Article proposé par Exponaute

Goya, van Gogh, Picasso, Giacometti : la collection Koplowitz à Jacquemart-André

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Nous vous avions parlé il y a quelques semaines afin de vous livrer un avant-goût de ce qui vous attendait… Aujourd’hui, ça y est, c’est fait ! Nous avons eu le bonheur de visiter la nouvelle exposition du musée Jacquemart-André : « De Zurbarán à Rothko, la collection Alicia Koplowitz ». Cette riche et influente femme d’affaires espagnole, à la tête du groupe Omega Capital, rassemble depuis plusieurs années une impressionnante collection artistique, du XVIIe siècle à nos jours, au fil de ses coups de cœur et selon ce que lui dicte son profond sens esthétique. Une exposition qui détonne dans la programmation à laquelle nous a habitué le musée, et ce n’est pas pour nous déplaire…
2 PANTOJA DE LA CRUZ

Juan Pantoja de la Cruz, Portrait de Doña Ana de Velasco y Girón, 1603 © Collection Alicia Koplowitz

Peut-être est-elle bien conseillée. Ou alors a-t-elle simplement un nez très fin, un œil avisé, un sens esthétique qui ne laisse rien au hasard. Toujours est-il que la présidente du groupe espagnol Omega Capital, Alicia Koplowitz, a démontré qu’elle savait choisir des œuvres d’une grande qualité pour compléter sa collection, ensemble artistique qu’elle travaille à compléter depuis de nombreuses années.

Cette intuition qui nous suivait depuis la conférence de presse introduisant l’exposition, à laquelle nous avons participé il y a quelques semaines, a été confirmée ce jour grâce à la visite du nouvel événement du musée Jacquemart-André. La première salle, pleine de surprises (la présence d’un Goya méconnu, représentant une scène mythologique rare chez ce peintre, nous le confirme), nous plonge d’emblée dans l’esprit de la collectionneuse.

3 GUARDI

Francesco Guardi, L’arcade du Palais des Doges à Venise © Collection Alicia Koplowitz

De l’Espagne à l’Italie

On passe de longues minutes à admirer le Francisco de Zurbarán qui nous accueille : une Vierge à l’enfant avec saint Jean-Baptiste, plongé dans un clair-obscur admirable. Quelques pas plus loin, nous découvrons un portrait sculptural, une noble dame dans toute la majesté de son port de reine et de la complexité exquise de sa toilette.

Ce Portrait de Doña Ana de Velasco y Girón réalisé en 1603 par le peintre de cour Juan Pantoja de la Cruz aimante tous les regards : fraise de délicate dentelle, pierreries cousues sur le corsage, perles autour de la main, une bague à chaque doigt, mais surtout la prestance, l’impérialisme et la froideur du regard de la noble dame électrise comme démontre le talent du peintre. Voilà une exposition qui démarre sous de très bons auspices.

6 GAUGUIN

Paul Gauguin, Femmes au bord de la rivière, 1892 © Collection Alicia Koplowitz

Mécène

Alicia Koplowitz semble vouloir se positionner dans la droite lignée des célèbres collectionneurs privés européens qui ont fleuri entre les XVIe et XVIIIe siècles, cherchant aussi bien à rassembler des coups de cœur que jouer le rôle de mécène auprès de la création contemporaine (Koplowitz possède également un vaste jardin de sculptures accueillant des œuvres monumentales de Serra, Kapoor, Eliasson…)

Mais là où la majorité des collectionneurs focalisent leurs quêtes et efforts sur un artiste, un registre ou une époque donnée, les échantillons de la collection que nous pouvons admirer aujourd’hui précisent qu’Alicia Koplowitz crée, de son côté, un ensemble à portée encyclopédique. C’est ainsi qu’au long des différentes salles du musée Jacquemart-André, nous passons de l’Espagne du siècle d’or à l’Italie des XVIIe et XVIIIe siècles.

10 MODIGLIANI

Amedeo Modigliani, La Rousse au Pendentif, 1918 © Collection Alicia Koplowitz

Modernités

On admire les lignes droites, la rigidité architecturale mais d’une précision microscopique d’un Canaletto, les vues urbaines presque romantiques d’un Guardi, des lavis de Tiepolo d’une légèreté intense. Puis nous voyageons du côté de la période moderne, en croisant Toulouse-Lautrec, Egon Schiele, Pablo Picasso…

Il nous faut d’ailleurs souligner dans cette étape du parcours la présence d’une magnifique petite toile de Vincent van Gogh : Nature morte, vase avec œillets, réalisée en 1890 au moment de son séjour à Auvers-sur-Oise. On aurait presque un peu de peine en qualifiant cette petite œuvre de « nature morte », tant les œillets bleutés que nous avons sous les yeux paraissent avoir été cueillis il y a quelques heures à peine.

À l’aide de touches très épaisses, voire pâteuses, le génial néerlandais a réussi à rendre le volume des fleurs touffues de l’œillet, la brillance de la rosée du matin sur les pétales des jolies fleurs ; dans une composition un peu maladroite mais empreinte d’une touchante sincérité, caractéristique du style de Vincent van Gogh.

15 GIACOMETTI

Alberto Giacometti, Femme de Venise I, 1956 © Collection Alicia Koplowitz

Belle surprise

Puis vient le temps de l’entrée définitive dans la modernité. Nous croisons la période rose de Pablo Picasso, les compositions déstructurées et dansantes de Juan Gris, les couleurs irréelles de Kees van Dongen, nous sommes attendus par le très grand Modigliani qui, une fois encore, a peint son amour de la silhouette féminine avec une merveilleuse toile : La rousse au pendentif, exécutée en 1918.

Puis viennent Mark Rothko, Lucian Freud, Louise Bourgeois et ses obsessionnelles araignées, les techniques mixtes de Miquel Barceló… Les matières se bousculent, les matériaux s’affrontent, se rencontrent, s’entremêlent, pour une définition repensée du Beau et de l’Art. Le parcours est fascinant, nous vous le conseillons chaudement !

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