Article proposé par Exponaute
Dans le monde romain, il y a plus de deux mille ans, la Uzès que nous connaissons aujourd’hui s’appelait Ucétia. Et les historiens le savent bien, la région du Gard en France est célèbre pour avoir été occupée par l’empire romain. À tel point que depuis plusieurs décennies, à chaque fois qu’un grand chantier d’aménagement est entrepris dans la région, des fouilles archéologiques préventives doivent être réalisées obligatoirement.
Et il faut le reconnaître : ça paye ! Sur le site d’une ancienne gendarmerie de la commune d’Uzès, où doivent bientôt être construits un internat et une cantine pour un lycée tout proche, des archéologues ont mis au jour une pièce exceptionnelle…
Les chercheurs de l’Inrap (l’Institut national de recherches archéologiques préventives) ont en effet annoncé avoir découvert sur un site comptant des quartiers entiers datant de l’époque romaine (et déjà connu depuis plusieurs mois) une mosaïque magnifique, d’une taille surprenante (soixante mètres carrés) dans un état de conservation exceptionnel.
À l’issue de cette découverte, l’archéologue en charge du chantier de fouilles d’Uzès, Philippe Cayn, a déclaré au site Sciencepost : « Ce fut une réelle surprise. Nous ne connaissons qu’une seule mosaïque de cette grandeur dans le Sud. » Selon les premiers éléments de recherche, l’œuvre exécutée avec des éclats de tesselle a probablement été réalisée entre 50 et 0 avant Jésus-Christ et laisse voir des motifs complexes et délicats. Au centre du cercle, des animaux ont été représentés : hibou, canard, biche et aigle.
« Nous nous doutions qu’Uzès avait une origine romaine, mais nous n’en connaissions pas grand-chose. Jusqu’ici, il y avait eu quelques découvertes de fragments de mosaïques, mais très anciennes et isolées. Lorsque nous sommes arrivés, nous ne savions absolument pas ce que nous allions découvrir sur place », a précisé l’archéologue.
Malheureusement, à peine découvert, une menace planait sur la conservation de ce trésor historique. Cet ancien quartier de l’époque romaine se trouve en effet au beau milieu d’un vaste projet architectural et d’un bâti urbain contraints, comprenant des règles de sécurité et d’accessibilité, en particulier pour les pompiers. De ce fait, il est impossible de laisser la belle mosaïque sur place sans qu’elle ne subisse de lourds dommages. Seule solution : le déménagement.
La décoration antique va donc bientôt être déposée (comprendre, dans le jargon archéologique, déplacée) : une mesure classique pour les chercheurs de l’Inrap, qui sont habitués à déplacer des pièces de leur site d’origine afin de les étudier ou les protéger.
Si plusieurs centaines de riverains avaient signé une pétition pour que l’œuvre demeure à son emplacement d’origine, cette idée n’était pas une solution : les vestiges doivent être retirés, conformément à la loi relative à l’archéologie préventive datant de 2001. Celle-ci stipule qu’il doit être possible d’étudier les sites découverts au cours de chantiers publics ou privés sans entraver les projets d’aménagements.
Aussi, en début de semaine, pas moins de 2400 personnes se sont rassemblées sur le site de fouille afin d’observer la belle mosaïque avant que celle-ci ne soit enlevée par les archéologues. Son état de conservation rare, sa taille surprenante, ses motifs complexes ont en effet fait la une des journaux de la région, tant et si bien que les curieux d’histoire et d’archéologie se sont pressés aux abords de la pièce, espérant l’apercevoir in situ avant qu’elle ne disparaisse pour être étudiée plus avant par les chercheurs.
Car ce type de découverte est très rare pour les chercheurs de l’Inrap. Habituellement, les équipes découvrent des vestiges de murs, des fondations… Retrouver une mosaïque de cette taille n’arrive qu’une fois tous les dix ans.
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