Article proposé par Exponaute

Le Baroque des Lumières au Petit Palais : un exemple de scénographie

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Depuis le 21 mars dernier et jusqu’au 16 juillet prochain, le Petit Palais de Paris propose au grand public un parcours d’une richesse étonnante, pour un sujet rarement abordé par les institutions muséales : la peinture religieuse dans les Églises de France et ici plus précisément, dans les lieux de culte parisiens. Saison XVIIIe oblige, c’est sur cette période artistique que se centre le propos du Petit Palais. Mais au-delà des œuvres magnifiques et du propos passionnant qui est abordé, il convient également de s’attarder sur une scénographie qui, chez exponaute, nous a particulièrement plu. Décryptage.
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François Lemoine, La Vierge en gloire, 1732 © Ville de Paris – COARC – Claire Pignol

On le sait, pour peu qu’une scénographie ait été tout particulièrement travaillée, elle est capable de prolonger l’expérience de visite au point de l’approfondir. Un visiteur en immersion est un visiteur qui retiendra davantage ce qu’il aura découvert sous les cimaises d’une exposition temporaire, baignant comme il se sentira dans toute une époque, une période donnée, un style précis.

Et force est de constater que le Petit Palais de Paris a parfaitement compris cet enjeu. À l’occasion de la tenue de l’exposition « Le Baroque des Lumières  », l’institution a, on va vite le constater, tenu à faire les choses en grand. Le propos du parcours temporaire se propose de revenir sur la peinture religieuse dans les églises parisiennes : comment cet art a connu un court mais flamboyant renouveau au XVIIIe siècle, époque des Lumières, quels étaient les thématiques privilégiées, comment les artistes cherchaient à obtenir coûte que coûte ces commandes prestigieuses, promesse d’un beau coup de pouce à leur carrière…

Et plein d’autres aspects encore, dont nous vous avions parlé dans un précédent papier. Alors, transformer l’intérieur des salles d’exposition temporaire du Petit Palais en véritable église, cap’ ou pas cap’ ? Il faut en convenir : l’institution a réussi le pari, haut la main.

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Scénographie : Véronique Dollfus

Un chemin précis

Suivant scrupuleusement le parcours muséal de l’accrochage, la scénographie a cherché à articuler les diverses étapes selon la logique d’un parcours ecclésial. Voilà qui n’est pas chose simple : comment parvenir à rendre compte de la complexité inhérente à une construction religieuse comprenant deux nefs, flanquée de ses espaces annexes ? Comment faire pour que les étapes de l’exposition conservent leur identité et leur propos précis tout en les insérant dans un cheminement scénographique qui cherche à reprendre l’aspect d’une église ? Le Petit Palais y est pourtant parvenu.

C’est ainsi que le visiteur de l’exposition passe en premier lieu sous un porche auquel se joint un baptistère circulaire, une sorte d’avant-goût à l’impressionnante nef baroque qui attend le visiteur et le fait pousser à coup sûr, un cri d’exclamation. Tout y est : la couleur, les murs de teinte claire pour refléter la lumière, les quelques marches basses menant à l’autel et bien sûr, les huiles sur toile à sujet religieux. Chaque œuvre présentée dans le parcours se trouve d’ailleurs magnifiée par des arcades de bas-côté, des autels, tandis qu’à travers les arcs du chœur, le public peut détailler la présence d’un déambulatoire.

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Jean Jouvenet, La visitation de la Vierge ou Le Magnificat, 1716 © Pascal Lemaître / dist. Centre des monuments nationaux

Une idée brillante

Viennent ensuite les indispensables chapelles, dont la Chapelle des Enfants Trouvés qui a été entièrement recréée dans les proportions de l’originale qui, elle, a disparu de nos jours. Puis, le visiteur passe des chapelles à la sacristie, qui elle-même mène au déambulatoire que l’on avait pu deviner en début de parcours. Après la découverte d’un ultime chevet, les amoureux d’art baroque achèvent leur parcours muséal en évoluant à l’intérieur d’une nouvelle nef, cette fois-ci de style néo-classique bien plus tardive, mais qui nimbe les œuvres présentées d’une aura minérale, quelque peu froide, mais indéniablement somptueuse.

Le Petit Palais a donc constitué là un écrin absolument idéal pour son exposition « Le Baroque des Lumières ». On ne peut que vous conseiller vivement de visiter cette très belle exposition, qui est à l’affiche jusqu’au 16 juillet prochain !

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