Article proposé par Exponaute

Grâces de la Renaissance italienne au Château de Chantilly

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Publié le , mis à jour le
C’est véritablement un événement d’ampleur qui a été ourdi par les musées de la nouvellement créée région des Hauts-de-France, à tel point que celui-ci a obtenu le prestigieux label « Exposition d’intérêt national » décerné par le Ministère de la Culture. Cet événement a pris le nom d’Heures Italiennes, en référence à l’ouvrage d’Henry James et propose aux visiteurs des musées de la région un cheminement dans la peinture italienne, du XIVe au XVIIIe siècle. Chez Exponaute, nous avons eu le bonheur de visiter deux des quatre expositions maîtresses de cette saison italienne : les événements de Chantilly et Compiègne. Arrêtons-nous dans un premier temps sur l’accrochage du Musée Condé…
VISUEL 2

Francesco Francia, Vierge à l’enfant, vers 1510–1517 © Abbaye royale de Chaalis

Quatre expositions dans des domaines et musées chargés d’histoire, accompagnées de quatorze autres événements dits satellites, éparpillés à travers les nombreuses institutions culturelles du Nord de la France. Il faut le dire, l’Association des conservateurs des musées des Hauts-De-France a vu (très) grand, mais indubitablement fallait-il au moins cela pour fêter, dans toute la beauté de sa diversité, l’art italien. Tout commence par un grand travail d’inventaire débuté au commencement des années 2000 par les musées de la région. En 2013, tandis que ces travaux de fourmi s’achevaient, naquit l’idée de cette importante saison culturelle.

Comment en effet, mettre un point final de toute beauté à cet impressionnant passage en revue artistique autrement que par de belles expositions ? C’est de la sorte que prirent forme les Heures Italiennes, subdivisées en quatre étapes majeures : les primitifs au Musée d’Amiens, la Renaissance au château de Chantilly, le naturalisme et le baroque au musée de l’Oise à Beauvais et enfin, le XVIIIe siècle au Palais de Compiègne. Dans ce premier article, nous allons nous concentrer sur l’événement consacré au XVIe siècle organisé au sein du Musée Condé, à Chantilly.

VISUEL 3

Alessandro Allori, Portrait d’un jeune homme, 1565–1570 © Musée d’art et d’archéologie de Laon

Une collection impressionnante

Le Duc d’Aumale, dont l’ombre plane dans chaque couloir au parquet grinçant du Musée Condé, était un fervent admirateur des arts, à tel point que sa collection personnelle, aujourd’hui exposée au sein du Château de Chantilly, est reconnue partout dans le monde. Et tout particulièrement, le XVIe siècle italien brille sous les cimaises de ce palais Picard grâce à quelques œuvres exécutées de la main de prestigieux représentants de cette période : Raphaël bien sûr, mais également Véronèse, Tintoret, Titien, Salviati… Mais pas seulement !

Car au bout du compte, les célèbres et grands maîtres que tout un chacun connaît ne sont que très peu représentés dans le parcours et ce n’est pas pour nous déplaire ! Loin des traditionnelles expositions qui fêtent (à juste titre) encore et toujours les sempiternels maîtres de l’Histoire de l’art, le parcours du Musée Condé a mis en avant dans ses salles d’exposition et de parcours permanent un grand nombre d’artistes italien bien moins connus du grand public, mais qui n’en méritent pas moins le coup d’œil. Grâce à ces « petits » (toutes proportions gardées) maîtres, cet événement étire un vaste panorama des nombreuses écoles de la péninsule.

Pour la petite anecdote, c’est précisément au cœur de l’événement de Chantilly que l’on peut admirer le tableau qui a été choisi pour illustrer l’affiche de l’événement : Portrait d’un jeune homme, par Alessandro Allori, probablement exécuté entre 1565 et 1570.

VISUEL 4

Alvise Vivarini, La Vierge à l’enfant et Saints, 1500 © Musée de Picardie, Amiens

Couleurs et mystères

L’identité véritable du modèle ne nous est hélas pas parvenue, mais ce mystère ne fait-il pas tout le sel de l’œuvre ? Seul l’œil gauche du jeune homme a été conservé pour l’affiche des Heures Italiennes, et à en juger par la douceur de la peau, la couleur rosée du teint, le dessin parfait d’un exquis sourcil courbé, il est très délicat de définir si l’on se trouve face à un homme ou une femme. Le mystère n’est levé qu’en admirant le portrait dans son entièreté, réalisé d’une touche précise et fine; comme en hommage à la troublante beauté de cet éphèbe de quoi un peu moins de 500 ans nous séparent. Autour du charmant garçon, des œuvres de factures plus classiques, qui reviennent aux termes plus fréquents de la tradition picturale : des sujets tirés de la Bible.

Ceci dit, une Sainte Conversation peinte par Vivarini Alvise en 1500 démontre cependant toute la vivacité du désir de renouveau de la peinture italienne qui s’ouvre à la Renaissance. La Vierge et l’enfant Jésus sont représentés en extérieur, entourés de Saint Pierre, Saint Augustin, Marie-Madeleine et Saint Jérôme, dans une étrange composition formant un carré. Derrière eux, un paysage luxuriant et imaginaire, aux tons frais et délicats, apporte un aspect quelque peu bucolique à l’ensemble. Des couleurs vives qui paraissent en sus comme une constante dans la mode de ce siècle. On retrouve ainsi des coloris éclatants similaires dans des compositions signées Francesco Francia ou Lavinia Fontana.

VISUEL 1

Raphaël, La Madone de Lorette, vers 1509–1510 © Musée Condé

Enfin, comment quitter sur la pointe des pieds les salles chargées d’histoire du Musée Condé sans évoquer le chef-d’œuvre de ce parcours : La Madone de Lorette signée du grand Raphaël. La Vierge Marie, dans un geste traduisant son amour maternel, s’apprête à couvrir son fils d’un léger voilage transparent, évocation éloquente du futur linceul qui envelopperait le corps du Christ après sa mort. Les vêtements de Marie sont bigarrés, elle se pare de riches draps bleu cobalt, vert émeraude et rouge tandis que, relégué dans l’ombre du coin supérieur droit de la composition, Saint Joseph comme toujours, se tient en retrait du reste de sa Sainte Famille.

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