Article proposé par Exponaute

Pierre Gouthière, le doreur des Rois aux Arts Décoratifs

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Depuis le 16 mars, les Arts Décoratifs ont ouvert une nouvelle exposition qui devrait ravir les yeux et le cœur, les amateurs de belles pièces décoratives et les admirateurs de dessinateurs doués. Cet accrochage, c’est « Or virtuose à la cour de France », qui jette une lumière méritée sur un artisan méconnu, mais au talent surprenant : Pierre Gouthière. Doreur attitré des rois Louis XV et Louis XVI, Gouthière a légué à la postérité objets d’art, imaginaire foisonnant et bestiaire surprenant qui disent tout de son goût exquis et son sens de l’innovation en matière de création ornementale. Visite en images d’un joli parcours.
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Photographies © Agathe Lautréamont, 2017

Que l’on ne s’y trompe pas car comme le dit si bien l’adage : « Tout ce qui brille n’est pas or ». C’est en effet face à des ornements faits de bronze doré que l’on se trouve, lorsque l’on circule parmi les nombreuses vitrines subtilement éclairées de la nouvelle exposition des Arts Décoratifs. Mais l’illusion fonctionne parfaitement, tandis que nos pupilles se dilatent face à tant de beauté et de finesse dans le travail des matières.

Pourtant, aujourd’hui, qui connaît encore le nom de Pierre Gouthière ? Cet artisan, cependant, figura parmi les créateurs les plus en vus du XVIIIe siècle, tandis que le doreur et ciseleur resta dans les petits papiers des rois Louis XV et Louis XVI pendant la plus longue partie de sa prolifique carrière.

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Photographies © Agathe Lautréamont, 2017

Pour les souverains du royaume de France, mais aussi pour une clientèle prestigieuse essentiellement constituée de membres de la noblesse, Gouthière imagina et conçut horloges, vases, pots-pourris, colonnes, cheminées ou encore pièces de vaissellerie et ce, sans jamais se départir d’une imagination débordante. Pour ses clients fortunés, rien n’était trop beau, trop riche, trop brillant, trop ouvragé, quitte à glisser parfois vers le clinquant.

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Photographies © Agathe Lautréamont, 2017

La majorité des quelque cent quatre objets présentés dans l’exposition du Musée des Arts Décoratifs provient du dernier tiers du XVIIIe siècle. Somptueux, ils ont pu être réunis aujourd’hui via une étroite collaboration entre la Frick Collection de New York et notre institution de la rue de Rivoli, ce qui offre au public parisien une synthèse très intéressante du travail du bronzier bien trop méconnu du grand public.

Qui fut-il ? Quelles sont ses inspirations ? Qui furent ses principaux mécènes ? Eut-il maille à partir avec la concurrence de ses contemporains ? Ou au contraire a-t-il survolé le métier tout au long de sa vie ?

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Photographies © Agathe Lautréamont, 2017

Autant de questions auxquelles les Arts Décoratifs répondent, grâce aux superbes pièces exposées dans le parcours. L’éclairage de celui-ci a été étudié de sorte à plonger l’objet dans une semi-obscurité, les éclairages étant très doux dans le but de faire ressortir la chaleur du bronze doré tout en n’éblouissant pas le visiteur. Tourner autour des objets d’art est donc un véritable bonheur, en plus d’une découverte privilégiée d’un savoir-faire qui s’est perdu de nos jours.

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Photographies © Agathe Lautréamont, 2017

On passe ainsi d’un bouton de porte ciselé aux motifs de lierre à un couple de dromadaires couchés, nous toisant, en passant par un sphinx mystérieux arborant un visage apaisé et sibyllin. Puis c’est un vase taillé directement dans le marbre, recouvert de branchages décorés d’un feuillage éternel coulé dans les métaux précieux.

Et tout autour des coupes, presse-papier et vases, sont accrochés au mur de superbes feuilles d’esquisses préparatoires et autres croquis définitifs qui étaient présentés au client avant la réalisation finale. Seulement surprise : aucun de ces dessins n’est signé de la main de Pierre Gouthière. Comment expliquer ce mystère ? Il faut croire que la postérité n’est pas parvenue à conserver les feuilles du bronzier.

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Photographies © Agathe Lautréamont, 2017

Pourtant celui-ci a dessiné, c’est absolument certain, puisque c’est là une qualité indispensable à tout artisan travaillant pour la noblesse. À défaut de ses propres feuilles, les Arts Décoratifs ont sorti de leurs réserves des esquisses des contemporains de Gouthière, afin d’illustrer ce qui se faisait en son temps, comment les créateurs s’influençaient mutuellement, mais aussi redoublaient d’imagination pour remplir le carnet de commande.

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