Article proposé par Exponaute

Les dessins du Siècle d’Or Hollandais, au Musée du Louvre

Par • le
Depuis la fin du mois de février dernier, le Musée du Louvre a ouvert une saison placée sous le signe des Pays-Bas. Le Siècle d’Or Hollandais est ainsi illustré dans toute sa grandeur via l’exposition-événement Vermeer et les maîtres de la peinture de genre, et à partir du 16 mars avec ce nouvel accrochage, cette fois-ci dédié aux arts graphiques. Avec  le parcours « Dessiner le quotidien : La Hollande au Siècle d’Or », l’institution parisienne propose une immersion dans la vie des petites gens du XVIIe siècle néerlandais. Paysans, vie domestique, fêtes et scènes de taverne… Ou quand les aspects les plus communs de la vie de tous les jours se trouvent sublimée par la touche des grands maîtres. Visite.
7_Metsu_La_Faiseuse_de_crpes

Gabriel Metsu, La Faiseuse de crêpes, Petit Palais  © RMN-Grand Palais – Agence Bulloz

Que sait-on vraiment du quotidien d’une famille des classes moyennes et pauvres des Pays-Bas du XVIIe siècle ? En vérité peu de chose. Si nous connaissons bien le quotidien des puissants grâce aux toiles dont ils passaient commandes aux artistes de leur temps, le petit peuple lui, ne pouvait évidemment pas se payer ce luxe et rares sont les artistes qui, d’eux-mêmes, tournèrent leurs pinceaux vers la vie simple, rurale ou citadine.

Pour mieux découvrir à quoi devait ressembler cette existence au cours du XVIIe siècle, il convient de se tourner vers des travaux de taille plus modeste, souvent renfermés dans les fonds muséaux mais rarement montrés aux publics : les arts graphiques. Et c’est précisément ce que propose le Musée du Louvre avec son nouveau parcours : «  Dessiner le quotidien : la Hollande au Siècle d’Or ».

1_Rembrandt_Femme__la_fentrec_RMN-Grand_Palais_muse_du_Louvre__Grard_Blot

Rembrandt, Femme à la fenêtre, musée du Louvre © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) – Gérard Blot

Une nation jeune

Mais au XVIIe siècle, il ne faut pas oublier que les Provinces-Unies (les ancêtres de nos Pays-Bas actuels) débutent à peine leur existence (via le Traité d’Utrecht en 1581) et surtout luttent pour leur indépendance vis-à-vis de l’Espagne.

On comprend alors bien vite que si les artistes de cette époque ont choisi de s’attarder sur leurs contemporains afin de représenter l’existence menée par le petit peuple, ce n’est pas uniquement dans un but d’exercice artistique. Ils ne cherchent pas à se frotter au monde paysan, commerçant ou des bas-fonds des villes dans une simple recherche stylistique, mais dotent leurs feuilles d’un discours particulier : celui de la construction d’une identité néerlandaise.

Et en toute logique, la nouvelle exposition temporaire du Musée du Louvre débute avec une représentation de la vie citadine. Au XVIIe siècle, les Provinces-Unies jouissent d’une urbanisation très avancée, avec la moitié de sa population vivant dans des villes. Les rues, boutiques et tavernes sont donc des terrains de jeux artistiques particulièrement prisés par les artistes de ce temps comme Hendrick Avercamp, Adriaen van Ostade ou Gabriel Metsu.

3_Van_Ostade_Le_Joueur_de_cornemusecPetit_Palais__Roger-Viollet

Adriaen van Ostade, Joueur de cornemuse devant une auberge,  Petit Palais © Petit Palais – Roger-Viollet

Une vision inédite

On découvre alors une poésie insoupçonnée à l’ombre des masures et entre les murs  de petits intérieurs modestes et proprets. Çà, c’est une femme voûtée par les ans qui prépare des crêpes. Là, c’est une servante, fichu blanc sur la tête, qui regarde depuis le bord de sa fenêtre l’existence frémir, s’activer, couler dans la rue, en contrebas. On a envie de se pencher à ses côtés et regarder ce qui peut la captiver à ce point.  Parfois, ce sont des scènes plus triviales qui nous font éclater de rire sous les cimaises du Louvre.

Ainsi ces feuilles de petit format représentant, d’un trait fin à s’en damner, une scène de bagarre générale entre les murs d’une taverne. Goscinny et Uderzo n’ont rien inventé avec leurs échauffourées d’irréductibles gaulois. Tables renversées, empoignades du tonnerre de Zeus, chaises qui volent, chats effrayés qui s’enfuient de la scène comme de beaux diables… On rit de bon cœur et on admire tout dans le même temps…

5_Dusart_La_Marchande_doubliescBeaux-Arts_de_Paris_Dist_RMN-Grand_Palais__image_Beaux-arts_de_Paris (1)

Cornelis Dusart, La Marchande d’oublies,  Beaux-Arts de Paris © Beaux-Arts de Paris

Sublimer le quotidien

Lavis, encre brune, graphite, craie blanche, pierre noire, papier bleu, papier préparé… Les techniques se ressemblent et pourtant les styles eux, se démarquent. D’une patte à une autre, on peut savoir d’un œil scrutateur qui a influencé qui, quel discours identitaire doit être revendiqué. Les soldats qui passent dans les rues, tout casqués et armures rutilantes ne représentent pas une critique des conflits ou de l’autorité, mais simplement la triste réalité d’un pays qui fut constamment en guerre durant une longue période de son histoire.

Si des paysans sont représentés assoupis sous un arbre après une longue journée de travail, ce n’est pas pour montrer du doigt ces petites gens, mais plutôt pour illustrer leur dur labeur, et signifier qu’ils ont bien mérité le repos après une journée d’ouvrage pénible et physiquement éprouvant. Une belle exposition donc, qu’on visite avec beaucoup de plaisir.

Vous aimerez aussi

Carnets d’exposition, hors-série, catalogues, albums, encyclopédies, anthologies, monographies d’artistes, beaux livres...

Visiter la boutique
Visiter la boutique

À lire aussi