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Sélection beau livre : « La fête », par Thomas Lévy-Lasne et Aurélien Bellanger

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Publié le , mis à jour le
Thomas Lévy-Lasne est peintre de la vie contemporaine. Corps endiablés, ambiance fin de soirées, cigarettes consumées : son inspiration, il la puise dans le quotidien. Du banal, de l’évident, ce qu’on ne voit plus à force de trop voir. La série « Fête » dépeint un monde aussi festif que fragile, et fait l’objet d’une monographie accompagnée d’un texte d’Aurélien Bellanger, récemment paru aux éditions de La Ménagerie. Une rencontre complice entre l’image et l’écrit : coup de cœur de la rédaction.

Prolonger le travail du peintre et celui du romancier par la rencontre de ces deux formes d’expression dans un livre, voilà le but des éditions de La Ménagerie fondées par Patrick Scemama. Celui qui nous intéresse aujourd’hui dévoile la série d’aquarelles dédiée à la fête réalisée par Thomas Lévy-Lasne ; elle est accompagnée d’un texte d’Aurélien Bellanger, auteur (notamment) d’un essai sur Michel Houellebecq, et de L’Aménagement du Territoire (Prix de Flore, 2014). Mises sur un pied d’égalité, l’association de ces deux pratiques forme une symbiose passionnante.

« Que se passe-t-il lorsqu’il ne se passe rien ? ». Cette question se révèle être le point de départ de la démarche artistique de Thomas Lévy-Lasne. Il s’attache à représenter le quotidien d’une jeunesse hédoniste en quête de plaisir. Elle semble joyeuse, festive, mais aussi fragile et désenchantée. Ces instantanés de vie pris sur le vif, ces moments qui passent et que l’on ne voit plus tant ils nous semblent communs, Thomas Lévy-Lasne leur rend la vie et les sublime avec tendresse.

Des corps dansent, des couples discutent, d’autres naviguent sur Facebook ; au-delà des corps, les objets sont révélés avec tout autant d’intensité. Une canette de coca abandonnée sur le bord d’une table, un chargeur de téléphone qui traîne sur le sol, des cendriers plein à craquer. Thomas Lévy-Lasne rend toute leur présence à ces détails aujourd’hui devenus si familiers, par le concours de la peinture qui vient figer ces instants et nous amène à les contempler.

Chacune des aquarelles est le fruit d’une scène vécue, capturée à l’iPhone, dans des fêtes. Le rendu est hyper-réaliste, augmenté d’un cadrage réalisé totalement au hasard ; si bien qu’on a l’impression d’avoir déjà vu ces scènes, aussi de les avoir vécues.

15+Fête+73+(15x20cm+aquarelle+sur+papier) fête numero 73 2015

Fête n°73, 2015 © Thomas Lévy-Lasne

« Il ne cadrait jamais ces photos de fête et accentuait même, quand il les reprenait en peinture, leurs déséquilibres d’instantanés en chute libre. Il composait ses images de façon à ce que peaux et matières, sols et plafonds, agités ensemble, tombent au hasard, et la chose aurait pu ressembler à une série de vanités, à une peinture moraliste, si l’objet véritable de ce jeu n’était pas plutôt de dénoncer la position de l’observateur, l’arrogance de celle-ci, sa vanité première. (…) Il appelait cette sorte d’extase l’état alcoolisé du monde ».

(Extrait du livre La Fête, Editions de La Ménagerie, 60 pages, 25€).

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