Article proposé par Exponaute
Si jamais vous avez déjà eu l’occasion de vous offrir une petite promenade du côté du Château de Fontainebleau, cette vision aura nécessairement marqué vos esprits : l’entrée majestueuse du domaine, cette longue allée pavée ouvrant solennellement sur un escalier monumental de grès et de calcaire, comme nous invitant à pénétrer dans le riche palais.
Construit au XVIIe siècle, son architecture originale n’a cessé de marquer les esprits et aujourd’hui encore, cette structure fait figure d’image d’Épinal de Fontainebleau. Jugez plutôt : c’est depuis cet escalier que Napoléon Ier a fait ses adieux à ses fidèles soldats.
La reconstitution de cet événement à l’occasion du bicentenaire, en 2014, avait réuni tout de même 40 000 curieux. L’espace est également régulièrement réquisitionné pour le tournage de campagnes de publicités ou des séances photos pour la mode ou la haute-couture, décor féérique s’il en est qui se prête aisément à l’univers du luxe.
Et le grand public ne s’y trompe pas : tous les visiteurs du château de Fontainebleau grimpent les marches chargées d’histoire du palais, qui ont vu défiler sur leur surface des grands noms de l’Histoire de France. Mais des siècles de piétinement et d’exposition aux intempéries ont peu à peu eut raison de sa superbe, au point qu’aujourd’hui, le domaine tire la sonnette d’alarme. L’architecture en grès de l’escalier a grandement souffert, tandis que les marches de calcaire sont ternies et usées, tandis que les soubassements montrent d’inquiétants signes de faiblesse.
Sous le règne de Louis XIII, c’est le grès rustique qui fut choisi pour le fier escalier, mais durant les règnes de Louis XV et Louis XVI, cette roche fut écartée au profit du badigeon de chaud qui, on le sait aujourd’hui, mobilise les sels métalliques naturellement présents dans la pierre ; ce qui à terme finit par donner une couleur noirâtre à la roche.
L’escalier en fer-à-cheval a donc été bâti dans des matières poreuses, ce qui le rend en toute logique particulièrement sensible aux précipitations. La roche a la fâcheuse tendance à retenir l’eau, ce qui accélère l’altération de la pierre mais aussi la prolifération biologique : lichens, mousses, algues en tout genre. Ces dernières d’ailleurs, sont les principales responsables de la couleur noir du symbole de Fontainebleau, puisqu’elles se montrent tout particulièrement hydrophiles, et prolifèrent à la moindre petite pluie.
Et histoire de complexifier l’ensemble : le grès est un matériau réputé très délicat à restaurer, à tel point que plusieurs laboratoires se livrent à de profondes études sur cette roche afin de déterminer la meilleure façon d’en prendre soin et de la préserver au mieux pour les siècles à venir. Comment faire, dans ce cas ?
Pour tenter de palier le problème, les restaurateurs de Fontainebleau ont d’abord procédé à des sondages mais également à des études exhaustives sur l’état de la structure, de sorte à préparer la meilleure rénovation possible, mais qui s’annonce d’ores et déjà très ambitieuse (dans le même temps, la terrasse supérieure, le vestibule et les décors sculptés de la façade auront droit à leur coup de propre).
Les soins que les restaurateurs comptent apporter à l’escalier tâcheront, en premier lieu, de stopper la prolifération biologique qui noircit les marches et les rambardes. Cette colonisation a en effet été favorisée par de précédentes restaurations, qui ont été réalisées sans véritablement avoir réussi à régler le fond du problème, à savoir la rétention d’eau naturellement provoquée par la roche.
Il conviendra donc, dans un premier temps, de restaurer l’escalier, puis nettoyer les parties limitrophes (terrasse, vestibule, façade). Pour ce faire, amélioration de la maîtrise de l’eau et purge systématique des matériaux de restauration néfastes sont au programme. Dans une communiqué parfaitement détaillé, le Château de Fontainebleau a livré un tableau décryptant le coût de chaque opération de restauration : Travaux de restauration de l’escalier, restauration des parties limitrophes, maîtrise d’œuvre travaux, assistance à maîtrise d’ouvrage, SPS et contrôle technique, imprévus et aléas…
Le tout atteint la somme de 2 025 000 euros. Et pour réunir cette somme importante, une seule solution : le mécénat. Si jamais vous souhaitez apporter votre petite pierre à l’édifice, un bon de souscription est disponible sur le site du château.
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