Article proposé par Exponaute

Au Petit Palais, la peinture des églises parisiennes au XVIIIe siècle

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Pas moins de deux cents œuvres à portée religieuse ont été réunies pour l’occasion. Avec l’ouverture de sa nouvelle exposition temporaire : « Le baroque des lumières : chefs-d’œuvre des églises parisiennes au XVIIIe siècle », le Petit Palais propose un parcours au discours original, qui se donne pour mission de révéler au grand public toute la variété et la subtilité de la peinture  à sujets chrétiens. L’exposition s’insère dans la saison consacrée par le musée au XVIIIe siècle français, avec un autre parcours consacré à la collection Horvitz. Alors, répétitif et peu imaginatif, l’art religieux ? On fait le point après avoir vu l’expo…
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Jean Jouvenet, La visitation à la vierge, 1716 © Pascal Lemaître – CMN

Afin de présenter au mieux sa nouvelle exposition temporaire consacrée à la peinture religieuse dans les églises parisiennes au cours du XVIIIe siècle, le Petit Palais de Paris a fait le choix de la didactique, de la pédagogie mais aussi du sublime. Pour l’occasion, au sein d’une scénographie qui a résolument mis l’accent sur le grandiloquent et la richesse, ce ne sont pas moins de deux cents œuvres qui ont été réunies par l’institution parisienne.

Des peintures bien sûr, mais aussi des esquisses préparatoires, des gravures, des ouvrages liturgiques, des plans, des maquettes et même quelques vêtements sacerdotaux (dont une magnifique chasuble finement ouvragée) : autant d’éléments pour démontrer que ce patrimoine pictural est d’une beauté qu’on ne soupçonne pas toujours et qu’il est important de redécouvrir.

Car on l’ignore souvent, mais les lieux de culte représentaient pour les artistes peintres du XVIIIe siècle une vitrine qu’il ne leur fallait surtout pas négliger afin de mieux faire connaître leur œuvre. Si aujourd’hui, on lie la peinture de cette période aux fêtes, aux plaisirs et aux artifices, la créativité des artistes en matière de sujets religieux n’avait pourtant pas à rougir. Et en-dehors de la période du fameux Salon, il n’y avait en vérité que dans les églises et les cathédrales que le grand public pouvait découvrir la production picturale de son temps.

Retrouver un patrimoine

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Nicolas de Largillière, Nativité, Vers 1730, © Thomas Hennocque

Après la Révolution française, de nombreuses églises ont vu leurs toiles détruites ou dérobées. Certaines sont perdues pour toujours, d’autres sont aujourd’hui conservées dans de grands musées français dont un très grand nombre a été créé suite aux événements de 1789. Le Petit Palais s’est ainsi livré à un véritable travail de fourmi, retrouvant dans les musées français les possessions picturales des églises, et s’est même attelé à recréer l’intérieur de certains lieux de culte aujourd’hui disparus.

L’institution muséale du VIIIe arrondissement de Paris ne cache pas son ambition : l’idée conductrice de cet accrochage est bel et bien de redonner toutes ses lettres de noblesse à l’art religieux, qui est encore aujourd’hui très largement méconnu et relativement peu étudié. Il lui fallait donc bien un regard neuf et surtout toute l’éruditions de commissaires pour montrer que, loin d’être une survivance d’un genre artistique qui s’essoufflait peu à peu, cette pratique n’a jamais vraiment connu de baisse de régime et a même vu un regain d’originalité et d’inventivité au cours du long XVIIIe siècle, période qui allait connaître la Révolution Française et qui vit fleurir les grands esprits des Lumières.

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François Lemoine, Saint Jean-Baptiste, 1726 © Ville de Pari

Imagination et audace

C’est ainsi dans les églises parisiennes que l’on trouve parmi les plus beaux exemples de trompe-l’œil et de travail sur la perspective. Les édifices religieux, de par leur architecture complexe et impressionnante, se prêtent parfaitement à ce type d’exercice artistique et on voit que les artistes ne se privent pas de se livrer à ce type de jeu qui leur permet, tout dans le même temps, de repousser leurs limites techniques et participer à la dévotion des croyants qui fréquentent les bancs des églises et cathédrales.

L’artiste Charles-André van Loo (éminent membre de la dynastie de peintres que l’on sait) est particulièrement bien représenté dans le cheminement de l’exposition. Que les cimaises du Petit Palais présentent des toiles (souvent de taille monumentale) achevées ou bien de rapides esquisses à la sanguine ou à la pierre noire, c’est un régal que de pénétrer dans la gestuelle artistique de ce grand peintre.

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Jean-Baptiste Oudry, L’Adoration des Mages, 1717 © Joël Fibert

On croise également des pièces somptueuses signées Jean Jouvenet ou Noël-Nicolas Coypet, qui n’ont rien à envier au peintre célèbre cité ci-dessus. On notera également la présence d’une étape particulièrement intéressante, entièrement dédiée à la restauration d’œuvres d’art. Un passage qui fait sens, lorsque l’on sait que l’exposition a été menée en étroite collaboration avec la COARC (Conservation des Oeuvres d’Art Religieuses et Civiles). Grâce à des cartels fournis et des vidéos passionnantes, le parcours du Petit Palais lève un coin de voile sur un métier encore nimbé de mystère, qui demande précision, patience et talent…

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