Article proposé par Exponaute

Vermeer et ses contemporains au Louvre : lumière sur Jan Steen

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Jusqu’au 22 mai prochain, le Musée du Louvre propose à ses visiteurs une exposition qui a fait couler beaucoup d’encre, tant par son contenu exceptionnel que par le succès qu’elle rencontre auprès du grand public : « Vermeer et les maîtres de la peinture de genre ». Bien évidemment, tous n’ont d’yeux que pour lui : Johannes Vermeer, le virtuose de la lumière, le maître de Delft. Mais ce serait une erreur de passer à côté des autres peintres accrochés dans ce parcours, contemporains de Vermeer et tout aussi brillants. Aujourd’hui, attardons-nous si vous le voulez bien sur le peintre Jan Steen et l’une de ses toiles exposées au Louvre…
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Jan Steen, Femme à sa toilette, vers 1623 © Wikimedia Commons

« Vermeer et les maîtres de la peinture de genre » : voilà un titre qui est une vœu d’émerveillements, de retour à des œuvres bien connues, mais aussi promesse de quelques découvertes qui raviront aussi bien nos yeux que nos esprits.  Car bien sûr, le « Sphinx de Delft » (pour reprendre une expression utilisée par l’auteur français Théophile Thoré-Bürger) occupe une place majeure dans cette grande exposition organisée par le Musée du Louvre.

Que l’on se rende compte : pas moins d’un tiers de la production connue de l’artiste néerlandais se trouve réunie sous les cimaises du musée parisien jusqu’au 22 mai prochain. Nul doute donc, qu’il allait attirer à lui toutes les attentions, phare éblouissant et plein de surprises.

Pourtant, tout autour de lui, gravitent ses contemporains, comme des satellites qui réclament, à juste titre, une attention qu’ils méritent indéniablement. Qui sont-ils, ces artistes des anciennes Provinces-Unies qui eux aussi maîtrisaient les scènes de genre à la perfection ? Nous rencontrons Gabriel Metsu, Caspar Netscher, Gerard Dou, Frans van Mieris…

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Johannes Vermeer, La Laitière, vers 1658 © Wikimedia Commons

Et parmi tous ces noms qui ont fait les heures heureuses de l’Âge d’Or Néerlandais, un nom ressort tout particulièrement, et qui est d’ailleurs représenté en bonne place dans l’exposition du Musée du Louvre. Ce peintre, que nous avions eu la chance chez exponaute de croiser une première fois lors d’un très bel événement organisé à la Mauritshuis de La Haye, c’est Jan Steen (1625 ou 1626 – 1679). Ce fils de marchand de grains est aujourd’hui unanimement considéré comme un des plus fiers représentants de la peinture de genre néerlandaise.

Éminent représentant du mouvement baroque, ses compositions se caractérisent pas des couleurs aussi exubérantes qu’éclatantes, mais aussi et surtout par leur portée souvent moralisatrice. Mais attention, qui dit moralisateur ne veut pas dire Gardien du Temple obséquieux et le nez constamment fourré dans sa Bible. Nous allons en effet très vite le constater : Jan Steen délivre bien sûr des discours sermonneurs, qui appellent à la prudence et la tempérance, mais jamais avec un ton lourd et grave des hommes de chaires.

Non, Steen a bien compris que pour que le message soit parfaitement compris et surtout appliqué par ses contemporains, il faut utiliser la ruse, la suggestion, l’humour (parfois graveleux) ; en somme : faire appel à l’esprit de ceux qui admirent ses toiles, et non à son cœur, qui se sentira morigéné comme un petit enfant.

La Toilette, huile sur panneau de 37 × 27,5 cm, vers 1659-1660, Rijkmuseum.

Jan Steen, La Toilette, vers 1659–1660 © Rijkmuseum

Prenons un exemple édifiant qui se trouve accroché dans le parcours temporaire du Musée du Louvre : la petite toile est intitulée Femme à sa toilette et est datée aux alentours de 1623. Que peut-on voir sur ce tableau discret ? Une jeune femme, assise sur le bord de son lit à baldaquin, est en train de faire glisser à terre son bas de coton blanc. Tandis qu’elle semble affairée à se déshabiller pour la nuit, elle jette pourtant à nous autres, spectateurs, un regard franc et directe.

Nous trouvons-nous véritablement dans la chambre d’une honnête dame de classe moyenne, affairée à sa toilette comme le suggère le titre de l’œuvre ? Ou sommes-nous en vérité en train de pénétrer, en même temps qu’un client, dans l’alcôve secrète d’une femme vendant ses charmes ? Quelques indices disséminés çà et là par Jan Steen nous indiqueraient plutôt que nous sommes bel et bien en présence d’une prostituée : chaussons jetés indifféremment sur le carrelage, corsage de la dame ouvert laissant apparaître un de ses seins, luth renversé avec la corde brisée… Pas de doute, il faut toujours voir au-delà de ce qui nous est présenté, comme le veut la tradition de la scène de genre !

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