Article proposé par Exponaute
La première impression qui nous vient à l’esprit au moment de quitter les couloirs ombragés de la nouvelle exposition de la Maison du Japon, est certainement celui du foisonnement. Si l’on a pénétré dans ce nouveau parcours temporaire en ignorant tout de l’architecte Junzō Sakakura, il y a fort à parier que nous en ressortirons au fait de toute sa carrière, son influence, son importance ainsi que sa postérité.
Partout dans ce cheminement, de longs textes explicatifs, des plans, des maquettes, des croquis, des exemples de mobilier, des photographies, des extraits de correspondance… Tant d’éléments qui cherchent à nous faire pénétrer dans la psyché même de ce créateur de génie, aux aspirations de grandeur et aux ambitions importantes.
Au premier abord, on pourrait se sentir impressionné par cette scénographie où les informations foisonnent, mais la Maison du Japon a réussi à tenir le pari de monter un parcours d’une grande richesse, tout en proposant un cheminement véritablement fluide pour les visiteurs. Quatre parties distinctes nous guident : les années 1930 à Paris, l’architecture en temps de guerre, le musée à croissance illimitée et enfin, œuvres emblématiques du paysage urbain japonais.
Qui aurait pu prédire une carrière aussi foisonnante à ce fils de brasseur de saké, né dans le département de Gifu ? Les aspirations personnelles, les brillantes études et les choix audacieux ont aidé à l’accomplissement d’un grand destin. Ce n’est autre qu’à Junzō Sakakura que l’on doit le Pavillon du Japon, présenté à l’occasion de l’Exposition Internationale de Paris en 1937.
Une construction qui a marqué les esprits de son époque, et qui lui a permis de remporter le Grand Prix d’architecture. Mais l’existence du créateur japonais a également été profondément marquée par une rencontre : avec Charles-Édouard Jeanneret-Gris, que nous connaissons mieux sous le pseudonyme du Corbusier. Sakakura a en effet séjourné en France au long des années 1930, une année où le pays connaît une instabilité croissante, dans le sillage du reste de l’Europe.
Il y rencontre Le Corbusier, dont il parvint à faire évoluer la vision strictement conceptuelle de l’architecture. Le Suisse et le Japonais, ensemble, se sont penchés de concert sur les étapes concrètes du processus de création et le créateur nippon a permis grâce à Jeanneret-Gris de prendre toute la mesure, toute l’importance, du mouvement moderne qui soufflait en France et innervait jusqu’à l’architecture.
Mais ces éléments théoriques ne se limitent pas à être simplement exposés dans les textes des salles de la Maison du Japon. L’idée du parcours est véritablement de faire pénétrer le visiteur dans le processus de Sakakura, c’est pourquoi chaque projet évoqué dans ces textes se trouvent illustrés via un plan détaillé, un rapide croquis, voire une maquette lorsque l’espace disponible dans le parcours temporaire rend la chose faisable.
Si bien sûr le processus est longuement développé dans l’exposition, de nombreux exemples concrets jalonnent le parcours. Junzō Sakakura a en effet exécuté, au long de son influente carrière, des réalisations surprenantes pour les grandes villes du Japon. Il a également marqué de son empreinte des quartiers entiers de la capitale japonaise, Tokyo, comme ceux de Shinjuku ou Shibuya.
On lui doit d’indénombrables gares, mairies et infrastructures de transport. Son style moderne, reconnaissable entre tous dans le paysage japonais, en font un architecte influent et immanquable dans l’histoire de l’architecture nippone.
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