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Quand Miquel Barceló investit la ville de Salamanque !

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Cela fait maintenant huit cents ans que la ville de Salamanque, à l’ouest de l’Espagne, peut s’enorgueillir d’accueillir une Université influente et qui rayonne de prestige dans tout le continent européen. Et afin de fêter comme il se doit cet anniversaire canonique, la ville a invité l’artiste contemporain espagnol Miquel Barceló à prendre possession de la cité, en lui laissant carte blanche de sorte à y installer ses œuvres. La grande majorité, immenses et touchantes, ont été créées spécialement à cette occasion.
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Miquel Barceló réalisant la fresque L’arche de Noé © El País, 2017

L’univers de Miquel Barceló est reconnaissable entre tous. Depuis quelques jours, on peut croiser dans les rues de la bouillonnante Salamanque des créatures étranges, des corps humains distendus, des dragons fougueux que l’on croirait sortis des tapisseries du Moyen-Âge, des céramiques aux couleurs de feu… Pas de doute, l’artiste espagnol né sur l’île de Majorque a bel et bien investit les lieux.

Le créateur est en effet la tête d’affiche d’une exposition majeure, étendue dans toutes les institutions culturelles et places principales de Salamanque, avec pas moins de quatre-vingts œuvres créées tout particulièrement pour cette occasion. Cette exposition est la première d’une telle ampleur en Espagne depuis l’événement du Caixa Forum à Madrid.

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© El País, 2017

Mais à anniversaire important, il fallait bien une exposition importante. L’université de Salamanque fête en effet cette année les huit cents ans de sa fondation, ce qui fait d’elle une des institutions éducatives les plus anciennes de la planète. Initialement, le directeur de l’Université avait contacté Miquel Barceló dans le seul but de lui proposer de dessiner le logo de l’anniversaire de l’institution. Mais au bout du compte, les deux hommes s’entendant à merveille, l’idée d’une exposition majeure est née peu à peu.

Il ne restait plus qu’aux deux nouveaux amis de contacter le maire de Salamanque, Alfonso Fernández Mañueco dans le but de lui parler du projet, et le tour était joué ! Car il faut le souligner : l’édile n’a pas tardé à dire oui à cette idée extravagante de quatre-vingts œuvres qui prendraient possession de la commune espagnole.

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© El País, 2017

Que peut-on alors retrouver, dans cette exposition en plein air et dans les centres culturels de Salamanque ? Rien de moins que ce qui fait la « patte » de Barceló depuis des années : des fresques aux teintes terreuses, aux dimensions titanesques, beaucoup de céramique, une illustration flamboyante de la vivacité des arts du feu dans notre époque contemporaine, des inspirations issues de l’Antiquité et du Moyen-Âge, sans pour autant que les créations ne regardent vers le passé avec une pointe de nostalgie.

La ville de Castille est en effet riche d’une longue histoire, et les œuvres du créateur espagnol devaient aussi bien refléter ce long et fructueux passé, tout en célébrant l’art contemporain dans sa joyeuse diversité de création. Le pari semble réussi : pour quelques semaines, Salamanque l’Ancienne s’est transformée en véritable épicentre de la création artistique de notre temps.

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© El País, 2017

Souvenons-nous. En 2002, Salamanque eut le privilège d’être nommée Capitale Européenne de la Culture et l’artiste qui fut choisi comme figure de proue à cet événement était Auguste Rodin. Miquel Barceló, en guise de clin d’œil au grand sculpteur français, a choisi d’installer plusieurs de ses propres sculptures à l’endroit-même où celles du maître du XIXe siècle se trouvaient il y a quinze ans maintenant. Un hommage bien sûr, mais aussi une réinvention, puisque certaines œuvres reprennent les postures des fameux Bourgeois de Calais.

Mais les thématiques préférées de Barceló ne sont pas en reste : thématiques religieuses avec des évocations de l’épisode du Mont des Oliviers dans le Nouveau Testament, souvenances de ses lectures de la Divine Comédie de Dante Alighieri, représentation du règne animal… Quant à la fresque appelée L’arche de Noé, réalisée depuis 2014, elle dormait depuis tout ce temps dans l’atelier parisien de l’artiste et n’avait encore jamais été montrée au public. Une belle surprise donc, que celle qui est faite par l’espagnol aux habitants et visiteur de Salamanque.

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© El País, 2017

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