Article proposé par Exponaute

Rôle, image, légende : portrait de l’architecte à la Cité de l’Architecture

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Nous le constatons avec bonheur à chaque nouvel accrochage, et celui-ci ne fait heureusement pas exception à la règle : les expositions de la Cité de l’Architecture sont toujours excessivement intéressantes, quand bien même vous n’êtes absolument pas versés dans les méandres de ce domaine séculaire. Avec le nouveau parcours : « L’architecte : portraits et clichés », la Cité de l’Architecture sur la place du Trocadéro propose un cheminement qui ne s’attarde non pas sur le domaine d’expertise, mais bien sur l’architecte en lui-même. Découverte d’un nouvel accrochage aussi réjouissant qu’instructif…
18. Portrait de Claude Parent à l'équerre - CAPA

Portrait de Claude Parent à l’équerre © CAPA – Cité de l’Architecture

Proposer un parcours muséal qui retracerait le rôle mais aussi et surtout l’image de l’architecte, de l’Antiquité à nos jours ? Aussitôt dit, aussitôt fait ! Le visiteur de la Cité de l’Architecture est donc convié à un véritable voyage dans le temps pour cette nouvelle exposition temporaire : « L’architecte : portraits et clichés ». Que doit-on comprendre dans ce parcours ? L’architecte fut-il élevé au rang de star à une époque donnée ? Sans nul doute. Cette célébrité fut-elle vraie pour tous les siècles passés ? Rien n’est moins sûr.

Afin d’illustrer ce complexe mais passionnant propos, la Cité de l’Architecture de Paris a opté pour une exposition à l’organisation chronologique et thématique. C’est ainsi qu’en toute logique, le parcours débute avec l’Antiquité : évocation de la figure d’Imhotep, personnage emblématique aux multiples talents de l’Égypte ancienne, passage par le rôle « d’architecte de l’univers » de Dieu, un détour par la Rome antique qui ne laissa filtrer que très peu d’informations quant aux architectes de ses temples et amphithéâtres…

Bien peu de chose, également, à relever durant toute la période du Moyen-Âge. Une évidence s’impose : il va falloir avancer un peu plus dans la chronologie de l’Homme pour pouvoir rencontrer l’architecte-star auquel nous pensons tous, du Corbusier à Frank Gehry en passant par Santiago Calatrava.

Jacques Lemercier (1590-1660), architecte

Philippe de Champaigne, Portrait de Jacques Lemercier © Château de Versailles

Le prestige par l’image

L’état des lieux n’opère une mutation qu’en atteignant le Grand Siècle, dans la chronologie de l’exposition temporaire. Autour du visiteur, se dévoilent portraits de cours, gravures diffusant le visage des créateurs, bustes coulés dans le bronze, tenues d’apparat et perruques poudrées des grands jours. Que s’est-il passé ?

L’époque correspond tout simplement à une période d’intense production urbanistique : les grandes villes de France se dotent de places royales, de palais somptueux, d’immeubles particuliers. L’architecte, enfin, peut installer sa légitimité et assoir sa notoriété, lui à qui on doit les chefs-d’œuvre architecturaux qui jalonnent les rues de France et de Navarre.

Mais c’est également à partir de cette même époque que plusieurs critères esthétiques commencent à se mettre en place concernant l’architecte en tant que personnage public : les poses se répètent, les accessoires reviennent régulièrement, et deviennent presque des attributs classiques au même titre que la Chouette d’Athéna ou la Caducée d’Asclépios. À la différence que les instruments sont ici des équerres, des plans ou des compas.

L'ARCHITECTE LOUIS VISCONTI

Théophile Vauchelet, Louis Visconti, architecte © Musée Carnavalet

L’habit fait le moine

Au Premier Empire, si l’éloge de l’architecte perdure, certains codes vestimentaires sont drastiquement revus. Exit les vêtements riches et brodés d’or, place à la chemise blanche et à l’habit noir ; le plus sobre sera le mieux. La gloire ne se représente plus sur les attributs, mais elle auréole d’elle-même certains grands noms qui sont depuis entrés dans la légende : Victor Baltard, Henri Labrouste, Charles Percier font aujourd’hui partie du Panthéon des plus grands architectes de l’Histoire de France.

Une place majeure est également accordée dans le parcours à l’inénarrable Charles Garnier qui, aussi bien adulé que détesté, fit les beaux jours de la presse satirique qui était alors en plein développement dans l’Hexagone de la seconde moitié du XIXe siècle.

22. B.Zehrfuss, R.Camelot et Jean de Mailly sur le chantier du CNIT - CAPA

B. Zehrfuss, R.Camelot et Jean de Mailly sur le chantier du CNIT © CAPA

Architecte Numérobis

Aux temps moderne, le portrait de l’architecte star se pratique toujours, seul le médium a changé. Exit la peinture, place à la photographie qui occupe désormais une place irremplaçable dans la diffusion de l’information et la promotion d’un grand personnage.

Vous l’aurez compris : le nouveau parcours de la Cité de l’Architecture est sans conteste d’une grande qualité. Il convient cependant d’aller voir et revoir cette exposition, tant son contenu est riche, précis, détaillé et plein de surprise (si si on vous assure, il y a même un extrait d’Astérix : Mission Cléopâtre en fin de parcours !) Une fois de plus, le musée parisien nous comble !

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