Article proposé par Exponaute

Collection Horvitz : splendeurs du dessin au Petit Palais

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Depuis le 21 mars dernier, le Petit Palais de Paris propose au grand public une saison consacrée au XVIIIe siècle dans les arts. Tandis qu’une première exposition met en lumière la peinture baroque dans les églises de la capitale, une seconde, en tout point merveilleuse, se consacre à une collection privée. Cette collection, c’est celle de l’américain Jeffrey Horvitz, consacrée au dessin français. Des feuilles superbes, des artistes méconnus, des talents insoupçonnés et des instants d’émotion pure : voici en substance ce qui vous attend dans ce parcours. Aujourd’hui, attardons-nous sur une feuille signée Jean-Honoré Fragonard…
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Jean-Honoré Fragonard, Jardin d’une villa italienne avec un jardinier et deux enfants, vers 1780 © Collection Horvitz – Petit Palais

Tant de feuilles, de tous les formats et de toutes techniques, pourrait vite déboussoler le visiteur. Mais face à tant de beauté, celui-ci ne tarde pas à prendre la décision qui s’impose : détailler, pendant de longues minutes parfois, chaque petit trésor admirablement exposé sous les cimaises du Petit Palais de Paris. Visage sillonné par les ans tracé à la sanguine, élégante aristocrate dont la robe tout en froufrous est dessinée au pastel, nus délicats et intimes exécutés dans une encre brune subtile…

La collection Horvitz a de cela de fascinant qu’elle rassemble une grande variété de registres artistiques, quelques grands noms de l’art français au XVIIIe siècle mais aussi et surtout, des feuilles d’un goût exquis qui, on le devine, ont été rassemblées par un amateur éclairé n’aimant rien de moins que la beauté véritable. En toute logique, il est bien délicat de réaliser ici une sélection des œuvres qui retinrent particulièrement notre attention, tant elles sont nombreuses.

L’un d’entre elles, cependant, nous suscita une émotion rare, si bien que nous la mettons en avant dans cet article : Jardin d’une villa italienne avec un jardinier et deux enfants, un lavis brun sur tracé à la pierre noire réalisé vers 1780 par Jean-Honoré Fragonard.

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François Boucher, Femme nue allongée, vers 1740 © The Horvitz Collection

Le paysage en grâce

Fragonard fait partie des artistes majeurs du XVIIIe siècle français. Peintre d’histoire et de scènes galantes, il s’est également illustré dans le paysage au long de sa prolifique carrière picturale. Nombreuses sont en effet ses toiles où ses personnages enamourés, endormis ou joueurs évoluent dans un décor bucolique, fantasmé et enchanteur, où arbres, buissons et plantes diverses s’épanouissent. Ces jardins d’Eden des plaisirs nécessitaient donc une grande maîtrise du paysage, un motif que l’art français redécouvre en 1720 puisqu’à cette époque, certains artistes cherchent davantage à étudier sur le motif.

Leurs déplacements permettent de fait une plus grande variété dans le choix des essences et des fleurs peintes, mais aussi de plus riches variations dans les paysages figurés. Fragonard, formé dans l’atelier de François Boucher, y appris le sujet des fêtes galantes mais étudia également les maîtres nordiques comme italien qui, bien plutôt que les artistes français, replacèrent le paysage au cœur de leurs intentions picturales.

On le voit dans cette superbe feuille tirée de la collection Horvitz : son trait est ferme, sûr, aucun détail n’est abandonné aux aléas du hasard, ses arbres sont criants de vérité et l’on croirait entendre bruisser les feuilles doucement agitées par une brise printanière. Fragonard s’est en effet intensivement formé au dessin lors de son séjour à Rome (1756–1761), rapportant de son passage dans la Ville Éternelle, rapportant dans ses bagages artistiques des sanguines subtiles et superbes.

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Marie-Gabrielle Capter, Autoportrait, vers 1790 © The Horvitz Collection

Douce rêverie

Mais que voit-on, sur cette jolie feuille datée aux alentours de 1780 ? Le titre du dessin nous apprend que nous nous trouverions dans le parc d’une riche villa italienne. Le jardin arboré mêle bosquets, sculptures et marches de pierre où se reposer et flâner au soleil. Pourtant, certains éléments présents sur le dessin interloquent le visiteur de l’exposition : ces grands arbres, ces buissons luxuriants, ces branches qui envahissent peu à peu le jardin semblent ne pas avoir été entretenus par la main de l’homme depuis longtemps.

Les pierres et l’échelle brisée qui jonchent le sol au centre du dessin renforcent un étrange sentiment d’abandon. Serions-nous en vérité face à un « caprice », ces visions fantaisistes d’artistes qui semblent annoncer le Romantisme, et qui mêlent éléments de paysages et ruines de grandes constructions humaines ? Plusieurs regards sont donc envisageables pour apprécier ce dessin de Fragonard, ce qui nous conforte dans la richesse de la feuille… Pour admirer ce dessin, parmi tant d’autres, vous avez jusqu’au 9 juillet prochain !

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