Article proposé par Exponaute

Les merveilles de la Collection Leiden présentées au Musée du Louvre

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Hormis d’un petit cénacle de spécialistes du marché de l’art, les noms de Daphné et Thomas Kaplan sont largement méconnus du grand public. Philanthropes, homme et femme d’affaires, le couple est également célèbre pour avoir constitué, au fil des ans, une impressionnante collection d’œuvres d’art dédiée au siècle d’or néerlandais. Depuis le 22 février dernier, une partie de cette collection exceptionnelle est présentée aux visiteurs du Louvre, grâce à l’événement : « Chefs-d’œuvre de la Collection Leiden ». Découvrons les trésors de cet accrochage.
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Rembrandt, Minerve, © The Leiden Gallery

Le 22 février dernier, le Musée du Louvre inaugurait tout dans le même temps trois expositions d’ampleur : la première consacrée à Johannes Vermeer et ses contemporains, la deuxième dédiée au caravagiste Valentin de Boulogne. La troisième, qui nous occupe aujourd’hui, n’est pas consacrée à une figure de l’Histoire de l’art en particulier, mais retrace l’histoire d’une passion pour l’art qui amena à la création d’une des plus impressionnantes collections du XXIe siècle.

Cette collection, c’est celle constituée par le couple d’amateurs d’art Daphné et Thomas Kaplan, qui depuis 2003, s’est pris de passion pour le Siècle d’or Néerlandais. Leurs possessions, rassemblées sous le nom de « Leiden Collection » Leiden est le nom néerlandais de la ville de Leyde, en Hollande méridionale), constituent un ensemble unique de 250 œuvres.

Et ces œuvres ne sont pas de la main de n’importe qui : certaines des pièces rassemblées par le couple Kaplan sont signées de la main du grand Rembrandt van Rijn (le couple est donc propriétaire de la plus importante collection privée d’œuvres de Rembrandt au monde), tandis que l’on doit le reste à plusieurs générations de ses suiveurs et élèves. Parmi eux, Ferdinand Bol (1616–1680), dont l’oeuvre Eliezer et Rebecca au puits sera officiellement offerte au musée du Louvre par le couple de collectionneurs à l’occasion de l’exposition.

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 Jan Lievens, Garçon à la cape et au turban © The Leiden Gallery

Soixante oeuvres rares

L’exposition du Musée du Louvre est plutôt petite, puisqu’elle ne compte « que » soixante œuvres issues de la collection du couple Kaplan. Cependant, ces pièces ont été choisies minutieusement par l’institution parisienne, qui a souhaité présenter à son public le temps de quelques mois un parcours qui mettrait en lumière des chefs-d’œuvre méconnus du grand public, puisque bien préservés dans l’ombre des collections privées. Kaplan, plutôt discret mais généreux, accepte régulièrement de prêter ses œuvres à divers musées du monde.

Or, dans le cadre de sa saison dédiée au Siècle d’or néerlandais, quoi de mieux pour le Louvre que de proposer un accrochage rarement vu, qui contient tout de même onze tableaux du plus célèbre peintre de cet âge d’or de la peinture aux Pays-Bas : Rembrandt van Rijn ?

Ce nom prestigieux figure d’ailleurs en bonne place dans le sous-titre de l’exposition du Louvre : « Le siècle de Rembrandt ». On le constate, l’ombre écrasante du maître s’impose partout, même quand ses œuvres ne dominent pas en nombre le parcours d’un accrochage.

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Rembrandt, Autoportrait au regard plongé dans l’ombre © The Leiden Collection

Onze Rembrandt

Pour cet événement, qui court jusqu’au 22 mai prochain, le célèbre musée a opté pour une organisation purement thématique. Tout d’abord, le visiteur est invité à découvrir une étape présentant de façon globale la collection Leiden rassemblée depuis presque quinze ans par le couple Kaplan. Puis, il part à la rencontre d’une superbe étape entièrement consacrée au portrait et à l’autoportrait.

L’huile sur toile qui a été choisie pour illustrer le visuel de l’exposition, Garçon à la cape et au turban de Jan Lievens (1606–1674) est un réjouissant exemple des petits trésors que le public peut admirer dans le parcours. Au-delà des classiques portraits posés destinés à la diffusion et à vanter la prestance d’un haut personnage, certaines toiles s’apparentent davantage à la scène de genre, à l’image du Bénédicité signé Jan Steen, génial artiste également mis en lumière au sein de l’exposition consacrée à Vermeer.

Ces toiles mettant en avant des intérieurs modestes ainsi que ceux qui y vivent permettent aux peintres de s’entraîner à la gestion des lumières, franches ou blafardes, diffuses ou directes, tandis que les membres du petit peuple, avec leurs « gueules » représentent des études formatrices pour les peintres, des défis et des témoignages sans concession d’une époque et d’un style de vie.

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Jan Steen, Le bénédicté © The Leiden Collection

Mais comment ne pas s’attarder, évidemment, sur l’étape clé de l’exposition « Chefs-d’œuvre de la Collection Leiden » : celle dédiée aux œuvres de Rembrandt. Afin de mettre les créations du maître particulièrement en avant, comme si elles se détachaient du reste du parcours temporaire, un petit couloir indépendant a été aménagé au cœur de l’exposition. Dans cette salle étroite, plongée dans l’obscurité, de longues vitrines s’étirent de chaque côté du visiteur, qui se trouve immergé dans un clair-obscur qui invite, longuement, à la contemplation.

Car les œuvres de Rembrandt présentées ici (huiles, croquis…) sont toutes de très petite taille. On retrouve des esquisses d’animaux ou de modèles, mais aussi trois tableaux issus de la série des cinq sens dont nous vous avions parlé il y a quelques mois. La touche sensible, la lumière rasante et la précision du maître se trouvent magnifiés par cette étape très bien menée par le Musée du Louvre.

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