Article proposé par Exponaute
Passer une journée au sein de la Fondation de l’Hermitage, sur les hauteurs de Lausanne, est toujours un moment de bonheur, tant cette ancienne maison bourgeoise du XIXe siècle reconvertie en musée dégage un charme indicible. Mais si vous ajoutez à l’intérieur des œuvres impressionnistes, postimpressionnistes et modernes qui fleurent bon la couleur éclatante, la recherche de la sincérité et l’envie de célébrer le Beau, alors on ne peut qu’être heureux ! Et c’est précisément ce que propose l’institution culturelle suisse à partir du 7 avril prochain.
Cette fois-ci, la Fondation a plongé dans la riche collection de l’industriel et amateur d’art suisse-allemand Emil Bührle (1890–1956). Sur plus de deux cents chefs-d’œuvre rassemblés par l’homme d’affaires au cours de sa vie, une quarantaine est présentée ici, en attendant de pouvoir être exposés de façon permanente dans une extension du Kunsthaus de Zürich, à l’horizon 2020.
Le parcours choisi par la Fondation de l’Hermitage suit une logique aussi bien chronologique que thématique. Et c’est avec plusieurs œuvres magistrales que le visiteur se voit accueilli, dans la salle principale du rez-de-chaussée de l’institution. Face à nous, seul sur un vaste mur, entouré de la belle lumière diffusée par deux grandes fenêtres, trône le Champ de coquelicots près de Vétheuil, tableau peint par Claude Monet vers 1878. Comme égarés parmi la luxuriante végétation, quatre silhouettes chapeautées évoluent parmi les taches chatoyantes des fleurs sauvages rouges tandis qu’au-dessus d’elles, un ciel légèrement voilé de printemps diffuse une luminosité douce.
Sont-ce là des membres de la famille du peintre ? Il est impossible de le savoir, mais la grande douceur qui émane de cette toile tend à nous diriger vers cette interprétation. Une fois encore chez Monet, l’Homme est bien petit, bien humble, face à l’immensité de la Nature, réduit à simplement en contempler les beautés, d’en jouir, silencieusement. Tout autour du maître impressionniste, d’autres éminents représentants de cette école qui peignaient sur le motif : Camille Pissarro et ses couleurs pastels caractéristiques, Alfred Sisley qui représente sa chère ville de Marly-le-Roi, où il vécut de longue année, endormie sous un épais manteau de neige.
Tout autour de cette salle majeure du parcours, de belles étapes consacrées au portrait, où l’on rencontre des œuvres du néerlandais Franz Hals, un portrait d’Alfred Sisley peint par son ami Pierre-Auguste Renoir, mais aussi quelques peintures du caustique Honoré Daumier, qui savait mieux que personne croquer les hommes et les femmes de son temps, dans leurs loisirs mais aussi leurs vices.
Il faut ensuite monter quelques marches, de sorte à accéder à l’étage de la Fondation de l’Hermitage. C’est là que nous attend le clou du spectacle : une pièce entière, simplement intitulée « chefs-d’œuvre » et qui, bien sûr, ne déçoit nullement. Malgré ses maladresses et ses libertés prises avec l’anatomie humaine, on admire avec émotion le Garçon au gilet rouge exécuté par Paul Cézanne en 1888, une toile qui fait office de pilier dans la carrière de l’artiste.
Juste à côté, une merveille de sensibilité signée Vincent van Gogh : Le semeur, soleil couchant (dont une seconde version peut être admirée en ce moment-même dans l’exposition « Paysages mystiques » du musée d’Orsay). Il faut rester devant de longues minutes devant ce chef-d’œuvre de belle taille, aux couleurs vives, face à ce soleil monumental qui vient couronner la silhouette sombre du paysan occupé à répandre ses semis.
Le paysan au travail laborieux, comme l’artiste, qui sème quelque chose un peu au hasard, sans savoir s’il vivra assez longtemps pour pouvoir admirer le résultat de son labeur. On peut ainsi voir une parabole dans cette huile sur toile concernant la situation du peintre, lourde de signification lorsqu’on connaît le destin de van Gogh.
Mais ce ne sont là en vérité que quelques échantillons des merveilles que l’on peut croiser dans la nouvelle exposition de la Fondation de l’Hermitage : « Chefs-d’œuvre de la collection Bührle ». Toulouse-Lautrec, Soutine, Modigliani, Ingres, Fantin-Latour ou encore Gauguin sont également de la partie et peuvent être admirés dans l’accrochage. Aussi, si jamais vous avez prévu un saut du côté de la Suisse en ce début de vacances de printemps, vous savez quoi voir !
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