Article proposé par Exponaute

Portraits d’architectes, du XVIIe siècle à nos jours

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Jusqu’au 4 septembre prochain, la Cité de l’Architecture de Paris propose un nouveau parcours temporaire absolument passionnant, bien ficelé et instructif, qui cherche à décrypter le rôle de l’architecte dans la société française et l’image qu’il véhicule depuis l’Ancien Régime. Comment était considérée cette profession, quatre siècles en arrière ? Comment expliquer l’engouement d’aujourd’hui pour ces personnages devenus de véritables célébrités ? Voici quelques éléments de réponse…
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© Cité de l’Architecture et du Patrimoine, 2017

Si on vous dit Frank Gehry, Santiago Calatrava, Le Corbusier ou encore Jean Nouvel, il y a de fortes chances pour que vous bondissiez de votre chaise avant de vous écrier : « Mais oui, ce sont tous de grands architectes ! » Affirmatif ! Ces personnages influents des XXe et XXIe siècles ont marqué non seulement l’histoire de l’architecture du monde moderne et contemporain. Cependant…

Il y a beaucoup de grands créateurs, concepteurs, inventeurs, qui travaillent chaque jour à de grands œuvres sans pour autant que leurs noms soient parfaitement connus du grand public. Mais alors, qu’est-ce qui a bien pu se passer ? Comment expliquer que ces architectes soient devenus de véritables stars, très recherchées, présentes dans la presse, célèbres dans l’imaginaire populaire ?

C’est à toutes ces réponses que tente de répondre la Cité de l’Architecture avec son nouveau (et brillant, mais avec ce musée, on commence à être habitué !) parcours temporaire. L’exposition intitulée « L’architecte : portraits et clichés » se propose donc de décrypter l’architecte en tant que personnage public, en faisant appel à l’iconographie, à l’histoire, à la sociologie voire au cinéma.

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Philippe de Champaigne, Portrait de Jacques Lemercier, 1644 © Châteaux de Versailles

Deux hommes, deux temps

Prenons l’exemple de deux pièces figurant en bonne place dans le parcours de cette exposition très intéressante. La première œuvre est un portrait de l’architecte Jacques Lemercier, exécuté par le peintre Philippe de Champaigne en 1644. L’œuvre fait partie des fonds du Château de Versailles. La seconde œuvre qui nous occupe est un cliché de l’architecte Claude Parent pris par le photographe Masson ; un célèbre portrait dit « à l’équerre », car le modèle semble ici s’amuser de cette séance de pose en dédramatiser le moment en jouant avec une équerre en plastique.

À main droite donc, une œuvre extrêmement formelle, un tableau peint dans l’optique de vanter une personne, une fonction, un statut social enviable. À main gauche, une photographie certes à l’atmosphère amusante, mais qui contribue à entériner quelques symboles que l’on lit indéfectiblement au mythe de l’architecte : l’équerre, le crayon graphite, les plans, la table de travail…

Pourtant, les symboles ont toujours été présents, que ce soit de notre temps où il y a plusieurs siècles. Sur le portrait de Philippe de Champaigne, on note que Jacques Lemercier tient dans sa main un feuillet minutieusement roulé.

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C. Masson, Claude Parent, Portrait à l’équerre © Fonds Parent – Cité de l’architecture & du patrimoine

Vanter par l’image

Peu de chance que ce papier soit une lettre, c’est en jetant un coup d’œil à l’arrière-plan du tableau que l’on comprend véritablement de quoi il s’agit : le personnage tient en fait entre ses doigts les plans d’une de ses plus brillantes réalisations, à savoir la chapelle de la Sorbonne, dont on peut détailler la coupole dans le fond de cette huile sur toile.

Ainsi Lemercier porte-t-il un costume traditionnel, tout de noir, en guise de marqueur social évident tandis que les détails de l’huile sur toile vantent sa fonction et ses plus belles constructions. Il se trouve ainsi glorifié autant par la richesse de ses parures comme par son œuvre que l’on admire au-dessus de son épaule. Ces mêmes symboles sont également omniprésents sur la photographie de Claude Parent, la seule différence étant qu’ils ont évolué avec le temps.

Cette photographie de l’architecte disparu en février 2016 le prouve : la mise en scène ne date pas d’hier, seuls les moyens ont quelque peu changé au fil des siècles. La photographie, omniprésent dans nos sociétés, contribue à la célébrité d’un personnage et peut réussir, à elle seule, à le hisser au rang de star, de personnalité mondialement célèbre et ce, sans même avoir à montrer une seule construction élaborée par l’architecte… Autre temps, autres mœurs.

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