Article proposé par Exponaute
Mohenjo Daro, un nom qui suffit à mettre des étoiles dans les yeux de nombre d’archéologues. Il s’agit en effet d’un site qui abritait une ancienne cité, dont les ruines sont en bon état de conservation, source d’informations précieuses quant à l’ancienne civilisation disparue à laquelle la ville se rattachait. On estime que Mohenjo Daro fut construite au cours du IIIe millénaire avant Jésus-Christ et aurait été abandonnée aux alentours du XVIIIe siècle avant notre ère.
Si les raisons de ce brutal départ demeurent encore inexpliquées, les chercheurs s’orienteraient vers la piste d’un changement du cours du fleuve Indus, dont la prospérité de la ville dépendait entièrement. Or, les vestiges en bon état de cette cité pourraient recéler les clés des mystères de la civilisation de l’Indus, qui serait apparue aux alentours de –3000, et dont la chute demeure encore à ce jour nimbée de mystère.
Le site est connu et fouillé depuis sa découverte, en 1920. Les plans de la cité, très en avance sur leur temps, reposent sur une organisation en quadrillage, proposant ainsi des rues droites et de vastes boulevards. Toits en terrasse, escaliers, bains publics et système d’égouts complètent le portrait d’une civilisation à l’organisation très avancée et astucieuse.
Le professeur Michal Jansen, rencontré par une équipe de l’AFP, travaille depuis des décennies à Mohenjo Daro et s’efforce à faire connaître ces vestiges au plus grand nombre. Si le grand public connaît parfaitement la civilisation égyptienne, celle de l’Indus demeure encore dans l’ombre, ignorée de tous au beau milieu de la province orientale du Sindh, à quelques distances des rives du fleuve Indus. Mais la situation serait-elle en train de changer ?
Michael Jansen, docteur en archéologie, œuvre de toutes ses forces à promouvoir ces vestiges à l’international, tout en veillant cependant à la grande préservation des ruines. L’actualité internationale étant ce qu’elle est, les archéologues travaillant sur place craignent en effet les violences de différents groupuscules islamistes (actifs au Pakistan) qui, on l’a vu, n’hésitent nullement à s’en prendre aux ruines préislamiques.
Si Mohenjo Daro est si précieuse aux yeux des archéologues, c’est parce que l’ancienne cité pourrait contribuer à percer les mystères qui entourent encore l’ancienne civilisation de l’Indus (vers 5000 avant J-C – 1900 avant Jésus-Christ), une civilisation de l’Antiquité dont la zone géographique s’étendait principalement dans la vallée du fleuve du même nom, dans le sous-continent indien, autour du Pakistan actuel.
Cette civilisation était tombée dans l’oubli jusqu’à sa redécouverte au début des années 1920. Elle représente, avec les civilisations égyptiennes et mésopotamiennes, une des toutes premières civilisations pratiquant l’écriture, l’agriculture, et la construction de villes. Aujourd’hui, on ignore encore pourquoi cette civilisation a disparu.
Toujours est-il que Mohenjo Daro représentait le cœur urbain de la civilisation de l’Indus. On a retrouvé sur le chantier de fouilles des pièces de monnaie à la taille et au poids standardisé, des jouets, des bijoux en or et en bronze, des sceaux faits de métal et de cuir… Autant d’éléments qui attestent d’un monde florissant. De même, l’organisation des rues de la ville (qui donnent accès à l’ensemble de la cité) prouve que cette culture devait être relativement égalitaire, soucieuse de l’entretien de son lieu de vie et peu empesée par un système de castes sociales.
Mais à l’heure actuelle, aucune nouvelle fouille ne doit être menée sur cette ancienne ville figurant parmi les six sites du Pakistan classés au Patrimoine Mondial de l’Unesco. Pourtant, seule une maigre portion des ruines a été fouillée, ce qui prouve que de nouvelles découvertes peuvent encore être faites. Mais demeure l’éternel débat sur la préservation de la zone archéologique.
Doit-on lancer de nouvelles fouilles alors que les fonds manquent ? Doit-on attendre de meilleures conditions en se disant que ce qui est encore enterré ne risque pas de souffrir ? Doit-on faire encore connaître le lieu au grand public sachant qu’il est déjà très peu surveillé et que des visiteurs s’y promènent sans prendre garde à ce qu’ils foulent du pied ? Le débat est ouvert…
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