Article proposé par Exponaute

L’esprit français et les contre-cultures : l’exposition alternative et réjouissante de la Maison Rouge

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Dans le cadre de l’exposition « L’esprit français. Contre-cultures 1969–1989 » présentée à la Maison Rouge  jusqu’au 21 mai prochain, exponaute vous propose un voyage dans le temps et dans les méandres divers et variés de l’alternatif et de la contestation. Avant d’évoquer en détail les grandes idées qui animent cette exposition passionnante, petit tour d’horizon de cet objet muséal hors du commun auquel il faut absolument aller jeter un œil !  
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Régis Cany, Les Photographittis, Paris et région parisienne, 1977–1982 © Régis Cany

Le projet était ambitieux. Entre esthétique, sociologie, histoire et nostalgie, la nouvelle exposition de la Maison Rouge s’attaque à un sujet volontairement très vaste, une époque, un moment une atmosphère, bref : un esprit. Cet esprit, c’est « l’esprit français » post soixante-huit, un terme qui désigne un portrait éclaté et protéiforme dessiné par l’ensemble des contre-cultures, des contre-courant, des contre-presque tout barrés, déviants et marginaux. Ambitieux donc, de s’attaquer à un sujet à la fois aussi vaste et aussi flou, de s’attaquer à la représentation concrète de quelque chose de palpable sur le moment, intangible aujourd’hui car cela implique d’envoyer paître les champs traditionnels de la culture muséale au profit de propositions alternatives et parfois même alternatives des alternatives.

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© Marc Domage

Qu’on se le dise, jusqu’à nouvel ordre, la Maison Rouge est un joyeux bordel. Heureusement pour nous. Des dessins, des affiches, des sculptures bien destroy, des archives, un peu de Renaud, beaucoup de Bérurier Noir (notamment à travers une création géniale signée Claude Lévêque dont on aura l’occasion de parler), le regard de la chanteuse Marie-France capturé par Pierre et Gilles… On nage en permanence entre la force de l’instant et l’infini de ce qu’il en restera : une exposition de détails, de vrais morceaux d’un quotidien plein d’énergie, de violence revendiquée (qu’elle soit graphique ou sonore), de sabotage et de contestation.

259. Les-Gazolines

Philippe Morillon, Membres des bandes des Gazolines et To the bop devant la boutique Pendora de Luxe aux Halles, 1975 © Philippe Morillon

L’intelligence des commissaires de l’exposition, à qui il aura fallu plusieurs années pour tout rassembler, c’est de ne pas s’être contenté de tel ou tel parti pris. L’exposition part dans tout les sens et devient un objet historique (on apprend, on découvre, on redécouvre), un objet esthétique et un même un contre-objet, une contre-exposition qui ne se contente pas d’observer les contestataires contester et qui, par sa scénographie un peu anarchique, nous immerge dans l’époque.

96. Au Putain Inconnu - Photo Thierry Ollivier

© Au Putain Inconnu – Photo Thierry Ollivier

 Et cette immersion est plus qu’une immersion, elle est une piqûre de rappel : tout ne s’est pas subitement arrêté en 1989, le punk n’est pas mort, Hara-Kiri non plus, en tout cas leur essence. Voilà pourquoi cette exposition vaut le détour : on pensait avoir affaire à la nostalgie, on retrouve finalement un sentiment qui n’a jamais vraiment quitté les plus contre-culturels d’entre nous. Et les autres non plus.

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