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“Le Baroque des Lumières” au Petit Palais, en 3 oeuvres

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Publié le , mis à jour le
Jusqu’au 16 juillet prochain, l’exposition que présente le Petit Palais lève le voile sur un aspect méconnu de la peinture du siècle des Lumières : la peinture religieuse. Si l’on rattache souvent cette période au faste et au raffinement des fêtes galantes, le XVIIIe siècle a aussi connu un spectaculaire essor de l’art religieux sous l’effet des commandes royales. Avec « Le Baroque des Lumières, Chefs-d’oeuvre des églises parisiennes au XVIIIe siècle », l’institution parisienne nous permet de redécouvrir cet immense et somptueux patrimoine pictural trop souvent oublié.

De la Régence à la Révolution française, hormis lors des légendaires Salons, c’est bien dans les édifices religieux que le grand public avait l’occasion de découvrir la production picturale de leur temps. S’attachant à rénover les églises de la capitale, les paroisses et congrégations figuraient parmi les principaux commanditaires des peintres de l’époque ; aussi les églises rivalisaient les unes les autres ornant leurs autels des plus grands chefs-d’oeuvres. Le monde ecclésiastique devint le théâtre d’un véritable renouveau artistique, où l’on vit les artistes s’émanciper peu à peu des contraintes du genre de la peinture religieuse, au point d’être qualifié de « Baroque des Lumières ».

A la fin du siècle, la Révolution française vide les églises de leurs oeuvres. Beaucoup sont détruites ou vendues, aussi les tableaux remis en place dans le courant du XIXe siècle ne figurent plus dans leur emplacement d’origine. Malgré leur éparpillement, plus de trente oeuvres du XVIIIe siècle ont pu être rassemblées pour la première fois depuis 200 ans dans le cadre de l’exposition de l’institution parisienne, après avoir bénéficié d’une importante campagne de restauration. L’exposition permet ainsi de dresser un panorama inédit des plus grandes commandes religieuses ayant marqué le siècle ; nous nous attarderons ce jour sur trois d’entre elles.

C’est d’abord par un baptistère circulaire que le visiteur pénètre dans l’exposition, avant de se trouver face à une haute nef baroque où se tiennent de magistrales toiles. Cette première salle évoque le tout début du XVIIIe siècle vers 1715–1720 ; et présente un grand tableau de Jean Jouvenet, intitulé La Visitation de la Vierge, jadis commandée pour le choeur de Notre-Dame. L’oeuvre fut admirablement remarquée, tant pour sa magnificence que pour le sujet qu’elle dépeint, autrefois peu représenté ; celui du Magnificat. Chez Jouvenet, la Vierge se tient debout sur des marches aux lignes sobres ; levant les yeux au ciel près de sa cousine Elisabeth, inclinée devant elle. Elle est entourée par des personnages habilement regroupés tandis que se distinguent trois anges dans des nuées, triomphants.

S’ensuit la découverte des grands retables de l’église et des salles plus intimistes, comme celle dédiée à la reconstitution de la Chapelle des Enfants Trouvés et une seconde consacrée au culte des Saints. A partir des années 1920, le goût pour les effets illusionnistes amène les artistes à concevoir des tableaux dont la perspective prolonge l’espace de l’église. Un exemple est montré ici avec l’illustre tableau du peintre et dramaturge Charles Coypel, Les Pèlerins d’Emmaüs de l’église Saint-Merry. Coypel réalisa les compositions les plus théâtrales des églises de Paris au XVIIIe siècle. Ce tableau témoigne de l’un de ses aménagements spectaculaires par son effet de perspective : la composition s’ouvre sous un drapé et prolonge l’architecture de la chapelle de la Communion, bâtie sur le flanc sud de l’Eglise, en 1743–1745.

La suite de la visite fait place à des formats plus petits, avec la salle dédiée à la dévotion ; avant de s’attaquer aux différentes étapes de la restauration puis de mettre en lumière le foisonnement des commandes royales (et l’inventivité féconde des artistes). Puis s’ouvre la période dite néoclassique, avec des tableaux peints dans les années 1760–1780 tels que le Grand Christ en Croix réalisé par l’immense Jacques-Louis David, en 1782. Ce Christ est le dernier tableau religieux du peintre, commandé par le duc de Noailles et fut placé dans la perspective de la place Louis-le-Grand, actuelle place Vendôme, au sein de l’église des Capucines (aujourd’hui disparue). L’oeuvre se nourrit des leçons du Caravage pour l’éclairage, fondée notamment sur une palette plus sobre, et plus contrastée qu’auparavant. Aujourd’hui, l’oeuvre est accrochée dans l’église Saint-Vincent de Mâcon.

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