Article proposé par Exponaute

Un village vieux de 14 000 ans rebat les cartes du peuplement de l’Amérique

Par • le
Comment le peuplement du continent américain s’est-il déroulé ? Voilà une question qui, depuis le début du XXe siècle, fait s’arracher les cheveux à nombre d’historiens et anthropologues. Hauts les cœurs ! Un élément de réponse vient peut-être d’être trouvé en ce début de mois d’avril. Une étudiante en doctorat à l’université de Victoria, au Canada, a en effet mis au jour les vestiges d’une colonie humaine datée d’il y a environ… 14 000 ans ! C’est là, ni plus ni moins, la plus ancienne trace de la présence de l’homme sur le continent nord-américain.
chaine 3

Une pointe de lance découverte sur le site © CTV News Vancouver Island

Avez-vous déjà entendu parler de la petite île de Triquet, située au large des côtes de la Colombie-Britannique, au Canada ? Pas encore ? Et bien, si vous vous intéressez un tant soit peu à l’Histoire et à l’archéologie, préparez-vous à voir ce nom revenir très souvent dans les prochains jours.

Sur la petite île de Triquet donc, territoire rocheux d’à peine plus d’un kilomètre de long, une étudiante a mis au jour au début du mois d’avril les restes d’un village daté d’il y a environ 14 000 ans. La découverte représente un véritable séisme, puisqu’il s’agit là du plus vieux campement humain jamais découvert sur le sol de l’Amérique du Nord.

DCIM100MEDIADJI_0012.JPG

L’île de Triquet, au Canada © IFL Science

On doit la découverte à la jeune Alisha Gauvreau, doctorante de son état à l’Université de Victoria et spécialisée dans le domaine de l’anthropologie. Elle était épaulée dans ses fouilles par un groupe de chercheurs du Hakai Institute, un institut de recherche canadien, et toute la petite équipe a fini par mettre la main, à force de labeur, sur des outils et ustensiles qui se sont très vite révélés anciens. Très anciens.

Interrogée par CTV Vancouver Island au début du mois d’avril, la jeune chercheuse n’a pas caché sa joie : « Je me souviens du jour où nous avons obtenus les résultats sur la datation des objets et nous nous sommes assis simplement là, bouleversés, en se disant ‘Bon sang, ça c’est vieux !’. Cette découverte change ni plus ni moins notre perception des premiers peuplements d’Amérique du Nord ! »

Les fouilles sur le site de l’île de Triquet, à 500 kilomètres au nord de la ville de Victoria, ont permis de retrouver divers outils en bois sculpté, des lances, du matériel de pêche et de quoi allumer du feu. Un vaste mouvement de peuplement a-t-il eu donc lieu à cette époque, quand les côtes de la Colombie-Britannique n’étaient pas encore piégées dans les glaces ?

chaine 2

Une pierre taillée retrouvée sur le site © CTV News Vancouver Island

Depuis le début des années 1930, le sujet des tout premiers peuplements de l’Amérique du Nord fait l’objet de débats houleux au sein de la communauté scientifique. On ne sait toujours pas véritablement comment ces premiers hommes sont parvenus jusqu’au continent. Jusqu’à présent, une théorie semblait plutôt faire consensus : celle d’un peuplement survenu il y a environ 13 000 ans, par des populations venues de Sibérie qui auraient traversé le détroit de Béring qui, à cette époque, était asséché.

Or, ces vestiges datés de 1000 ans plus tôt rebattent totalement les cartes. Les vestiges sont trop anciens pour que ces populations de Sibérie puissent en être à l’origine. Alors, qui est à l’origine de ce village ? Alisha Gauvreau apporte quelques éléments éclairants : « La théorie alternative, qui est soutenue par nos données, l’âge des pierres et la datation au carbone, c’est que ces peuples étaient en mesure de voyager par bateaux. En analysant notre site, il apparaît évident que ces personnes étaient des chasseurs de mammifères marins ».

chaine

Les fouilles vont se poursuivre pendant plusieurs semaines © CTV News Vancouver Island

Une théorie qui, d’ailleurs, est soutenue par la mémoire humaine ancestrale. La tribu des Heiltsuk, installée en Colombie-Britannique, corrobore cette théorie soutenue par la découverte du village. La tradition orale de ce peuple explique en effet la présence d’une zone qui ne gelait pas, à peu près à l’endroit où ont eu lieu les fouilles. Les ancêtres des Heiltsuk se rendaient à cet endroit pendant les périodes de grand froid pour survivre et trouver de quoi se nourrir.

Toujours est-il que les fouilles ne sont pas terminées sur l’île de Triquet. L’équipe d’Alisha Gauvreau entend bien poursuivre ses recherches et découvrir, pourquoi pas, d’autres objets et espérons-le, des empreintes humaines !

Vous aimerez aussi

Carnets d’exposition, hors-série, catalogues, albums, encyclopédies, anthologies, monographies d’artistes, beaux livres...

Visiter la boutique
Visiter la boutique

À lire aussi