Article proposé par Exponaute
Comme toujours dans la salle d’exposition du 1er étage du Musée de l’Homme, le parcours muséal proposé est très court, mais ce choix de présenter un nombre d’œuvres très restreint n’en dessert pas pour autant le propos défendu par l’accrochage. Avec ce nouvel événement temporaire (qu’il est possible de visiter jusqu’au 10 juillet 2017), le Musée de l’Homme a rassemblé autour d’un même propos dix photographes de trois nationalités différentes.
Céline Anaya Gautier, José Bassit, Robert Charlotte, David Damoison, Claudia Edinger, Mirtho Linguet, Fabrice Monteiro, Samuel Nja Kwa, Véronique Vial et Adolphe Catan (ce dernier est mort en 1979) sont brésilien, français ou africain. Tous traitent, au travers de leur travail photographique, des thématiques sensibles de l’esclavage dans le monde. La date d’ouverture de l’exposition, par ailleurs, n’a pas été choisie au hasard : le 10 mai qu’en France, les commémorations de l’abolition de l’esclavage ont lieu.
Le constat est donc rapidement établi : aujourd’hui, il est possible d’évoquer, de commémorer l’esclavage. On peut en débattre, l’analyser et produire des œuvres artistiques en rapport à lui. Pourtant, cette libération de la parole n’a pas toujours existé, loin s’en faut : le sujet fut, durant des décennies, refoulé, critiqué, masqué. Savoir que l’Homme a pu réduire l’Homme a l’état de chose, d’objet, de bien matériel sans âme ni droits, est bien sûr pénible à évoquer, encore davantage à accepter.
Après un premier tout dans cette exposition, un premier constat s’établit bien rapidement : les styles photographiques sont tous extrêmement variés. Si les photographies sont rapprochées par un même thème, il n’est pas possible d’établir une esthétique commune pour cet accrochage. Chaque artiste impose son propre sens de la composition, sa recherche personnelle de la lumière, son envie de raconter une histoire par des codes visuels qui lui sont propres.
C’est ainsi que le visiteur de l’exposition découvre du travail aussi bien argentique que numérique, des portraits mis en scène et photographiés en couleurs, des clichés qu’on penserait presque à portée ethnologique, des moments de vie en noir et blanc, et même des séances de pose réalisées en studio à l’aide d’un éclairage précisément mesuré et d’un fond gris uni pour mieux focaliser l’attention sur le modèle. La diversité semble donc un autre maître-mot de ce parcours étonnant et plein de bonnes surprises.
Certains photographes ont initialement travaillé dans l’univers de la mode, ce qui dote leurs clichés d’une atmosphère surprenante au vue du sujet abordé. D’autres se sont très vite investis dans le monde de l’humanitaire tout en réalisant, en parallèle, un travail très proche du photojournalisme. D’autres encore, ont grandi en Afrique et y sont finalement revenus une fois l’âge adulte venu, comme un retour aux sources.
Diversité, surprises et photographies très travaillées attendent le visiteur au Musée de l’Homme pour, via l’art, parler d’un sujet difficile. « Impressions mémorielles » est un parcours intéressant comme sait les bâtir l’institution parisienne. On peut donc y aller les yeux fermés, la déception sera aux abonnés absents.
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