Article proposé par Exponaute

Un croquis de Michel-Ange récemment découvert présenté à Rome

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Qui a dit que l’on connaissait absolument tout au sujet des grands maîtres du passé ? La ville de Rome vient, une nouvelle fois, de prouver le contraire. La semaine dernière, la Cité Éternelle voyait s’ouvrir en son sein une nouvelle exposition d’arts graphiques qui a la particularité de présenter dans son parcours deux œuvres de Michel-Ange (1475–1564) rarement vues, dont une qui a été découverte tout récemment… Une trouvaille, cela va sans dire, extrêmement précieuse pour l’histoire de l’art et plus précisément pour la connaissance de l’œuvre du maître de la Renaissance italienne.
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Le dessin  de Michel-Ange est extrêmement fragile © Filippo Monteforte – AFP

Lors de l’inauguration de l’événement à Rome, le Ministre italien des Biens Culturels Dario Franceschini n’a pas caché sa fierté ni son excitation : « C’est vraiment une belle histoire que la découverte de ce dessin ». Pourquoi une telle joie de la part de l’édile ? Tout simplement parce que depuis quelques jours, a ouvert au sein des Musées du Capitole un accrochage temporaire (visible jusqu’au 7 mai par les amoureux d’Histoire de l’art) qui présente non pas un mais deux dessins du grand artiste de la Renaissance italienne et contemporain de Léonard de Vinci Michel-Ange.

Le premier est une Cléopâtre que l’on pensait perdue, retrouvée il y a maintenant trente ans tout à fait par hasard. Le second est intitulé Le Sacrifice d’Isaac et qui a été retrouvé tout récemment au cours d’une vaste campagne de restauration. Ce second dessin crée l’événement à Rome, puisque c’est la première fois qu’il est présenté au grand public.

Les experts hésitent encore quant à la datation précise du Sacrifice d’Isaac, mais semblent cependant s’accorder sur une époque de réalisation tournant autour de 1530. L’œuvre du grand maître florentin a été réalisée au crayon noir, au dos d’un dessin représentant une autre version de la même scène tirée de l’Ancien Testament.

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Michel-Ange, Cléopâtre, 1535 © Wikimedia Commons

La chose n’est pas rare dans la longue Histoire de l’art : les artistes n’hésitaient pas à utiliser les deux côtés de leurs feuillets (voire à effacer une œuvre pour en réaliser une autre, ce qu’on appelle un palimpseste) afin d’économiser le papier, qui était un bien très coûteux à l’époque. Cette technique représente cependant un danger certain pour la conservation de l’œuvre.

C’est au cours d’une opération de décollement de ce carton qu’est apparu aux yeux des chercheurs ce second dessin parfaitement inconnu. Comment ce croquis préparatoire au Sacrifice d’Isaac que nous connaissons bien a-t-il donc pu se retrouver caché derrière un carton ? Tout simplement parce que, entre la fin du XIXe siècle et le tout début du XXe siècle, il était courant de protéger les papiers anciens en collant derrière les feuillets une sorte de petit carton ; ce qui renforçait bien sûr la feuille mais parfois… occulte quelques trésors.

Après une analyse plus minutieuse de l’œuvre, on apprend que Michel-Ange a dans un premier temps exécuté un croquis rapide sur un côté du papier à dessin et qu’il l’a ensuite décalqué de l’autre côté du feuillet via un trait de crayon rouge qui est encore parfaitement visible sur le dessin, lui bien connu, du Sacrifice d’Isaac.

Michelangelo Buonarroti (1475–1564)

Daniele da Volterra, Michel-Ange, vers 1544 © Wikimedia Commons

Le dessin de Michel-Ange représentant Cléopâtre, également présent dans l’exposition des Musée du Capitole, a d’ailleurs été redécouvert en 1988 exactement dans les mêmes circonstances. Depuis longtemps, l’Histoire de l’art avait connaissance d’un dessin exquis de Michel-Ange représentant la célèbre reine d’Égypte. Cependant, il existait au dos de la feuille un croquis préparatoire, lui inconnu, qui avait été dissimulé derrière un carton collé contre le feuillet. Le dessin de Michel-Ange était un don de l’artiste à destination de son amant, Tommaso dei Cavalieri.

L’esquisse préparatoire, on le devine, est bien moins aboutie que l’œuvre finale, mais la souveraine déchue se présente cependant sensiblement dans la même pose lascive, ses longs cheveux s’enroulant autour de sa nuque comme un serpent. Deux découvertes dans une seule et même exposition donc. Les amoureux de l’œuvre de Michel-Ange ont jusqu’au 7 mai prochain pour aller visiter cet accrochage d’exception !

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