

De rares dessins de Raphaël exposés pour la première fois en Angleterre

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C’est incontestablement un coup de maître que vient de réaliser l’Ashmolean Museum d’Oxford, au Royaume-Uni. L’institution culturelle d’Angleterre est en effet parvenue à rassembler pas moins de cent vingt œuvres de l’artiste de la Renaissance italienne, rarement montrées pour une large majorité d’entre elles. Des dessins d’une beauté exquise, considérés comme les plus aboutis du grand artiste mort à Rome en 1520.
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Têtes et mains de deux apôtres, vers 1520 © Ashmolean Museum

« Un événement que l’on ne connaît qu’une seule fois dans sa vie ». C’est en ces termes élogieux que le directeur du Ashmolean Museum d’Oxford, Alexander Sturgis, a décrit l’exposition qui doit ouvrir ses portes le jeudi 1er juin. Une exposition qui est parvenue à rassembler dans les mêmes murs parmi les plus grands dessins du maître de la Renaissance italienne, en tout et pour tout cent vingt dessins par le génie de du XVIe siècle, Raphaël (1483–1520).

Pour retrouver la dernière fois qu’une exposition de dessins de Raphaël s’était tenue au Royaume-Uni, il convient de remonter à 1983, où une sélection de croquis de l’artiste mort prématurément avaient été tirés de la British Collection et exposés au sein du British Museum, pour le plus grand bonheur des visiteurs du célèbre musée londonien. Mais cette fois-ci, le Ashmolean Museum frappe encore plus fort, exposant dans une lumière tamisée et dans des vitrines bien hermétiques des œuvres qui n’ont que peu (voire pas du tout) été montrées au grand public.

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Étude pour les Trois Grâces, vers 1517 © Royal Collection Trust

Mais qui dit exposition d’art graphique, dit intrinsèquement grande fragilité des pièces présentées dans les salles du parcours. Ces dessins vieux de plus de cinq cents ans sont en effet particulièrement sensibles aux manipulations, ainsi qu’à l’exposition à l’air et à la lumière. Aussi sont-ils très rarement présentés au grand jour. Le musée situé en plein cœur d’Oxford a donc puisé dans son propre fonds permanent afin d’en extraire des pièces exceptionnelles de Raphaël, au nombre de cinquante.

Pour le reste, il aura fallu emprunter à diverses institutions muséales dans le monde, comme la Royal Collection, le British Museum, la Galerie des Offices de Florence, ainsi que vingt-cinq rares pièces issues de l’Albertina de Vienne. Quant à l’œuvre phare de l’exposition, le dessin intitulé Tête de Femme, elle a été prêtée par un collectionneur américain qui avait remporté l’œuvre lors d’une vente aux enchères organisée par la maison Christie’s. La feuille s’était envolée pour 30 millions de livres sterling.

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Étude pour la Charité, vers 1519 © Ashmolean Museum

Raphaël est passé dans la légende de l’Histoire de l’art pour avoir été considéré, dès son plus jeune âge, comme un véritable génie du dessin. Mort prématurément à l’âge de trente-sept ans, harassé par le travail et les soucis. Vasari, le fameux biographe des maîtres de la Renaissance italienne à l’instar de Léonard de Vinci, Michel-Ange et bien sûr Raphaël, disait de ce dernier qu’il égalait Michel-Ange en peinture et en dessin, mais qu’il était doté d’un caractère plus doux et sociable, là où le peintre de la Chapelle Sixtine était renommé pour son talent autant que pour son mauvais caractère !

Aussi était-il promis à une longue et brillante carrière, si le destin n’en avait pas décidé autrement. Ses clients étaient aussi bien princes que papes, tandis que ses dessins étaient déjà collectionnés par des amateurs éclairés du temps de son vivant ; une passion qui continue d’animer les passionnés d’art encore aujourd’hui. Fier mais aussi admiratif, il osa envoyer un de ses dessins au (très) grand Albrecht Dürer, qui en demeura stupéfait.

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Homme portant un vieillard, vers 1514 © Albertina Museum, Vienna

L’exposition cherchera cependant à écorner quelques clichés. Les dessins de Raphaël n’ont jamais été de simples œuvres préparatoires destinés à « se faire la main » avant l’exécution d’une peinture. Au contraire, on ressent dans les œuvres du maître un véritable plaisir dans l’exécution des feuilles présentées dans le parcours, preuve qu’il les réalisait avant tout pour lui, pour s’entraîner, pratiquer. Ce sont des œuvres d’art en elles-mêmes, pas de simples croquis condamnés à disparaître une fois l’œuvre finale achevée. Si jamais dans les semaines à venir, vous passez du côté d’Oxford, amis d’Histoire de l’art, vous savez ce qu’il vous reste à faire !

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