Article proposé par Exponaute
Que peuvent donc avoir en commun les peintres Odilon Redon, Paul Signac, Maurice Denis, Paul Cézanne, Edouard Vuillard… ? C’est très simple : tous vouaient une admiration sans borne à l’artiste Eugène Delacroix (1798–1863), inénarrable peintre du courant Romantique à qui l’on doit, entre autre, La Liberté guidant le Peuple qu’on ne présente évidemment plus. Quelques mois après la mort de l’artiste, fut organisée une vente après-décès de ses effets personnels (car Delacroix n’avait pas d’héritier) qui révéla à toute une jeune génération d’artistes, l’existence d’un Delacroix éminent dessinateur, dont on ne soupçonnait que peu l’existence.
La révélation de tous ces dessins, esquisses et carnets de croquis fit que, quand bien même Eugène Delacroix n’enseigna jamais, il se trouva bien malgré lui un grand nombre d’artistes prêts à reprendre le flambeau de la création française et désireux de se réclamer de lui. Tous dans le même temps, ces peintres se mobilisèrent dans l’objectif de sauver de l’oubli le dernier atelier dans lequel travailla Eugène Delacroix, celui-là même qui accueille aujourd’hui le musée au nom du peintre, cis au 6 rue de Furstenberg, dans le VIe arrondissement de Paris.
Cette exposition, organisée directement dans les salles du parcours permanent de l’institution, prend donc la forme d’un double-hommage. Le premier est rendu aux artistes qui se sentirent inspirés par Delacroix au point de faire référence à ce grand maître de l’art dans nombre de leurs peintures : Paul Gauguin, Odilon Rodon ou Paul Cézanne, dont de superbes toiles jalonnent le cheminement muséal de cette charmante et discrète institution culturelle parisienne.
Le second est rendu à tous ces créateurs de la Société des Amis d’Eugène Delacroix, association qui fut présidée par le peintre nabi Maurice Denis (1870–1943).Maurice Denis et son cercle d’amis peintres figurent en effet parmi les premiers à avoir eu accès à la première édition de l’imposant Journal de Delacroix, ainsi qu’à une sélection de sa correspondance. Cette plongée dans la psyché, dans les pensées intimes du créateur romantique, a aidé cette génération (Bernard, Desvallières, Bonnard…) entière à considérer Delacroix comme un véritable phare artistique.
Tandis que son œuvre glanait une dimension encore plus riche grâce à la découverte puis la dispersion de ses dessins, on dévoilait tout dans le même temps un Delacroix auteur, diariste ; et qui faisait montre d’une plume plutôt fine. Delacroix rédigeait aussi bien des textes tout à fait personnels que des lettres à sa famille en passant par des écrits tout à fait théoriques sur l’art pictural. Voilà un infatigable travailleur, qui excellait dans tout ce qu’il entreprenait.
Voilà donc une exposition qui a tout pour séduire. L’accrochage aborde aussi bien des sujets historiques (retour sur la genèse de la création du Musée Delacroix) que bien sûr artistiques (avec de magnifiques oeuvres signées Gauguin, Redon ou Denis). On va de découverte en découverte, on admire des toiles peu ou pas connues (nombreuses résultant de prêts de la part de collections privées) et on en ressort absolument ravi !
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